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6 ans après la manif’ de juin : Le 23 à jeun

23 - Juin - 2017

6 ans après la manif’ de juin : Le 23 à jeun

Ce 23 juin ne semble pas s’annoncer comme les autres. Pourtant, il était question de ne plus avoir des députés béni-oui-oui comme ceux-là qui avaient voulu voter le ticket de Wade contre l’intérêt du Peuple. La 12ème Législature n’a pas tenu ses promesses et c’est l’interrogation pour la prochaine.
6 ans. C’est l’âge du… 23 juin 2011 qui avait marqué l’histoire politique du Sénégal. Celle de l’Assemblée nationale aussi dans un contexte de veille des Législatives du 30 juillet prochain. La 11ème Législature s’était distinguée ce jour mémorable par une déférence à l’Exécutif qui voulait signer un ticket Président-vice-président aux relents d’un «projet de dévolution monarchique». Une foule de manifestants avait fait «sauter» les grilles de l’institution, noyé une Armée réquisitionnée aux côtés d’une police de répression aveugle. Des mots et des maux d’un «Peuple du 23 juin» déterminé à arrêter un pouvoir, alors que ses représentants l’avaient trahi. Le Plateau était un champ de cris de détresse contre un régime dont le train descendait lentement des rails de la démocratie. Des députés – quelques-uns – membres de la majorité avaient quand même résisté. D’autres s’étaient aussi enchaînés pour délivrer un messa­ge visible d’une «liberté ligotée». Abdoulaye Wade finira, par un coup de fil, par déchirer son ticket, et l’Assemblée en sortira balafrée. Ce mouvement qui sera prolongé le 27 juin par une nuit électrique, par ses longues coupures, s’imposera com­me une (ré) pression sur un régime qui en succombera le 25 février 2012.
Et delà, l’on avait juré que quel que soit le remplaçant de Wade, la rupture serait une obligation. Le «Nouveau type de député» que réclamaient Y’en a marre et, à ses côtés, les opposants au pouvoir aujourd’hui, ne sera pas au rendez-vous. Encore moins, plus globalement, la «rupture» par rapport aux pratiques du passé si récent. C’est peut-être bien cette déception qui explique l’exagération : «La douzième Législature est la plus nulle de l’histoire du Sénégal.» C’est de bonne guerre, dirait-on, mais il faut avouer que l’on a vite fait d’oublier la «torture» de la 11ème. Et ce n’est nullement pour dire que la Législature sortante a fait mieux. Elle a tout au moins reconduit bien des tares de (la ou des) précédentes.
Si pour les années précédentes le 23 juin qui a enfanté le Mouvement du même nom a été un moment fort de la politique, cette année elle semble passée inaperçue. Dans un communiqué, Abdourahmane Sow et Cie écrivent : «Pour la commémoration de la date symbolique du 23 juin que la Cos/M23 a l’habitude de célébrer depuis 2011, nous avons jugé nécessaire cette fois-ci de renvoyer toutes les activités y afférentes jusqu’après la fête de la Korité. Compte tenu de son importance pour la communauté musulmane et toutes les préoccupations socioéconomiques qui y sont liées, le contexte n’est pas assez favorable pour mobiliser les Sénégalais sur le sujet très important que nous envisageons de traiter à ce présent anniversaire.» Ce, même s’ils qualifient la 12ème Législature de «mandature de déception», «de la pérennisation des vices», «de la légitimation de l’aberration et de l’incongrue», soulignant qu’elle «n’a été que le prolongement et le bras armé d’un pouvoir exécutif monocratique et abusif de l’espoir de tout un Peuple, porté sur la rupture et des réformes fortes et conséquentes pour de nouvelles références».
La 13ème Législature est aujourd’hui annoncée et espérée comme celle qui fera oublier les autres. Avec une majorité renouvelée ou une «cohabitation» improbable.

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