À Kaffrine, des familles résolues à protéger les jeunes de la violence politique

12 - Février - 2019

Des pères ou mères de famille de Kaffrine (centre) ont dit à l’APS avoir désormais décidé d’interdire à leurs enfants de suivre des meetings ou caravanes dans le cadre de la campagne électorale pour la présidentielle du 24 février prochain, afin de les protéger de la violence.

Suite aux incidents notés lundi à Tambacounda (est) où un militant de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle) a été tué par les gardes rapprochées du Parti de l’unité et du rassemblement (PUR), de nombreux pères ou mères de famille de la commune de Kaffrine disent désormais refuser d’autoriser leurs enfants à suivre les meetings et caravanes.

"Constatant les échauffourées notées à Tambacounda, je ne vais plus autoriser mes enfants à suivre les meetings ou autres activités politiques. Je leur suggère d’attendre le jour du vote pour aller s’acquitter de leur devoir citoyen. Je ne vais pas sacrifier mes enfants pour’’ la politique, déclare Mamy Kébé, vendeuse de thé et mère de deux écolières.

"D’habitude, je laissais mes filles suivre les meetings (...). Mais désormais, ce ne sera plus le cas. Après les heures de classe, elles vont rentrer directement à la maison ou venir m’aider au travail. Elles ne vont plus suivre les politiciens, je suis déterminée", ajoute-t-elle.

Moussa Ndao, un père d’une famille aux revenus modestes qui a sa charge plusieurs personnes, exprime les mêmes appréhensions relativement à l’escalade de la violence notée ces derniers jours relativement à la campagne électorale.

"Il est mille fois plus profitable d’aller au travail que de passer son temps à suivre les politiciens. Heureusement, mes enfants ont compris. Je vais encore les exhorter à aller au travail et à l’école, au lieu de suivre ces meetings où s’sévisse la violence", confie ce père de famille.

"Après ces affrontements qui ont causé la mort d’un jeune homme à Tambacounda, je ne veux plus voir mes enfants suivre les politiciens. Mieux vaut se concentrer au travail ou sur les études et attendre le jour du vote pour élire ou réélire’’ le candidat de son choix, indique le vieux Moussa, âgé de plus de 75 ans.

Pah Ibou Cissé, de son côté, appelle les jeunes à plus de vigilance, en leur demandant de se concentrer sur le travail ou les études.

"Les urnes seront toujours là’’ pour s’exprimer. "Ce ne sont pas les hommes politiques qui viendront à leur secours demain’’, a-t-il poursuivi en parlant des jeunes.

"Il faut penser à son avenir. Ces 2000 francs CFA octroyés par les hommes politiques lors des meetings ou autres manifestations politiques ne les amèneront nulle part", tranche-t-il.

Il assure que jamais il ne laisserait ses enfants suivre les hommes politiques pendant cette campagne électorale, de peur que leurs études par exemple en pâtissent.

"C’est vraiment triste’’, réagit Katy Ndao, qui peine à retenir ses larmes, au moment d’évoquer les incidents survenus à Tambacounda.

"Cette famille a perdu à jamais, c’est triste très triste", répète-telle, tout en s’affairant autour de sa table remplie de légumes, accompagnée de ses deux enfants.

"La paix, oui la paix. Le Sénégal est un pays de paix, et personne n’a le droit de le plonger dans la violence. Ça doit cesser. Je demande aux jeunes qui sont tous mes enfants de dire non à la violence. Que personne ne les pousse vers la violence. Ils sont l’avenir de la nation et l’espoir de demain’’, soutient Katy Ndao.

Les jeunes doivent davantage se concentrer sur leur travail et les études, renchérit-elle. "Suivre les politiciens à longueur de journée, ça n’en vaut pas la peine. Cela n’a pas de sens".

"Vu le contexte actuel, aucun parent ne doit laisser son enfant’’ suivre les hommes politiques qui ne sont là que pour leurs intérêts", conclut-elle.

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