Accident Kaolack : Le récit effroyable des rescapés

03 - Août - 2017

S'il savait que ce voyage serait son dernier sur terre, Sanko ne serait assurément, jamais entré dans ce bus. Bel homme, toujours souriant, cet étudiant en master, qui voulait travailler dans les hydrocarbures, a perdu la vie, mardi matin, dans l'accident survenu sur la route de Kaolack où 5 autres personnes ont perdu la vie.

"Thierno Aly Baldé, étudiant en Master I à la Faseg est la première personne à avoir rendu l'âme. Il est mort sur le coup tellement le choc était violent", témoigne Abdou Sow, étudiant en 3ème année au département d'Histoire à l'Université Cheikh Anta Diop. Trouvé à Fass Delorme où le maire de Sédhiou leur a loué des appartements, Abdou Sow, cartable en main, raconte, la mine triste, l'accident dans lequel il a survécu.

"L'accident s'est produit à Gathié, un petit village à Kaffrine. Il faisait 08 h du matin. Notre chauffeur voulait doubler la citerne qui était devant. Un camion rempli de ciment venait dans l'autre sens. Malheureusement, notre chauffeur n'a pas réussi à doubler la citerne. Surpris par le camion, les deux véhicules sont entrés en collision ", explique-t-il.

" Les étudiants dormaient au moment du choc"

"C'est Thierno Aly Baldé est mort sur le coup ", raconte Abdou Sow. Après, ce sera au tour de El Hadji Sankou Djité. Il succombe quelques instants plus tard. Ami de Sanko, Boubou Guèye Diédhiou, chef de bord du troisième bus, ajoute : "Sanko était assis derrière le chauffeur du bus. Après le choc, ses jambes étaient complétement cassées. Il ne pouvait bouger que sa main droite". " C'était un grand homme. J'ai essayé de le soulever pour le tirer des décombres mais je n'ai rien pu faire. Cette image me trotte encore l'esprit. Il voulait travailler dans le milieu du pétrole et du gaz. Ses rêves ont été brisés.", lance-t-il désolé.

Le chauffeur du camion, encore en vie au moment de l'accident, a finalement succombé à l'hôpital. Il aura attendu plusieurs heures les secours. Quant au conducteur du bus, resté coincé dans les décombres, il est mort avant l'arrivée des secouristes. La quasi-totalité des étudiants dormaient.

"J'ai sauté par la fenêtre"

"Lorsque le choc s'est produit j'ai sauté par la fenêtre pour me sauver. Je suis tombé du côté gauche. Heureusement, je n'ai eu qu'une entorse au genou droit. Après les secouristes nous ont acheminés à l'hôpital de Kaolack", explique Abdou Sow qui garde intact les détails de cet accident qui le traumatise encore. "Je voyais les gens couchés par terre mais je n'y croyais même pas. Jusqu'à présent, les images défilent dans ma tête. Nous avons vraiment besoin d'assistance parce que c'est troublant", avoue-t-il.

Boubou Guèye aussi, semble affligé et traumatisé par la violence des images qui sont encore gravées dans sa tête. "Je suis meurtri d'avoir perdu mes frères étudiants. C'est difficile. Psychologiquement, je suis abattu. J'ai du mal à trouver le sommeil. J'essaie de tenir…", lâche –t-il, entre deux sanglots.

"Sanko, était sans façon. Il était généreux et gentil. On avait battu campagne ensemble avec une moto Jakarta sous la pluie. C'était quelqu'un de formidable. Il s'était beaucoup investi pour ses études. Toutes les autres victimes étaient aussi des bosseurs. Des personnes qui ne se souciaient que de leur avenir. Leurs cours étaient leurs seules préoccupations", témoigne Boubou Gueye.

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