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27 candidat enregistrés: Le parrainage ‘’contourné’’ !

28 - Décembre - 2018

Le parrainage a été manifestement contourné par les potentiels candidats à la présidentielle de 2019. Si Mame Adama Guèye, Abdoulaye Baldé, Cheikh Bamba Dièye, Thierno Bocoum, Cheikh Tidiane Gadio, le juge Dème et bien d’autres comme Serigne Modou Bousso Dieng, ont dû renoncer à leur rêve de diriger le Sénégal, en général au profit d’autres candidats, il n’en reste pas moins que la liste des candidats enregistrés est longue.
27 listes, cela fait presque le double des candidats de 2012 où l’on était à 15.
On ne peut pas dire que le parrainage n’a pas eu des effets sur certains candidats qui ont désisté, mais l’impact recherché a été largement amoindri. Et n’eut été la caution fixée à 30 millions de FCFA, la listes serait encore plus longue. C’est dire que la réalité est que le parrainage a été largement ‘’contourné’.
Le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dione était d’ailleurs convaincu que les candidats qui allaient se présenter contre Macky Sall ne seraient pas plus de 5 ans. Eh bien, nous pensons que ce pronostic sera largement perdu. Car, on ne peut imaginer le Conseil constitutionnel devoir invalider les candidatures de 22 personnes.
Ce qui se passe, c’est que les prévisions des autorités ont été ainsi déjouées. L’acharnement des candidats y a été pour quelque chose. Le parrainage présenté comme un facteur de présélection a été perçu comme une forme de défi qu’il fallait relever. Et tous les moyens étaient bons. Nous savons par exemple que l’argent a beaucoup parlé dans cette collecte.
J’écrivais dans une de ces chroniques que ceux qui ont les moyens pourront facilement convaincre de potentiels électeurs à les parrainer. Il suffisait d’y mettre le prix. Et c’est ce qui s’est passé.
Une situation qui en dit long sur l’inopportunité de mettre aussi rapidement cette loi sur le parrainage, même si les 7 sages vont devoir réduire ce chiffre de 27. C’est incontestable.
Au regard de la collecte difficile de signatures, des candidats seront forcément recalés.
Qu’à cela ne tienne, après les états-majors politiques, le parrainage va rester, maintenant, un casse-tête pour le Conseil constitutionnel.
Car, ils devront examiner d’ici le 12 janvier, plus d’un million de signatures pour juger de leur validité et du fait qu’il y a doublon ou pas. Un travail titanesque en si peu de temps.
Malheureusement, le Conseil constitutionnel est astreint à une obligation de résultat. Il faudra faire le travail et dans les délais. Ce qui suppose, peut-être, une augmentation du personnel technique d’appoint et de longues nuits blanches. Et le pari et loin d’être gagné.
Car dans un pays où la plupart des électeurs ne savent pas signer, baser un système de sélection sur ces signatures est un pari risqué. Tout le monde sait que nous avons une population surtout rurale à majorité analphabète pour qui la signature n’est pas fiable parce que changeante et peu identifiable.
Alors, nous nous demandons si le Conseil constitutionnel va pouvoir surmonter tous ses obstacles : Le temps, le nombre des listes et donc le volume des signatures, la quasi-impossibilité pour les analphabètes de signer. Reste maintenant le risque réel de trouble à l’ordre public si jamais des listes sont rejetées comme ce sera probablement le cas.
Parmi les états-majors politiques, il y en a qui n’accepteront jamais de renoncer à leur candidature par rejet. Car, après la décision du Conseil constitutionnel, aucune autre voie de recours n’existe pour contester.
Pis, à tort ou à raison, l’opposition accorde peu de crédit à l’indépendance de la Justice, et surtout du Conseil constitutionnel qui est la juridiction la plus politique. Ses membres étant nommés par le Chef de l’Etat, son travail va souffrir de ce handicap de taille de la part de ceux qui pensent que les juges exécutent les desiderata de ce dernier.
Comme quoi, le parrainage, précipité, est devenue un goulot d’étranglement pour une démocratie qui se cherche encore. C’est dire que l’on pouvait s’en passer. Du moins, pour le moment.

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