« Vis bien », les derniers mots de Liu Xiaobo à son épouse, Liu Xia

14 - Juillet - 2017

L’épouse du dissident disparu est maintenue en résidence surveillée depuis la condamnation en 2009 de son mari.

Le sort de Liu Xia, épouse de Liu Xiaobo, est un sujet d’interrogation même pour les amis proches de la famille. Poétesse et photographe de 56 ans, elle a été maintenue en résidence surveillée depuis la condamnation en 2009 de son mari, un isolement qui l’a plongée dans une profonde dépression. Liu Xia était parfois autorisée à lui rendre visite en prison dans le nord-est chinois. Durant plusieurs années, les autorités l’ont également laissée aller manger une fois par semaine chez ses parents, mais elle a perdu son père en 2016 et sa mère en avril. Maya Wang, chercheuse de Human Rights Watch sur la Chine, rappelle que Liu Xia « n’a jamais commis aucun crime, jamais été condamnée ». « Sa privation de liberté est absolument illégale et elle doit cesser », dit-elle.

En juin, Mme Liu a été conduite au chevet de son mari, apprenant alors qu’il était atteint d’un cancer incurable. Dans une vidéo diffusée par Radio Free Asia, on la voyait abattue, détaillant à un ami : « On ne peut pas l’opérer, on ne peut pas faire de radiothérapie ni de chimiothérapie ». Puis dans une autre, cette fois filmée par l’appareil sécuritaire dans la chambre du patient à l’insu de deux médecins allemand et américain autorisés à lui rendre visite, elle apparaissait debout à l’extrémité du lit de son mari, cheveux ras, sanglotant. L’équipe médicale chinoise, sous le contrôle de l’Etat, a expliqué tard, jeudi, que Liu Xiaobo a réservé ses derniers mots à son épouse : « Vis bien. »
« Pure persécution »
Pour plusieurs amis, il est évident que si Liu Xiaobo, se sachant condamné et faiblissant de jour en jour, a continué à demander à partir à l’étranger jusqu’à la visite des médecins occidentaux le samedi 8 juillet, c’était pour rendre à son épouse sa liberté. Liu Xia est doublement otage, de sa résidence surveillée mais également du sort qui a été réservé à son frère Liu Hui. Ce dernier a été condamné, en 2013, à onze années de prison pour fraude dans l’immobilier, un jugement que Liu Xia avait alors décrit comme « de la pure persécution ». Libéré par la suite, il reste en sursis.
Depuis l’annonce de la mort, jeudi soir, les appels à laisser partir Mme Liu se sont multipliés, du secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, au haut-commissaire pour les droits de l’homme des Nations unies, Zeid Ra’ad Al-Hussein, en passant par Paris, Berlin, Londres ou la Commission européenne. « La prochaine étape est de réaliser le dernier souhait de Liu Xiaobo, qui était de laisser son épouse quitter le pays », dit le dissident Hu Jia.

Autres actualités

30 - Mai - 2018

Moscou et Kiev s’accusent mutuellement du meurtre d’un journaliste russe en Ukraine

L’émotion était vive à Moscou où les réactions consternées ont afflué, mardi 29 mai, sitôt que la nouvelle de la mort du journaliste...

30 - Mai - 2018

En Tunisie, un procès relance une justice transitionnelle en plein doute

Le procès sur la disparition d’un militant islamiste en 1991, ouvert mardi à Gabès, redonne espoir aux militants des droits de l’homme.   C’est...

29 - Mai - 2018

Commerce : l’Europe fataliste face à Donald Trump

Le président des Etats-Unis doit dire avant le 1er juin s’il taxe ou non les importations américaines d’acier et d’aluminium européens. Trois mois...

29 - Mai - 2018

Engrenage infernal en Italie

En confiant à un ancien économiste du FMI le soin de former un gouvernement provisoire, le président Sergio Mattarella risque d’attiser l’euroscepticisme ambiant....

28 - Mai - 2018

Le président Mattarella bloque le gouvernement Conte, l’Italie plonge dans le chaos politique

Le chef de l’Etat a refusé la nomination de Paolo Savona, jugé trop anti-euro, au ministère de l’économie. De nouvelles élections semblent...