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ABASS ABASS OU «L’HOMME DU SAHEL» COMME UN LIVRE OUVERT

26 - Août - 2016

ABASS ABASS OU «L’HOMME DU SAHEL» COMME UN LIVRE OUVERT

C’est à la manière d’un livre ouvert, ou presque, que le chanteur Abass Abass s’est présenté ce mercredi 24 août à la presse, et à «son» public du Just For You, dans la peau de «L’Homme du Sahel», intitulé de son album autobiographique que l’on annonce pour la fin de l’année. Un ensemble de 14 titres et sept interludes, qui n’a pas grand-chose à voir avec le rappeur de ses premières années, mais qui lui correspondrait davantage : plus soul, plus slam, plus jazz ou plus poétique, avec même quelques tranches de vécu. Idem pour son très intimiste documentaire, «Il était une fois l’Homme du Sahel», un court métrage d’une dizaine de minutes, disponible sur la Toile depuis le mois de mars de dernier…Confidences d’un monsieur qui «aime prendre (son) temps» comme il dit, et qui rêverait d’un album hybride, entre le hip hop et la salsa.

«L’Homme du Sahel» ne sortira pas du four avant la fin de l’année, mais les connaisseurs et autres inconditionnels de l’artiste en parlent déjà comme d’un album surprenant sinon déroutant, qui ne ressemblerait pas vraiment aux précédentes productions d’un chanteur comme Abass Abass (redondance dont il fait son nom de scène), que l’on présenterait volontiers comme un rappeur, histoire de pouvoir au moins le ranger ou le classer quelque part ; ou alors pour lui construire des murs ou des garde-fous. Mais l’artiste, pour faire court, a horreur des casiers et des tiroirs joliment rangés, et si vous prenez la peine de l’écouter, vous l’entendrez peut-être vous dire que cela l’ennuierait de devenir quelqu’un de prévisible.

Dans la soirée de ce mercredi 24 août, Abass Abass se livrait disons…corps et âme à «son» public du Just for You, un petit comité d’inconditionnels qui a d’ailleurs eu droit à quelques instants très privilégiés avec l’artiste, sur quelques-uns des 14 morceaux de musique (en plus des sept interludes) de «L’Homme du Sahel», qui est aussi l’une des chansons de l’album. Une chanson qui ne raconte pas autre chose que les quelques états d’âme d’un monsieur qui passerait quasiment pour un personnage à la fois nostalgique et mélancolique, à qui il arrive d’ailleurs de «broyer du noir». Sur le ton de la confidence et sans chichis, Abass Sow, le nom de l’artiste à l’état-civil, passera aux aveux. Oui, cette chanson parle de lui, comme elle raconte sa vie à lui : cet accident qui le clouera au lit pendant plusieurs longs mois, et qui fera mal à son ego, l’obligeant plus ou moins à assumer une sorte de fragilité insoupçonnée.

Dans la soirée d’hier pourtant, l’artiste, dans sa tenue (à demi) bariolée à la Stromae, et ce grand sourire contagieux qui ne le lâchera pas, n’avait plus grand-chose, au sens propre des mots, d’un «grand corps malade». Mais on pense forcément à l’artiste français du même nom…de scène (Grand corps malade), à son slam comme à son spleen, et peut-être aussi à son petit côté philosophe.

Mais comme dirait Abass Abass lui-même, pas question d’être le clone ou la copie d’un Autre, quel qu’il soit. Dans une de ses chansons, on l’entend d’ailleurs dire qu’il a tout simplement décidé d’être son «propre personnage», parce que les autres étaient déjà pris. Pas question de correspondre au moule ou à la mode, dit-il entre les notes, et pas question non plus de se conformer.

Sur scène, «L’Homme du Sahel» a même l’air d’assumer ses coups de folie artistique, son côté décalé et légèrement maladroit, «différent». Sa musique a elle aussi fait sa mue, et elle lui correspondrait davantage : plus slam ou plus soul, plus «pop anglaise», plus «salsa» ou plus «jazzy», en plus de quelques sonorités empruntées çà et là, au Sénégal, au Mali ou à la Mauritanie, et il assume.

En plus d’être autobiographique, «L’Homme du Sahel», l’album, est une autoproduction : «Je l’ai enregistré chez moi, dans ma chambre» a laissé entendre le chanteur, qui vit entre la France et le Sénégal. A côté de l’album, il y a le documentaire, «Il était une fois l’Homme du Sahel», un petit format qui ne vous prendra qu’une toute petite dizaine de minutes, et que l’on a aussi projeté hier au Just For You, pour sa première sortie au Sénégal. Un film aussi intimiste que l’album, avec quelques tranches de vécu forcément, entre le slam et la poésie, entre les mois de convalescence, la rage ou la colère, le trou noir, le doute ou la fameuse angoisse de la «page blanche».

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