A L’HEURE DES REVENDICATIONS PEDAGOGIQUES

16 - Février - 2018

Préavis de grève, débrayage, grève totale, boycott des compositions et finalement marche nationale. Depuis plus d’une décennie, les enseignants ont finalement épuisé tous les voies et moyens, pour amener le gouvernement au respect des accords signés. De leur côté, les autorités étatiques essaient de solder le passif avec les syndicats d’enseignants, tout en informant, à chaque mesure prise, la soutenabilité des finances publiques. Dès lors, les points inscrits dans le protocole d’accords sont placés dans un carcan de revendications pécuniaires. Loin de là, la frustration des enseignants est un condensé de revendications pédagogiques et plan de carrière.

La formation diplômante des instituteurs adjoints, des maîtres contractuels et autres professeurs contractuels, la question des passerelles professionnelles après 5 années de vacation, occupent une bonne place dans les plans d’action des syndicats. Qui plus est, le recrutement des inspecteurs de l’enseignement moyen secondaire, après la sortie du décret 2011- 537 et enfin l’attente du décret du corps des administrateurs scolaires pour aider les professeurs, au-delà des compétences techniques, avoir des capacités managériales. Le directeur de la Formation et de la Communication au ministère de l’Education nationale, Mouhamadou Moustapha Diagne, estime que l’Etat a beaucoup fait sur la question de la formation diplômante, avec des chiffres à l’appui.

SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMSS-CUSEMS : «Le gouvernement reste inerte sur la question des indemnités»
Dans le moyen secondaire, il y’avait un accord portant sur les passerelles professionnelles. Un décret a été signé par le président Wade, et ensuite modifié. Sur la question des corps des administrateurs scolaires, nous attendons que le gouvernement nous présente un projet de décret. Sur les lenteurs administratives, le gouvernement nous avait parlé de la mise en place d’un système de dématérialisation pour la sortie rapide des actes de toute sorte. Ce qui n’est pas le cas.
Le gouvernement nous avait indiqué que la question de l’indemnité ne l’intéressait pas seulement, mais tout le système de rémunération de façon globale des agents de la fonction publique. Les conclusions de l’étude qui ont montré une désarticulation du système de rémunération entre agents, dorment dans les tiroirs depuis 2015. Le gouvernement reste inerte sur la question, malgré les résultats probants de l’étude avec intégration de tous les amendements des parties prenantes. Rien n’avance. Nous attendions des propositions de la part des autorités. Elles gardent malheureusement toujours le silence. Quand le Premier ministre, Mouhammad Boun Abdallah Dionne, il soutient qu’ils vont allouer 12 milliards FCfa pour l’indemnité de logement à partir 2019, tout le monde sait que cette année est une année électorale.

ABDOU FATY, SECRETAIRE GENERAL SELS/A : «Pas de satisfaction par rapport à ces revendications pédagogiques»
La redistribution des accords signés avec le régime sortant était la décision prise par le régime de Macky Sall devant les organisations syndicales. Voilà la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Sur le plan pédagogique, nous avions demandé la création des administrateurs scolaires. C’est une réponse à la demande de formation en gestion des proviseurs et directeurs d’écoles qui gèrent des centaines millions. L’idée est d’avoir une gestion efficiente des ressources éducationnelles. L’argent injecté dans le système éducatif doit avoir une traçabilité. Si on continue à injecter des millions sans les former, l’argent va disparaître. On a demandé la création des corps des administrateurs pour plus d’efficacité du financement de l’éducation. En ce qui concerne l’enseignement de l’arabe, parent pauvre du système, nos collègues enseignants déroulent les cours selon l’approche par les compétences pendant de bonnes heures, alors que le maître arabe vient avec une autre approche. Cette réforme doit par conséquent prendre en charge leurs méthodes. Ils doivent avoir des livres et des dispositifs de travail dans une même réforme. En plus, ils doivent également bénéficier des indemnités. Nous n’avons pas de satisfaction par rapport à ces revendications pédagogiques. Concernant la formation diplômante, 42 milles enseignants sont concernés par cette formation et le décret d’application n’a toujours pas été signé.

MOUHAMADOU MOUSTAPHA DIAGNE, DIRECTEUR DE LA FORMATION ET DE LA COMMUNICATION AU MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE : «Le corps des instituteurs adjoints sera bientôt éteint»

Sur la question de la formation diplômante des instituteurs adjoints (Ia), on avait formé 6000 d’entre eux en 2014. Quand je suis arrivé à la tête de la direction, nous avons formé 3154 pour la première cohorte en 2015. Ils étaient 4 600 pour la deuxième cohorte. Cette année, ils sont 3 000 pour la troisième cohorte à démarrer la formation dans les Crfpe. Ceci sans compter que des instituteurs adjoints qui passent l’examen de CAP ; donc ils sont admis. C’est également le cas de l’initiative francophone pour la formation à distance des maître (Ifadem) qui a pris en charge 500 instituteurs entre Fatick et Kaolack. Ils vont incessamment saisir l’examen de certificat de fin de stage (Cfs) de Ifadem. C’est dire que cette question de formation des IA, est prise en charge. Force est de constater que le gouvernement a beaucoup fait pour la prise en charge de cette question. Le corps des instituteurs adjoints sera bientôt éteint.Les syndicats d’enseignements peuvent en témoigner.

La formation diplomate des maîtres contractuels

Certains maîtres contractuels ont été pris en charge par la formation des instituteurs adjoints. Depuis 2012, quand vous réussissez au CREM, vous faite la formation et vous sortez comme maître contractuel. Après, vous avez votre certificat de fin de stage qui est l’équivalent du certificat élémentaire d’aptitude pédagogique (Ceap). Après le passage d’un inspecteur pour évaluer dans la pratique, l’enseignant peut obtenir un Certificat d’aptitude pédagogique (Cap). Ce qui lui permet de pouvoir déposer un dossier de reclassement qui suit la procédure normale. Les instituteurs adjoints et les maîtres contractuels n’ont pas de problème.

Extinction de la catégorie des enseignants de diplômes spéciaux

L’autre catégorie d’enseignant concerne les titulaires de diplômes spéciaux, notamment les professeurs de philosophie. Ces enseignants ont été pris en charge dans le cadre de la formation diplomate. Ils sont donc au niveau de la Fastef en formation. Ils sont admis en licence 3 en philosophie. Ils vont suivre le cursus normal au niveau de la Fastef. Ils peuvent prétendre à être des professeurs pleins. Il reste maintenant les titulaires de Bac G, F et B qui vont être transformés en professeurs de math-informatique. Certains titulaires de Bac L qui enseignaient l’anglais et l’espagnol, seront formés comme des professeurs de LHG, Lettre Histoire et Géographie. Pour les titulaires de diplôme spéciaux, il y aura plus bientôt cette catégorie d’enseignants dans le système éducatif.

Difficultés sur les passerelles professionnelles

C’est une question assez difficile. On ne peut pas donner le Certificat d’aptitude d’enseignement secondaire (Caes), à quelqu’un qui n’a pas la maîtrise. On avait une difficulté de compréhension de la question de passerelles professionnelles.
Les diplômes de master et de licence sont délivrés par le ministère de l’Enseignement supérieur. Un décret sur la question vient de sortir. Nous allons passer bientôt à l’opérationnalisation. Nous allons appeler des partenaires sociaux pour lire ensemble le contenu et avoir la même compréhension, avant de lancer les opérations de formation. Il y a aussi le corps des administrateurs scolaires. Nous avons constaté que beaucoup directeurs d’école, censeurs ou proviseurs dans les collèges ont peu de notion en administration, du fait du mouvement national. Nous allons rendre opérationnel le volet de la formation de ces corps.

Les revendications à milliards

Des milliards ! On en entend parler à chaque rencontre entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Evidemment, la mise en œuvre des points inscrits dans le protocole d’accords signé depuis 2014, a des incidences financières. Les syndicats voient une mauvaise volonté de l’Etat à ne pas mettre de l’argent, préférant, disent-ils, dégager une enveloppe à milliards pour le Conseil économique, social et environnemental (Cese), le Haut conseil des collectivités territoriales et la confection des cartes d’identité nationale. Pendant ce temps, le gouvernement a, quand bien même, annoncé des mesures, brandissant l’argument de la soutenabilité des finances publiques. Alors, il faut noter que lors de la dernière rencontre entre les différentes parties prenantes, vendredi 19 janvier, le chef de gouvernement, Mouhammad Boun Abdallah Dionne, avait annoncé un virement entre fin mars 2018 et fin septembre 2018, de 12 milliards 950 millions FCfa pour les prêts DMC (Direction monnaie et crédit). Sur la question de paiement des différents rappels, le gouvernement entend mettre 32 milliards en 2018. En plus de cela, 3,5 milliards ont été retenus pour l’habitat social, notamment pour l’aménagement des Zac de Ziguinchor et du Lac Rose. Sans oublier le paiement des indemnités d’examens du Baccalauréat et du Bfem. Le point nodal pour cette année, reste le régime indemnitaire. Les syndicats d’enseignants restent intransigeants sur la question en rejetant les 12 milliards qui seront mis à leur disposition à partir de janvier 2019. La somme de 11.000 FCfa de plus par mois jugé dérisoire par la partie syndicale. «L’indemnité de logements pour les enseignants s’élève aujourd’hui à 60.000 F Cfa. Cette graduation de 10.000 F Cfa représente un effort énorme»,avait souligné Samba Sy, ministre du Travail.

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