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En Ukraine, l’irrésistible ascension d’Arsen Avakov

04 - Janvier - 2019

Pour Arsen Avakov, l’heure n’est pas encore venue de jouer dans la cour des grands et de défier ouvertement les mastodontes de la politique ukrainienne. A l’heure où Petro Porochenko, le président sortant, ou Ioulia Timochenko, sa grande rivale, se préparent à la grande joute de l’élection présidentielle de mars 2019, le ministre de l’intérieur Avakov reste prudemment dans l’ombre, jalousement accroché à son rôle d’arbitre et, peut-être, de faiseur de rois.
Mais, en quelques années, l’ancien gouverneur de la région orientale de Kharkiv s’est imposé comme un pivot incontournable de la scène politique ukrainienne, un homme d’affaires et de réseaux parfaitement à l’aise dans les arrangements de coulisse qui la caractérisent. Récemment, le magazine Novoe Vremia en a fait le deuxième homme politique le plus influent d’Ukraine, derrière le président Porochenko.
« Il est arrivé à son poste avant même l’élection de Porochenko, et il est le seul ministre à l’avoir conservé depuis, explique la journaliste de Novoe Vremia Kristina Berdynskykh. Par ailleurs, aucun autre ministre ne contrôle autant son administration, Avakov a ses hommes à tous les niveaux. Il est le seul à pouvoir disputer au président sa prééminence au sein de l’exécutif, et cela constitue une sérieuse épine dans le pied de Porochenko, qui est obligé de s’en accommoder. »
Plus influent que le premier ministre, Volodymyr Hroïsman, Arsen Avakov est particulièrement scruté à l’approche des scrutins de 2019 (l’élection présidentielle de mars sera suivie par les législatives, en octobre). « Que le climat politique se tende, y compris dans la rue, ou que la Russie accentue ses tentatives de déstabilisation, et son rôle sera déterminant », avertit un diplomate européen. « Les hommes comme lui sont des caméléons »
Principal outil entre ses mains, la petite armée de 300 000 personnes qui forment les troupes du ministère de l’intérieur, y compris celles, aguerries, de la garde nationale. « Sa seule ambition est que les élections se passent bien », promet son plus proche conseiller, Anton Guerachtchenko, à ses côtés depuis quatorze ans, qui rappelle que le ministre a lancé un projet de loi contre les achats de voix. M. Avakov n’a de son côté pas répondu au Monde pour des « problèmes d’agenda ».
Selon plusieurs observateurs, Arsen Avakov a d’ores et déjà débuté des négociations avec plusieurs forces politiques, y compris avec la favorite, Ioulia Timochenko. « Les hommes comme lui sont des caméléons, capables de renverser les alliances du jour au lendemain, reprend le diplomate européen. L’important est de posséder des actifs politiques, de l’argent, une présence dans la rue, le contrôle des médias… et de savoir monétiser ces actifs, de les mettre aux enchères. »

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