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En Israël, le ministre de la défense accuse les Européens d’« interférence flagrante »

06 - Octobre - 2018

Calculée ou spontanée, peu importe : la colère irrigue la lettre envoyée le 2 octobre par le ministre de la défense israélien, Avigdor Lieberman, aux ambassadeurs de huit pays européens. Cette missive, dont Le Monde a eu connaissance, accuse les destinataires de « déformation délibérée » de la réalité et d’« interférence flagrante » dans les affaires intérieures d’Israël. Le 20 septembre, la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède, la Pologne et le Royaume-Uni avaient signé un texte commun pour alerter à nouveau les autorités israéliennes au sujet du village bédouin de Khan Al-Ahmar, en Cisjordanie, et des conséquences « très graves » qu’aurait sa démolition programmée.
« Israël s’attend à ce que ses affaires intérieures et ses institutions judiciaires soient traitées avec la même mesure de dignité et de respect qu’escompte fort justement chacun de vos gouvernements », écrit le ministre de la défense aux diplomates. M. Lieberman estime qu’une attitude différente à l’égard de son pays constituerait « une forme d’injustice et de discrimination, indigne de nos relations bilatérales amicales » et des normes diplomatiques entre « nations souveraines ». Aucune mention n’est faite des conventions de Genève, qui prohibent tout transfert forcé de population sur un territoire occupé.

Khan Al-Ahmar est au cœur d’une longue saga judiciaire et politique. C’est un petit village au bord de la route 1, peuplé par environ 200 membres de la tribu des Jahalin, un clan expulsé du Néguev il y a plus de soixante ans. Ce lieu misérable est fait de tôles froissées et de tentes. Selon les autorités israéliennes, les logements ont été érigés sur des terres dites d’Etat, sans autorisation, et sont donc soumis à des ordres de destruction. M. Lieberman argue aussi du fait que la proximité immédiate d’un grand axe de circulation met les habitants en danger.

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