Les guerres commerciales de Trump : « Les nouvelles sanctions américaines à l’encontre de la Russie changent les règles du jeu »

05 - Mai - 2018

Les Etats-Unis sont passés à l’offensive dans la lutte d’influence menée entre les deux pays par le biais de moyens économiques, analyse Nigel Gould-Davies, économiste et ancien diplomate britannique, dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Les Etats-Unis ont imposé le 6 avril les plus fortes sanctions économiques qu’ils aient prises à ce jour à l’encontre de la Russie. Ces nouvelles mesures marquent un tournant dans les relations américano-russes : l’Amérique est passée à l’offensive dans la longue lutte d’influence menée entre les deux pays par le biais de moyens économiques.

Depuis la fin de la guerre froide en 1991, l’Occident a d’abord essayé d’attirer la Russie au sein de l’économie mondiale. Au-delà de la recherche de nouvelles opportunités de commercer et d’investir, un calcul stratégique s’est imposé : l’entrée de la Russie dans la mondialisation serait susceptible de normaliser les relations entre les anciens blocs. La Russie deviendrait prospère et pacifique si elle était impliquée dans les institutions et les pratiques d’une économie de marché mondialisée. L’Occident était parvenu à contenir l’Union soviétique, il pouvait désormais (ré) intégrer la Russie.

« Mondialisation souveraine »
Mais Vladimir Poutine n’a seulement accepté qu’une partie de ce marché. Il a compris que la Russie pourrait bénéficier de l’économie mondiale, mais n’a pas l’intention de se plier à une vision occidentale de l’avenir de son pays. A l’inverse, le président Poutine a ajouté aux gains de l’engagement économique – avant tout, les exportations d’énergie et les investissements étrangers – sa propre vision d’un pouvoir autoritaire centralisé et d’une politique étrangère affirmée. A l’intérieur, il a instauré la « démocratie souveraine » – une forme de gouvernance démocratique, mais suspendue au contrôle de l’Etat. A l’étranger, il a déployé une « mondialisation souveraine » – c’est-à-dire l’interdépendance subordonnée à la puissance russe.

Cette approche a fonctionné pendant un temps. De 2000 à 2008, l’économie russe a doublé de volume, et la Russie a rejoint une kyrielle de clubs internationaux et a même présidé le G8 en 2006. En même temps, le système...

Autres actualités

23 - Janvier - 2019

Brexit : « C’est le seul traité de divorce possible », prévient Michel Barnier

Michel Barnier, le négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne (UE), a reçu Le Monde et deux autres journaux européens (le polonais Rzeczpospolita et...

22 - Janvier - 2019

Brexit : Theresa May dans l’incapacité de présenter un « plan B »

« Je vous ai compris », a voulu affirmer en substance Theresa May aux députés britanniques qui, le 15 janvier, ont vigoureusement rejeté l’accord sur le...

22 - Janvier - 2019

Israël n’hésite plus à revendiquer ses opérations militaires en Syrie

L’ambiguïté, même fragile, avait ses avantages ; elle semble pourtant abandonnée. Israël a conduit, dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 janvier, une...

21 - Janvier - 2019

En Allemagne, l’après-Merkel a commencé

Depuis l’étranger, l’Allemagne apparaît comme un îlot de stabilité et de sérénité. Treize ans après son accession au pouvoir,...

21 - Janvier - 2019

Macron promeut la France en plein mouvement des « gilets jaunes »

Emmanuel Macron, Edouard Philippe et l’ensemble des ministres du gouvernement devaient recevoir lundi 21 janvier le gotha mondial des affaires au château de Versailles pour la...