">

La démocratie tunisienne entre fatigue et résilience

14 - Décembre - 2020

« Désenchantement », « désillusion », « espoirs trahis » : les formules sont usées jusqu’à la corde dès que sonne l’heure du bilan de la révolution tunisienne. Elles relèvent désormais du cliché. La célébration imminente, le 17 décembre, du dixième anniversaire de l’immolation par le feu du jeune marchand ambulant Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie), qui a marqué le point de départ des « printemps arabes » et ébranlé la géopolitique régionale, n’échappera pas à la règle. Le désabusement risque même d’être plus amer que d’ordinaire.

Et pour cause. L’anniversaire survient dans un contexte local déprimé, pour ne pas dire délétère, où se conjuguent paralysie politique, affaissement économique et poudrière sociale. Quoi donc célébrer au-delà de l’invocation totémique d’une révolution qui a cessé de faire rêver ? Et pourtant, il faudra rester prudent dans l’évaluation de la trajectoire tunisienne depuis dix ans. Eviter une disqualification hâtive, une radiation précipitée.
Lire aussi Ces députées tunisiennes qui bousculent le Parlement

Le regard sur la singulière Tunisie s’encombre trop souvent en Occident de fantasmes – droits des femmes, islam éclairé, démocratie pionnière dans l’aire musulmane – que l’on projette sur elle. Et dès que surgit la déception, on brûle l’icône tunisienne après l’avoir adulée. Substituer le catastrophisme à l’angélisme obscurcit plus qu’il n’éclaire les enjeux de cette transition unique en son genre.

Préoccupante, la situation en Tunisie l’est assurément. Le Covid-19 est venu déstabiliser une conjoncture économique déjà très fragile. Tous les clignotants sont au rouge : une récession de 9 %, un taux de chômage proche de 16 %, un déficit budgétaire de 13,4 %, un endettement public approchant les 90 % du PIB. Techniquement, la Tunisie est quasiment en faillite, dépendant de plus en plus des bailleurs de fonds, Fonds monétaire international (FMI) en tête.
Un pays au bord de la crise de nerfs

Sur le terrain, l’heure est à l’agitation sociale, renvoyant l’image d’un pays au bord de la crise de nerfs. Le nombre de protestations collectives ou individuelles s’est hissé à 871 sur le seul mois d’octobre, soit deux fois plus qu’en octobre 2018, selon le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). Les régions déshéritées de la Tunisie intérieure, d’où était partie la révolution il y a dix ans, concentrent l’essentiel de ces foyers de mécontentements.

Autres actualités

27 - Décembre - 2016

Au Mali, incertitude sur le sort de l’humanitaire Sophie Pétronin

Les recherches se poursuivent mardi pour retrouver la ressortissante française enlevée samedi après-midi à Gao, dans le nord du Mali. Les recherches se...

24 - Décembre - 2016

Vote sur la colonisation à l’ONU : représailles diplomatiques d’Israël contre la Nouvelle-Zélande et le Sénégal

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé le rappel « immédiat » de ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au...

24 - Décembre - 2016

Attentat à Berlin : les questions qui se posent au lendemain de la mort d’Anis Amri

Comment le principal suspect de l’attaque, qui a fait douze morts et quarante-huit blessés, a-t-il pu parcourir plus de 1 000 kilomètres en Europe ? Que cherchait-il en...

22 - Décembre - 2016

Russie : Poutine ordonne le renforcement de la force de frappe nucléaire

Le président russe veut que la force de frappe nucléaire de son pays puisse percer tout bouclier antimissile. Vladimir Poutine a ordonné, jeudi 22 décembre, le...

22 - Décembre - 2016

Vote à l’ONU sur les colonies israéliennes : Trump appelle à un veto américain

Proposé par l’Egypte, le texte affirme que les colonies « mettent gravement en péril la viabilité de la solution à deux Etats », qui ferait coexister...