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Les tractations pour la libération de Khalifa Sall

01 - Octobre - 2019

Sorti de prison dimanche dernier seulement, Khalifa Ababacar Sall aurait en réalité dû recouvrer la liberté depuis le mois de juillet. Un drame national en a décidé autrement, malheureusement. N’eut été le décès du secrétaire général du Parti Socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng, en effet, l’ex-maire de Dakar aurait pu embrasser sa vieille mère il y a deux mois, en tout cas bien avant la Tabaski...

C’est au lendemain de la victoire du Sénégal contre la Tunisie en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations de football disputée en Egypte que le président de la République fait part à des collaborateurs triés sur le volet de sa décision de faire libérer celui qui était alors le prisonnier le plus célèbre du Sénégal. Pour respecter, dit-il, la dignité de Khalifa Sall, il ne voulait pas que ce dernier soit gracié en même temps que la fournée de détenus devant être élargis, comme c’est de tradition chaque année, à la veille de la Tabaski. Il demande donc que soit préparé le décret de libération de Khalifa Sall et de ses codétenus Mbaye Touré et Yaya Bodian. Avait-il senti de son côté qu’il y avait un bon coup à tenter avant la Tabaski ? Toujours est-il que l’avocat Me Khassimou Touré, qui souffrait sincèrement de l’emprisonnement de son demi-frère Mbaye Touré, ancien directeur administratif et financier (DAF) de la ville de Dakar, décide, sur son initiative personnelle, d’écrire au président de la République pour solliciter une grâce non seulement en faveur de son frangin mais aussi de ses co-détenus Khalifa Sall et Yaya Bodian. Le très réseauté Me Khassimou Touré a-t-il été tuyauté ? Toujours est-il que sa lettre rédigée le 19 juillet, c’est-à-dire le jour de la finale perdue par les « Lions » contre les « Fennecs », offre au président de la République le prétexte rêvé pour libérer des détenus devenus très encombrants à la suite de sa victoire à la présidentielle de février dernier. Le décret de grâce de Khalifa est donc préparé et même, paraît-il, signé par le président de la République. Tout de même, histoire de ne pas donner l’impression de trahir ses alliés du Parti Socialiste (PS), Macky Sall tient à informer Aminata Mbengue Ndiaye et Serigne Mbaye Thiam, dirigeants de cette formation mais qui sont aussi ses ministres — qu’il recevait au lendemain du décès de Ousmane Tanor Dieng — de son intention de libérer Khalifa Sall. C’est alors que survient une chose à laquelle il ne s’attendait pas : ses interlocuteurs lui font savoir qu’une libération intervenant à ce moment-là, en pleines obsèques du secrétaire général de leur Parti, n’allait pas leur faciliter la tâche dans la préparation de sa succession. Sensible à cette requête, le président de la République décide de surseoir à la libération de Khalifa Sall et compagnie.

Quelques jours après le dépôt de la lettre de demande de grâce en faveur de l’ancien maire et de ses codétenus, ayant eu vent de ce qui se tramait, j’appelle Me Khassimou Touré pour recouper l’information. Il me la confirme en me priant de ne pas la divulguer avant la libération effective de Khalifa. « Grand, vous êtes deux dans la confidence, Babacar Touré et toi », me précise-t-il. On était début août. Le jour de la Tabaski, c’est Khassim qui m’appelle. Il est dans tous ses états. « Mais Grand, la liste des bénéficiaires de la grâce est sortie et mon frère ne figure pas parmi les heureux bénéficiaires. Qu’est-ce qui se passe ? » Je lui réponds en substance que je ne suis pas dans le secret des dieux mais que, de toutes façons, Khalifa et autres ne pouvaient à l’évidence pas être mis dans le lot des personnes libérées la veille. En fait, quand le président de la République disait à « France 24 » qu’il accorderait la liberté à Khalifa Sall au moment où il le déciderait, nous nous sommes gardés, pour une fois, de condamner ses propos. Pour cause, la décision d’élargir le maire de Dakar avait été actée de- puis juillet dernier. Depuis lors, le président de la République attendait le bon moment pour matérialiser sa volonté. L’ère de grâce et d’enchantement qui a soufflé sur le pays au lendemain de sa réconciliation historique avec son prédécesseur et père spirituel, Me Abdoulaye Wade, à l’occasion de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinane, a constitué ce moment-là. Le souffle merveilleux de Massalikoul Djinane n’a pas fini de nous sublimer de sa grâce, assurément. Akassa !

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