Le Yémen, un pays prisonnier du choléra

04 - Août - 2017

La guerre occultée (5/5). Dans ce pays ravagé par la guerre entre Nord et Sud, où les structures de santé sont chancelantes, l’épidémie de choléra est une menace de plus pour les Yéménites.
Dans l'hôpital Al-Jamuhuriya de la ville assiégée de Taëz, le 23 juin, une femme veille sur son enfant victime d'une crise de choléra. 
Dans le petit bâtiment isolé où sont concentrés les cas de choléra, à l’hôpital Al-Jumhuriyah d’Aden, le temps n’est plus qu’une suite de glissements furtifs entre la vie et la mort. Pas de vacarme, pas de panique, les drames s’y déroulent presque au ralenti.
De jour comme de nuit, on entend les gémissements étouffés, les râles, les borborygmes de ceux qui luttent contre la maladie sur des lits étroits comme des brancards. Il n’y a que des regards fixes. Ils sont incandescents chez les vivants, comme s’il s’agissait d’aspirer la vie à toute force. Chez ceux ou celles qui sont au plus mal, les yeux sont déjà dans le grand lointain.

Les joues se creusent, les teints prennent des tons de carton. Tout semble déjà perdu pour celui-ci, quand tout à coup, le voici qui revient, s’anime et se redresse. Sauvé par la réhydratation accélérée. C’est aussi simple que cela. Les malades semblent des jouets entre les mains de quelque chose qu’ils n’ont plus la force de raconter, mais qui peut se vaincre.
Un tout jeune homme du quartier des pêcheurs est là, sans force, sans mots. « C’est le premier pêcheur qu’on nous amène, et ils vivent tous ensemble, dans leur quartier. On espère que l’épidémie ne va pas se répandre chez eux, à présent… », soupire une infirmière fatiguée.
Des lits partout
Il y a des familles qui veillent, silencieuses, économes de leurs gestes, comme s’il fallait tenter de sauver les malades du choléra par la force de l’immobilité. Des mères glissent des bananes vers les mourants, en espérant que le magnésium – qui, dit-on, s’y trouve –, leur fera du bien. Une fois leur destin tranché, les morts comme les vivants partent vite, aussitôt remplacés.
On a installé des lits partout : dans les couloirs, dans la cage d’escalier. On couche les corps de toutes tailles sur le plastique nu, plus facile à laver à grande eau, avec les fluides qui sourdent en flaques. Quand cela ne suffit plus, on installe des hommes, des femmes...

Autres actualités

20 - Juillet - 2018

Italie : le ministre Matteo Salvini porte plainte contre l’écrivain Roberto Saviano

Le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, chef de file de la formation d’extrême droite La Ligue, a annoncé jeudi 19 juillet au soir avoir porté...

20 - Juillet - 2018

Joseph Kabila entretient le flou sur son avenir politique en RDC

A cinq mois de la présidentielle, l’ONU et l’UA appellent à « un transfert démocratique du pouvoir » en accord avec la Constitution congolaise....

19 - Juillet - 2018

Comment Nétanyahou cultive ses relations d’intérêts avec l’Europe orientale

La visite du premier ministre hongrois, Viktor Orban, illustre la proximité qu’entretient l’Etat hébreu avec des membres de l’Union européenne acquis...

19 - Juillet - 2018

Amende Google : « C’est bien une décision politique, qui sert des objectifs politiques »

Dans cette affaire, le montant de l’amende et sa médiatisation reposent une nouvelle fois la question de la frontière ténue entre la politique et le droit. Et...

18 - Juillet - 2018

Brexit : entre Londres et l’Union européenne, les négociations patinent

En dépit de concessions britanniques, les tractations butent sur le maintien ou pas du pays dans l’union douanière et le marché intérieur. Entamées...