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Adieu Tanor !

18 - Juillet - 2019

Il est resté socialiste jusqu’au bout. Il n’a jamais quitté le parti de Léopold Sédar Senghor. Qu’il soit au pouvoir ou dans l’opposition, Tanor a toujours choisi les Verts.

Il était connu et respecté dans la grande famille de l’Internationale socialiste. Il était une pièce maitresse dans le dispositif de la coalition Benno Bokk Yaakar au pouvoir.
Assurément, comme l’a reconnu le Chef de l’Etat hier à Blaise Diagne, il a perdu ‘’un ami loyal’’ et un ‘’conseiller avisé de l’ombre’’.
Tanor a été inhumé hier à Nguéniène, dans le département de Mbour, sa commune natale, auprès des siens attristés, à l’image de la Nation toute entière.
On sentait chez Macky une vive émotion, une grande tristesse du fait de l’impuissance de l’homme devant les Décrets divins.
Ibrahima Boubacar Keïta, Président du Mali qui a fait le déplacement pour assister à la cérémonie, ne cessera jamais d’étonner les Sénégalais par les marques de solidarité qu’il pose à notre égard.
Le peuple ne va jamais oublier Tanor, cet homme de conviction, un grand homme d’Etat qui n’a jamais été ni dans le déballage, ni dans la délation.
Il a gardé des secrets graves contre des adversaires politiques, des journalistes, des hommes de la Société civile sans jamais les révéler.
A un grand journaliste qui l’a énervé un jour du fait de diatribes contre les hommes politiques, Tanor s’est levé pour simplement lui rappeler qu’il doit être le dernier à donner des leçons… Une déclaration dont les sous-entendus ont suffi à faire taire le confrère.
C’était cela Tanor. Si jamais il se mettait à déballer, il aurait mis le pays sens dessus-dessous, tellement il était détenteur de secrets et de fameux secrets d’Etat que l’on retrouve aujourd’hui sur la place publique. Il est resté digne, sans flancher là où nous autres chroniqueurs n’avons jamais raté l’occasion de le clouer au pilori quand nous avions justement l’impression, à tort ou à raison, que ses décisions et orientations n’étaient plus cohérentes. Car, c’est cela notre mission.
Le Parti socialiste n’appartient pas à Tanor. C’est un patrimoine national dont la préservation incombe à tous. Et Tanor est un mortel qui peut se tromper. C’était juste ce que nous aimions lui rappeler.
Aujourd’hui qu’il est parti, nous ne changeons pas de fusil d’épaule, nous cherchons à prendre de l’homme ce qui va aider la jeune génération à trouver ses marques dans un monde de compétition.
C’est pour cela que nous aimons rappeler que lorsqu’en 2000, le PS avait perdu les élections, beaucoup avaient fui et Tanor est resté. Il a sauvé le parti au moment où la vague du Sopi avait envahi le pays tout entier, comme un envoûtement généralisé. Il n’était pas, à cette époque-là, aisé de se dire socialiste.
Et c’est cela que nous avons envie de dire à la jeune génération. Que c’est dans les moments difficiles que l’on reconnait les grands hommes : ils dressent la tête haute et assument leurs choix là où les autres, lâchement, prennent la poudre d’escampette.
Tanor a été loyal au point de travailler à la réélection de Macky avant de tomber malade et de partir. Cette vertu est en train de disparaitre dans un pays où les trahisons permanentes meublent les relations intersubjectives, y compris dans les mouvements et associations politiques ou non.
Une autre valeur à conserver. Sa loyauté à son terroir a fait qu’il a demandé à y être enterré, là où, justement, il était Maire.
Compétent, il l’était aussi. C’est lui que Senghor avait choisi comme Conseiller diplomatique pour se charger de certains courriers. Depuis, tous les Présidents qui l’ont côtoyé ont été impressionnés.
Bien sûr, il laisse un parti divisé et faible avec la concentration des pouvoirs entre ses mains. D’où la nécessité d’amorcer de nouvelles orientations pour sauver l’héritage de Senghor.
Car, l’une des plus grandes erreurs de Tanor a été, justement, de ne pas s’être inspiré de Senghor qui a su partir à temps. S’éterniser au pouvoir n’est jamais souhaitable.
Et c’est là un contre-exemple que Tanor nous laisse.
Reposes en paix Président !

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