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OUSMANE SONKO, LA MEUTE

19 - Octobre - 2018

« Il faut tirer les leçons du mensonge d’État, dans l’affaire Imam Ndao »

Le retentissant procès de l’Imam Ndoa est encore frais dans toutes les mémoires : une armada de policiers encagoulés, une cascade de perquisitions, des dizaines d’auditions, des centaines de procès-verbaux de police, une avalanche de « preuves fabriquées », versées au dossier, un ministre de l’Intérieur qui s’épanche dans les médias dans une affaire supposée être la plus grande opération de démantèlement d’un réseau terroriste au Sénégal, un journal du palais (le quotidien Libération de Yakham Mbaye), qui exhibe des PV de police, relayant un gigantesque mensonge d’État, une enquête menée à charge et un parquet qui requiert 30 ans de condamnation ferme à l’encontre du principal prévenu. A l’arrivée, l’acquittement spectaculaire d'Alioune Ndoa et des accusations de financement et d’apologie du terrorisme qui s’effondrent comme un château de cartes. L’affaire Imam Ndao qui s’est dégonflée comme un ballon de baudruche (un des plus grands mensonges d’État sous le magistère de Macky Sall) démontre l’extraordinaire capacité du régime à manipuler l’opinion. Ce fiasco digne d’un film de science-fiction prouve à quel point, la lutte contre le terrorisme peut être dévoyée par un régime déviant.

De fait, la levée de boucliers contre Ousmane Sonko sonne comme un air de déjà vu et fait penser à une meute en action. Un à un, dans une répétition savamment organisée, les soutiens du régime atteints d’un délire paranoïaque (maladie psychiatrique qui fait perdre au patient le sens des réalités) inondent les médias de communiqués, et attribuent aux propos de Sonko une connotation « terroriste ». Nous en convenons tous : toute forme de violence verbale ou physique doit être bannie du vocabulaire politique. De ce point de vue, les propos tenus par Ousmane Sonko appelant à « fusiller les politiciens » sont inconvenants, voire excessifs. Pour autant, les cris d’orfraie des membres du régime et de ses affidés s’apparentent à un véritable bal des hypocrites.

Aucun parmi les nouveaux enragés n’a levé le moindre doigt lorsqu’un ancien Premier Ministre, Souleymane Ndene Ndiaye a affirmé dans une vidéo qu'il fallait, je cite " fusiller tous les transhumants". L’ancien Premier Ministre est allé plus loin, en utilisant le vocable de « traîtres », une expression qui rappelle le sort réservé aux collabos lors de la seconde guerre mondiale. Dans quelle planète vivaient ces indignés qui s’émeuvent soudainement à la veille des élections des propos tenus par Sonko, mais s’emmurent dans le silence complet, s’agissant de leur allié Souleymane Ndene Ndiaye ? Comment pourront-ils justifier que l’auteur de l’expression « fusiller tous les transhumants » ait été reçu en grandes pompes au palais, par Macky Sall, qui l’a promu PCA d’Air Sénégal ?

Si l’expression « fusiller » relève du terrorisme, alors faut-il en conclure que le Président Macky Sall finance un « terroriste » qu’il a nommé PCA d’une compagnie aérienne et qui perçoit un salaire de l’Etat du Sénégal ? Reconnaitre que Ousmane Sonko est un « terroriste », c’est admettre que Macky Sall soutient un« terroriste ». Des propos identiques, appellent des conclusions identiques. Evidemment, personne ne croit une seule seconde qu’Ousmane Sonko, ou Souleymane Ndene Ndiaye soient affilées à la mouvance « radicale djihadiste ». Mais, la démonstration prouve jusqu’où un tel raisonnement peut mener. En vérité, nul (surtout le régime) n’a intérêt à laisser ce débat de caniveau prospérer. En exhumant les poubelles de l’histoire, on découvre plusieurs déclarations incendiaires du candidat Macky Sall, dont 1 discours en 2011, dans lequel il appelait ouvertement les sénégalais à un soulèvement populaire, pour « déloger le président Abdoulaye Wade du palais ». Cette déclaration tombe sous le coup des infractions suivantes : appel à la sédition, atteinte à la sûreté de l’Etat, incitation à la violence contre un pouvoir légalement constitué. A force de jouer avec le feu, les partisans du régime risquent de s’enfermer dans leur propre piège et d’éclabousser Macky Sall. Le terrorisme est une affaire sérieuse qui porte sur la sécurité des citoyens. Vouloir vaille que vaille assurer à Macky Sall un second mandat ne justifie pas tous les écarts.

La sortie de Moustapha Cissé Lo vient s’ajouter à la longue liste des « fanatiques enragés » du régime, fantassins de la médisance et colporteurs de ragots. Ses propos appelant ouvertement au meurtre d’Ousmane Sonko (cité nommément), diffusés par de nombreux médias sont inacceptables, injustifiables, abominables et doivent être condamnés avec vigueur, par tous les démocrates, la société civile et la presse républicaine. Cissé Lo étant Président du Parlement de la CEDEAO, c’est à la CEDEAO de se saisir de cette affaire qui entache la crédibilité d’une organisation dont un des buts est de promouvoir la stabilité dans la sous-région. Un parlementaire de la CEDEAO peut-il appeler ouvertement au meurtre et continuer à exercer ses fonctions ? De tels propos relèvent ils du salafisme ou du terrorisme ? Cissé Lo, Souleymane Ndene Ndiaye, Macky Sall, et d’autres ont eu, à des moments différents de la vie politique sénégalaise, usé d’une rhétorique extrêmement violente qui n’a pas sa place dans le débat démocratique. Faire croire que SONKO est l’incarnation du mal absolu, c’est insulter l’intelligence et la mémoire des Sénégalais. Dans une démocratie, la confrontation des idées et des programmes est la seule arme autorisée.

Aucune réélection, fut-elle celle de Macky Sall, ne justifie que le sang d’un seul Sénégalais soit versé. On peut être Pour ou Contre Ousmane Sonko ; Pour ou Contre ses solutions ; Pour ou Contre son projet de société. Le débat doit être tranché par les électeurs sénégalais, dans le cadre d’un débat libre, contradictoire et démocratique. Il n’y a pas un seul sénégalais « rationnel » qui accorde la moindre crédibilité aux accusations grotesques de « salafiste » proférées contre Ousmane Sonko. Les menaces qui pèsent sur Ousmane Sonko doivent être prises très au sérieux. Il appartient aux services dédiés de garantir sa sécurité physique. Tout projet malveillant de nature à porter atteinte à sa sécurité physique constitue un attentat intolérable contre la Démocratie. Ousmane Sonko est un citoyen qui a décidé de briguer la magistrature suprême. C’est son choix et son droit le plus absolu. Au Sénégal, il n’existe pas une police de la pensée qui puisse dicter aux citoyens leur choix. Le KONPROMAT (méthode russe pour salir un adversaire) est abject. Pour obtenir un second mandat, Macky Sall devra convaincre les Sénégalais que son bilan, d’une médiocrité sans nom, est « élogieux ».

En matière de transparence, les Sénégalais sont en droit de s’interroger sur le financement de la campagne de Macky Sall en 2011, au vu de sa déclaration de patrimoine parue dans le Journal officiel n°6660 du 24 avril 2012. Comment un homme qui n’est pas héritier d’une fortune, encore moins Chef d’entreprise a-t-il pu amasser autant de biens financiers, et immobiliers et disposer d’un parc de 35 véhicules ? Cette manne provient-elle de l’étranger ? Quels sont les liens entre le milliardaire Harouna Dia, soutien de Macky Sall et l’ex président déchu Blaise Compaoré ? Ce n’est pas par une diabolisation excessive et ridicule des opposants (Idrissa Seck, Sonko…) que le régime apportera des réponses à ces questions. Parce que le péril islamiste constitue une menace pour les pays du Sahel, la lutte contre le terrorisme, et les Imams prêcheurs de haine doit être implacable et menée sans concession. Les partisans du régime doivent faire preuve de dignité : la Fin (2éme mandat) ne justifie pas tous les moyens.


Seybani Sougou

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