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A Thiès, le PUR maille le territoire et croit à la victoire

09 - Février - 2019

Blotti au détour d’une ruelle non loin du marché central de Thiès, le siège du comité départemental du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) est perché au premier étage. Hormis sa peinture en damiers vert et jaune, seul le large patchwork de posters souriants du candidat Issa Sall, au balcon, signale la présence d’un quartier général politique. Aucune enseigne, à part celle d’une mutuelle d’épargne.

Au bout d’un long couloir, l’on franchit des escaliers encore en chantier, pour se retrouver à l’étage. Là, dans une salle assez spacieuse tapissée en partie d’une large natte, quatre jeunes hommes, les yeux rivés sur un téléviseur, assurent la permanence.

Le responsable quitte un moment son ordinateur portable, pour accueillir le visiteur, avec un large sourire. Babacar Dembélé est le coordonnateur départemental du PUR à Thiès. Ici, rien de cette ambiance des quartiers généraux des partis traditionnels. Ce n’est pas l’heure qui en est la raison - il est 18 heures -, mais la stratégie de campagne du comité.

’’Dans la première semaine, tout le monde va au niveau de sa base pour parler à ses voisins. Il n’y a ni caravane, ni meeting. C’est pourquoi nous ne sommes pas visibles sur le terrain’’, explique Babacar, préférant parler en wolof. Le parti entend promouvoir les langues nationales, relève-t-il. Ce samedi est le jour un des activités de grande envergure prévues dans le planning de campagne du comité départemental du PUR.

Une grande caravane sillonnera, l’après-midi, la commune d’arrondissement de Thiès ouest. C’est le coup d’envoi de 16 jours ponctués surtout de meetings et caravanes jusqu’au 22 février. Les deux autres communes de Thiès est et Thiès nord recevront aussi les caravaniers du PUR qui entendent ‘’ratisser large’’, explique-t-il, en passant le doigt sur un tableau de bord accroché au mur. Rien n’est laissé au hasard.

Les itinéraires de tous les convois sont déjà tracés, les noms et numéros de téléphone des plénipotentiaires de tous les arrondissements, la carte électorale du département sont affichés.

Dans un coin, une imprimante achetée depuis les législatives, permet de coucher sur papier toute cette programmation. Les communes de Diobass, Keur Moussa, Pout, Fandène, Kayar, ainsi qu’une multitude de villages du département, figurent dans la stratégie de maillage du comité départemental, relève le technicien, agent de facturation à la Senelec.

Le comité recevra trois jours successifs le candidat Issa Sall les 19, 20 et 21 février. Thiès compte beaucoup pour le parti. Le PUR s’évertue à monter une ‘’cellule dans chaque quartier’’. Des structures de base pouvant compter jusqu’à ‘’50, voire 100 membres au maximum’’.

’’Aujourd’hui-même, nous devons installer deux cellules à Notto’’, dit-il. Il y a des structures communales, départementales qui sont fédérées par le bureau national. Venant des populations, l’écho par rapport à ce travail de proximité est ‘’extraordinaire’’, lance-t-il, le regard brillant.

’’Nous insistons sur les valeurs, et beaucoup de Sénégalais l’ont apprécié’’, note le responsable politique, qui croit savoir la foi en l’action politique renaît, chez nombre citoyens déçus par la classe politique traditionnelle.

Quand, à la fin du premier meeting de l’opposition Place de l’Obélisque, la jeunesse PUR s’était mise à ramasser les sachets plastiques, elle avait marqué les esprits par ce geste citoyen, pense-t-il. Une illustration de la ‘’rupture’’ que prône le parti, qui veut ‘’faire la politique autrement’’.

’’Notre leader n’a jamais été pris en défaut pour ses déclarations, bien qu’il ne rate pas l’occasion de faire des remarques sur la gestion de la cité’’. Les préjugés sur un ‘’parti-dahira’’ Conscient des préjugés à l’endroit du PUR, qualifié par certains de parti religieux, Dembélé souligne que la formation politique qui porte le candidat Issa Sall, n’a posé jusqu’ici ‘’aucun acte qui les justifie’’.

Un journaliste d’une radio étrangère ayant visité le siège national du Parti et consulté ses documents, a été ébahi, parce que ne voyant rien qui le différencie d’un autre parti, raconte-t-il. ‘’Nous avons notre croyance, mais nous savons faire la part des choses entre elle et la gestion du pays qui nous est commun’’, défend le responsable départemental.

’’Il y a même des chrétiens dans nos cellules’’. Même si, dit-il, les ‘’premiers militants naturels’’ du PUR sont les membres d’un dahira (association religieuse). D’où la ‘’discipline, l’organisation et la méthode’’ qui le caractérise. Après avoir été imprégnés de valeurs pendant une trentaine d’années dans un dahira, les membres du PUR, déçus par la situation de ‘’mal-gouvernance’’ du pays ne pouvaient plus ‘’continuer à subir’’.

Le dahira ne pouvant pas porter l’action politique par laquelle ses membres entendent servir leur pays, ils ont opté pour la création d’un parti, explique-t-il. D’ailleurs, le PUR expérimente déjà cette séparation prônée par les assises nationales entre les fonctions de Président de la république et le poste de chef de parti, note-t-il.

Le président du PUR Serigne Moustapha Sy, guide des Moustarchidines, une branche de la confrérie musulmane Tidiane de Tivaouane, n’en est pas le candidat. L’autre étiquette de ‘’profanes’’ en politique aussi collée aux ‘’puristes’’, n’est pas tout à fait exacte, non plus, estime Babacar Dembélé. S’il admet que son parti participe pour la première fois à une présidentielle, il relève que le PUR est ‘’plus ancien’’ que beaucoup de formations politiques sénégalaises, y compris le parti au pouvoir.

’’Nous avons obtenu notre récépissé en 1998’’. Même si le candidat Issa est présenté sur ses photos de campagne comme un ‘’homme neuf’’.

Avec Ousmane Sonko, ils sont parmi les cinq candidats, les nouveaux visages de la scène politique sénégalaise. ‘’Depuis 1993, on (le PUR) était dans l’opposition et on a participé activement à la vie politique’’. A Thiès, il a contribué selon lui, à donner au Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), pour la première fois, 21 députés en 1996.

Le PUR s’est surtout fait connaître grâce à sa percée aux législatives de 2017, auxquelles il avait décidé de s’engager seulement à deux mois du scrutin. Il venait d’être réactivé, après 20 ans de léthargie. De cette participation in extremis et en solo, il sort avec trois députés, fruit des 155.000 voix récoltées dans le pays.

’’Nous aurions pu avoir 12 députés si le coefficient national n’était pas passé de 25.000 à 45.000 voix, en raison du gonflement du fichier électoral’’, dit-il. Relever les défis de la confection de plus de 300 listes, du versement de la caution et du maillage du territoire national et de la diaspora, en si peu de temps n’était ‘’pas évident’’.

Mais le test a été réussi et a ‘’beaucoup servi’’ au parti, commente-t-il. Cette expérience a permis au parti de ‘’prendre racines partout au Sénégal’’. La ‘’conséquence logique’’ de ce succès était d’amener le PUR à voir plus grand, en visant la magistrature suprême.

L’engagement, la seule clef du succès du PUR

’’Les militants font tout par eux-mêmes ; le parti n’a rien à donner à qui que ce soit’’, précise le coordonnateur départemental. Pour aller aux rencontres politiques, ils se cotisent pour louer des véhicules. Ils achètent les tee-shirts et casquettes confectionnés par le parti.

’’Même pendant cette présidentielle, nous faisons tout par nous-mêmes, on n’a pas de budget pour cela’’, poursuit-il. ‘’Nous n’avons pas d’autre secret que l’engagement’’. Un atout par rapport même à beaucoup de partis dotés pourtant de moyens, pense-t-il.

’’C’est ce qui explique notre résultat aux législatives et qui expliquera notre victoire à la présidentielle, bien que personne ne nous prend au sérieux’’, indique Dembélé, pour qui, le PUR a fait ses preuves en sortant ‘’premier’’ au parrainage, avec zéro doublon sur 63.000 parrains.

L’informaticien et non moins coordonnateur du parti, celui-là même qui a créé le logiciel par lequel sont traités les fichiers de parrainage, y a été pour quelque chose, mais surtout l’organisation et l’engagement des militants, laisse-t-il entendre Dembélé.

’’Nous l’avons préparé en 10 jours’’. ‘’Qu’ils continuent à nous minimiser’’, relève-t-il, reprenant des propos attribués au coordonnateur national. Après sa mobilisation record lors de la cérémonie d’investiture de son candidat et son succès au parrainage, le PUR bien qu’encore sous-estimé, est ‘’prêt pour remporter la présidentielle’’, croit-il dur comme fer. ‘’Ce n’est pas juste un slogan, nous faisons tout le nécessaire pour y parvenir’’, dit-il.

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