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Des sculptures d’Ousmane Sow à l’Aibd H COMME HUMAIN, H COMME HISTOIRE

11 - Janvier - 2019

Deux pièces, pour être pratique, sur 35… Au propre comme au figuré, ce n’est pas une mince affaire que «La Bataille de Little Big Horn», version Ousmane Sow. Prêtées par la Maison qui porte le nom du défunt sculpteur, à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), où elles ont séjourné tout un mois, les deux pièces, «Le Cavalier désarçonné» et «Sitting Bull en prière», devaient quitter les lieux il y a deux jours…Ousmane Sow donc, pour commencer, mais disons que l’AIBD envisage d’autres collaborations, avec la voisine par exemple, la Manufacture sénégalaise des arts décoratifs de Thiès (Msad).

Question de logistique pour commencer…Pour dire les choses telles qu’elles sont, les 35 œuvres de «La Bataille de Little Big Horn», l’une des nombreuses séries du sculpteur Ousmane Sow, réalisée entre 1994 et 1999, n’auraient décemment pas pu toutes tenir à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD). Un peu de bon sens voyons…Autrement dit, il a donc fallu faire un choix, faire le tri comme on dit, jusqu’à la paire d’œuvres retenues pour loger tout un mois à l’AIBD : du 4 décembre dernier, un an quasiment jour pour jour après l’inauguration de l’aéroport, à ce 9 janvier 2019. Il y a donc deux jours, c’est au cours d’une petite visite que la fille du sculpteur, Ndèye Marina Sow, qui représentait la Maison Ousmane Sow, ouverte au public depuis le mois dernier, expliquait que seules deux des 35«pièces majeures» de cette fameuse «Bataille» pouvaient être «dissociées», et donc «prêtées» à l’aéroport, «sans dénaturer la scène».
A la logistique justement, histoire de transporter les œuvres jusqu’à l’aéroport de Diass : Eiffage. Et comme dirait le conseiller artistique de l’entreprise, le céramiste Mauro Petroni, il ne faut pas oublier qu’entre le sculpteur Ousmane Sow, décédé en 2016, et Gérard Senac, le PDG de Eiffage, il y avait, comment dire…des «liens d’amitié», pour ne pas dire une «relation filiale». Sans oublier ajoute-t-il, que depuis une vingtaine d’années, c’est Eiffage qui s’occupe de déplacer les œuvres du sculpteur. Ce qui, soit dit en passant, n’est certainement pas une mince affaire.
Ousmane Sow est donc le premier artiste à exposer à l’AIBD, mais à l’aéroport-ce sont les mots de Xavier Mary, le Directeur général de LAS (Limmak/ AIBD/Summa, la «société de gestion de l’aéroport»)-on réfléchit en ce moment à la «création d’un commissariat», pour des expositions comme celles-là justement, et à d’autres collaborations : avec d’autres artistes de chez nous, histoire de les faire connaître davantage, et surtout avec la Manufacture sénégalaise des arts décoratifs de Thiès (Msad), voisine de l’Aéroport international Blaise Diagne. «Nous avons pris contact», dit Xavier Mary.
Il faut rappeler que depuis le 1er décembre dernier, deux ans jour pour jour après le décès d’Ousmane Sow, sa Maison-musée, à Yoff, est ouverte au public, qui se serait approprié l’espace selon la fille du sculpteur, Ndèye Marina Sow.
Quelque chose d’Ousmane Sow
Quant aux deux pièces qui devaient quitter l’Aéroport international Blaise Diagne il y a deux jours, elles ont évidemment quelque chose d’Ousmane Sow : des statues grandeur nature, des géants, cette incomparable façon de rendre le mouvement ou de contraindre le temps…Jusqu’à la pause, sinon jusqu’à la pose photographique.
A lui seul, «Le Cavalier désarçonné», intitulé de l’une de ces deux pièces, est un symbole : de la résilience, même désarticulé, même déséquilibré, quand bien même votre monture, crinière au sol, tête baissée et denture affaissée, a l’air de mordre la poussière…Pendant que le cavalier, lui, arme dégainée, s’agrippe, se cramponne sans jamais lâcher ni la prise, ni la bride d’ailleurs…
Idem pour le «Sitting Bull en prière» du sculpteur, les bras au Ciel. Sitting Bull, comme ce chef des Sioux, «symbole de la résistance amérindienne contre la conquête et l’accaparement des terres par les Américains» au 19ème siècle. Des sujets on ne peut plus actuels…
Autrement dit, des «Hommes debout», comme ceux de Ndary Lô. Ousmane Sow avait, lui aussi, réussi à placer l’Homme, l’Humain, au cœur de sa création. Avec ses «séries africaines» par exemple, dont ses fameux «Noubas», que lui, l’ancien kinésithérapeute, n’osa dévoiler pour la toute première fois qu’à l’âge de 50 ans, l’âge de la «maturité», «au milieu des années 80».
Quant à «La Bataille de Little Big Horn» (juin 1876), que l’on présente comme «la plus cinglante défaite de l’armée fédérale des Etats-Unis», celle du général Cluster, face à «une coalition de Cheyennes et de Sioux» dirigés par le même Sitting Bull, elle exprime peut-être le côté universel, humain (le mot revient) de l’œuvre d’Ousmane Sow, pour ne pas parler de ses nombreux liens avec l’Histoire, son côté intemporel, aussi, qui aura survécu à «l’illustre sculpteur».
Et c’est un peu la mission de cette Maison Ousmane Sow, qui a récemment eu le privilège de recevoir, de «manière un peu intime» tout de même, Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature en 1986. Entre les murs, «des œuvres originales, qui sont (donc) rentrées à la maison, et qui ne devraient plus, sauf cas exceptionnel, voyager à travers le monde. (…) De manière justement à ce que l’œuvre reste entière au Sénégal, autant que faire se peut.»

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