Karim et Khalifa définitivement recalés: Force est restée à la force

21 - Janvier - 2019

L’information n’a surpris personne. Nous savions, déjà, de source généralement bien informée, que le Conseil constitutionnel allait confirmer la liste provisoire de lundi dernier et valider les 5 candidats déjà retenus en l’occurrence Macky Sall, Idrissa Seck, Madické Niang, Ousmane Sonko et El Hadji Issa Sall.

En fait, force est restée certes à la loi, mais surtout à la force.

Nous savons en effet que la loi sur le parrainage a été un coup de force imposé à une opposition hostile qui n’a rien pu faire contre son vote et son adoption par l’Assemblée nationale.

Pis, le paramétrage du logiciel n’en est pas moins un coup de force parce que non-concerté et seulement connu des techniciens commis par le Grand Manitou.

Les 22 candidats recalés n’ont rien pu voir venir. Les dés étaient pipés. Et de 27 candidats, nous en sommes à 5.

Mais les coups de force le plus flagrant ont été les poursuites sélectives opérées contre de potentiels candidats, neutralisés.

Il a fallu réactiver la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), une loi rangée aux oubliettes depuis les années 80, pour juger un ancien ministre pour lequel aucun acte de détournement de derniers publics ou tout autre délit e corruption au sens large n’a été prouvé. Illicite ne voulant pas dire illégal.

Karim Wade a subi deux mises en demeure de 6 mois contre la loi, condamné puis exilé contre cette même loi. Donc, on ne peut pas parler d’application de la loi.

Idem pour Khalifa Sall. Quand ses partisans ont multiplié les actes de rébellion tendant à mettre en avant sa candidature et qu’il s’est éloigné d’Ousmane Tabor Dieng, son destin était scellé. Il a été poursuivi, jeté en prison et il y est resté malgré le fait que devenu député, il avait bénéficié de l’immunité parlementaire. Où est la loi dans tout cela ?

Or, c’est justement sur la base de ces condamnations qu’ils ont été écartés de la course à la présidentielle.

C’est au regard de tout ce qui précède que l’on ne peut pas dire chez nous ‘’force restera à la loi’’, mais que ‘’force restera à la force’’. La loi a été utilisée, largement, à des fins politiques. Le Président Sall a largement profité des failles de notre système institutionnel avec l’absence criard de contre-pouvoirs dignes de ce nom. Il a navigué, seul, imperturbable avec des libéraux du Pds de Wade et des ‘’khalifistes’’ qui n’ont fait que se mettre sur la défensive avec l’absence totale de stratégie de riposte. Or, à la politique comme à la guerre, quand on n’attaque pas, on encaisse.

Conséquence, pour la première fois de son histoire récente, le Sénégal ira aux élections sans ses plus grandes formations politiques que sont l’Alliance pour les forces du progrès (Afp), le Parti socialiste (Ps), tous deux des alliés du régime qui ont dû se faire violence pour respecter le pacte, et le Parti démocratique sénégalais (Pds), le plus grand parti de l’opposition qui sombre dans une incertitude béante du fait de la disqualification de son candidat déclaré.

Une situation qui propage, au sein d’une bonne frange de la classe politique, un sentiment fort d’injustice, mais surtout d’impuissance.

Ceux qui disent ‘’force restera à la loi’’ savent qu’ils ont surtout la force et non pas forcément la vérité avec eux. Le droit sans la force n’est que faiblesse tandis que la force sans le droit est tyrannie.

Une situation qui ne doit nullement justifier le recours à la violence. Elle a au moins le mérite d’avoir aidé l’opposition à s’organiser autour d’une plateforme, le C25, une première, eux qui perdaient leur temps à se regarder en chiens de faïence.

Elle doit cependant étudier et mettre en œuvre une stratégie de riposte capable de renverser le rapport de force dans le respect des lois et règlements.

Elle ne doit pas se contenter de riposter. Sonko l’a sans doute compris, lui qui, au lieu de répondre aux allégations sur les malversations financières, a contre-attaqué par des révélations infamantes contre des sbires du régime.

C’est dire que rien n’est encore gagné ou perdu. 21 jours de campagne électorale, c’est long et tout reste possible.

En clair, il faudra faire en sorte que force reste aux électeurs.

Autres actualités

02 - Décembre - 2020

Malick Sall : « il n’y a pas de crise dans la justice»

Le ministre de la Justice, Malick Sall fait face, depuis ce matin aux députés pour défendre son projet de budget 2021 arrêté à 48 456 706 738 francs CFA...

02 - Décembre - 2020

Conseil des ministres de ce mercredi 2 décembre 2020

Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres ce mercredi 02 décembre 2020 au Palais de la République....

02 - Décembre - 2020

Mamadou Diop Decroix : "Utiliser le devoir de réserve des magistrats pour les faire taire, c'est inacceptable"

La séance plénière du vote du budget national 2020-2021se poursuit. Après le passage de plusieurs ministres, c'est autour du ministre de la Justice, Me Malick Sall de...

02 - Décembre - 2020

Chefs de partis politiques au Sénégal: Faux démocrates vrais dictateurs

La crise qui agite actuellement le parti Rewmi est symptomatique de la manière dont les chefs de partis gèrent leur formation politique. Même s’ils aiment...

29 - Novembre - 2020

Destitution de Déthié Fall : Les explications d’Idrissa Seck

Idrissa Seck a décidé de destituer celui qui était jusqu’ici le numéro 2 de Rewmi. Dans un enregistrement sonore en possession de Seneweb, le président de...