Sonko, Bocoum, TAS, Abdoul Mbaye: Ce que risque cette nouvelle génération…
Notre classe politique était généralement composée de vieux dinosaures qui étaient là depuis l’indépendance. Rares sont ceux qui, comme Dansokho et Bathily, songent à prendre la retraite et à céder le fauteuil aux plus jeunes.
Signe des temps, depuis quelques temps, une nouvelle génération d’hommes politiques voit le jour : Ousmane Sonko, Thierno Bocoum, Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye et bien d’autres.
Leur rêve, assurer l’alternance générationnelle par un engagement politique décisif en participant à la prochaine présidentielle.
Ces ‘’jeunes’’ loups ont investi le terrain et entendent ainsi envoyer à la retraite la vielle garde qui, le plus souvent, flirte aujourd’hui avec Macky Sall.
Bien sûr, il y a le cas spécifique d’Abdoulaye Wade qui crée de sérieux soucis à ses compagnons, du fait de sa détermination à imposer son fils comme candidat à la Présidentielle de 2019.
Le pari est noble, réalisable, mais plein d’embûches.
L’obstacle le plus préoccupant est la sociologie politique du Sénégal.
En général, ceux qui sont prompts à voter sont les personnes âgées, hommes et femmes, notamment des quartiers populaires et des villages.
Et là, le niveau d’instruction est très faible. Et ils votent rarement pour un inconnu du sérail. Ils se posent entre certains candidats et eux un problème de confiance.
Ils aiment dire ‘’que l’on ne peut pas lutter contre un pouvoir’’ et nombre d’entre eux n’hésitent pas souvent à préférer voter pour le candidat du pouvoir.
Mais ce n’est point là une fatalité.
Qu’à cela ne tienne, ces jeunes leaders devront davantage compter sur la jeunesse, notamment celle de la diaspora. Ces derniers rêvent comme eux que les chosent changent et qu’ils se produisent de profondes mutations au Sénégal.
Macky a, à un moment, catalysé cet espoir, mais il a vite déçu certains, surtout lorsqu’il s’est entouré de vieux hommes politiques, très connus et pas toujours appréciés des Sénégalais.
Signe des temps, la jeunesse est aujourd’hui très enthousiaste à accompagner cette nouvelle génération d’hommes politiques.
Mais, là aussi, il y a une limite de taille. La politique ne se gagne pas dans les réseaux sociaux. Il faudra descendre sur le terrain et convaincre surtout ces jeunes à revendiquer leurs cartes d’électeurs et à voter. Car, l’expérience a montré que les jeunes s’agitent beaucoup et votent peu.
Il faudra aussi que ces nouveaux leaders convainquent de leur bonne foi. Ce n’est pas pour rien que Sonko a été attaqué sur le terrain du Djihadisme. Le souci est justement de susciter la peur chez une bonne partie de l’électorat. Car, dans le passé, Wade a beaucoup souffert de ces stéréotypes. On en a fait un ‘’ami’ de Kadhafi qui veut ‘’déstabiliser’’ le Sénégal, etc.
L’autre défi qui guette cette jeune classe politique, est le règne de l’argent. L’achat de conscience est voulu et souhaité pour une bonne frange de cet électorat.
Ainsi, la politique à coup de milliards est une réalité. Battre une campagne présidentielle chez nous est très coûteux. Il faudra un budget de guerre. Et surtout savoir mettre la main à la poche.
Si donc ces jeunes arrivent avec l’idée de remettre les choses sur les rails de l’orthodoxie politique, il leur faudra du temps pour rééduquer les électeurs et changer leurs mentalités.
Sinon, le réveil pourrait être brutal. Il ne serait pas rare, qu’à l’approche de l’élection, certains électeurs changent complétement d’attitude.
La réalité est que les électeurs aussi transhument. Ce ne sont pas les seuls leaders politiques qui le font. Or, la transhumance des électeurs n’est pas dictée, ici, par le caractère cohérent des discours et programmes politiques. Il s’appuie le plus souvent sur des considérations matérielles et de survie.
D’ailleurs, si les leaders politiques s’y adonnent, pourquoi pas les électeurs, ces citoyens qui sont parfois sans instruction ?
Donc, rien n’est acquis d’avance. Et pour gagner des élections chez nous, il faudra tenir compte de la sociologie politique en n’oubliant pas surtout les vieilles méthodes qui ont fait recette jusqu’ici.
Si on veut révolutionner toutes les méthodes politiques sans être au pouvoir, il y a peu de chance qu’on y accède.