2 milliards pour une liberté « provisoire » Ce qui fait courir Khalifa Sall

31 - Janvier - 2018

Nous avons appris, hier, par ses avocats, que Khalifa Sall n’a pas renoncé à déposer une caution pour sa liberté, ne serait-ce que provisoire.

Une démarche qui peut étonner sans doute parce que le procès a déjà commencé et qu’à la suite du verdict, le Maire pourrait être libre ou maintenu dans les liens de la détention si la peine encourue est supérieure à celle qui est déjà purgée.

Donc, on peut légitimement se demander à quoi servirait une liberté si elle doit simplement durer quelques jours ou quelques semaines en cas de condamnation ?

Pis, la caution n’a-t-elle pas pour effet de donner l’impression d’une solvabilité suspecte, partant, d’une culpabilité ?
Au demeurant, ce qui est constant, c’est que le Maire n’en a cure de ses préoccupations et souhaite manifestement comparaitre libre. Quid à retourner en détention ?

Si en effet Khalifa Sall et ses avocats se battent pour la liberté provisoire, c’est qu’ils ont plus confiance à la juridiction de jugement qu’incarne le juge Lamotte qu’au Procureur ou au juge d’instruction. Ils espèrent que la liberté provisoire sera prononcée si une caution est déposée.
Car, ce n’est un secret pour personne, la pratique judiciaire, ici, dans notre pays, c’est que ceux qui bénéficient de liberté provisoire retournent rarement en prison. Le cas du prêcheur Taïb Socé était rarissime.

Beaucoup de célébrités comme Cheikh Béthio Thioune, Thione Seck, en ont bénéficié sans que leurs procès ne soient rouverts.

Mais, ce n’est pas là la seule raison.
Si la juridiction de jugement prononce une liberté provisoire, cela aura immédiatement des conséquences politiques certaines sur l’opinion. Khalifa qui comparait libre aura beaucoup plus de chance de mobiliser l’opinion autour de son ‘’innocence’’ et d’activer certains leviers, de véritables soupapes de sureté dont la puissance de médiation est très forte.

Ces leviers ne sont pas seulement au niveau des frontières nationales, ils sont aussi au niveau international. C’est pourquoi Khalifa tient à sa liberté. Car, ainsi, sa défense sera mieux assurée et il pourra davantage travailler à ne jamais retourner en prison.

A cette donne s’ajoute le caractère probablement très long du procès. En correctionnel, il prendra beaucoup de temps et il sera possible alors de passer, après, à la Cour d’appel et, pourquoi pas, à la Cour de cassation. Tout ceci prendra du temps et beaucoup de temps.
Or, Khalifa et les siens savent que la présidentielle s’approche et qu’il vaut mieux être libre qu’en détention. Une fois sa candidature déposée et acceptée par le Conseil constitutionnel, sa condamnation fera de lui, aux yeux de beaucoup, un prisonnier politique.
Alors, tout est préparé pour cette liberté, étant entendu que son jugement définitif prendra beaucoup de temps à être exécutoire. Car, même si Khalifa gagnait le procès, le Procureur n’hésitera pas à interjeter appel ou à se pourvoir en Cassation.

Or, ces atouts peuvent être aussi ses faiblesses. Le juge peut notamment estimer que sa liberté provisoire pourrait occasionner des troubles à l’ordre public du fait de la stature politique de l’homme. Il peut avoir peur de la subordination de témoins, de la fabrication ou de la destruction de certaines preuves. En somme, il peut être réticent.

Déjà, d’ici vendredi, l’on saura si le tribunal va déclarer sa propre incompétence ou annuler tout simplement la procédure comme le souhaite les avocats du Maire.
Ce qui aura pour effet immédiat la liberté de Khalifa Sall.

Décidemment, la défense fait feu de tout bois.

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