">

Affaire Khalifa Sall: la République subitement compatissante

21 - Juin - 2017

Affaire Khalifa Sall: la République subitement compatissante

Il est très tôt de dire que l’étau se resserre autour de l’Affaire Khalifa Sall qui vient de boucler la semaine dernière, ses 100 jours en prison. Sur le plan juridique, rien n’a bougé dans sa situation de détenu à titre préventif ou provisoire.

Ce qui semble changer depuis quelques jours, c’est la perception que ses adversaires ou « bourreaux », selon ses partisans, ont de lui et de sa situation. Ils multiplient en effet les déclarations publiques de compassion.

Le Premier a été le Président Macky Sall qui, sans le nommer, a bien mis en exergue le fait qu’il ne se risquera jamais à utiliser les pouvoirs que Dieu lui a donnés pour écraser des adversaires politiques.

L’allusion à l’Affaire Khalifa Sall est à peine voilée. Le Maire de Dakar et bon nombre de personnes issues de la classe politique et de la Société civile, ne cessent de dénoncer un règlement de compte politique. Et les propos de Moussa Tine, un leader qui a appartenu à la mouvance présidentielle, arguant que le Président lui a demandé d’intercéder auprès de Khalifa pour qu’il mette fin à ses ambitions politiques en échange de sa liberté, ont conforté les uns et les autres dans leur conviction que la Justice a été instrumentalisée. Et ceci, d’autant plus que ces propos n’ont pas été démentis.

Est-il besoin de rappeler que les mêmes accusations avaient été formulées contre Macky dans l’affaire Karim Wade portée au niveau de la Crei, lequel a dû subir deux mise en demeure contrairement à ce que la loi avance et un « exil » plus qu’insolite.

Mais, à la suite du Président Sall, c’est la déclaration d’Ousmane Tanor Dieng ce dimanche, patron des verts, qui a surpris.

Il a dit regretté ce qui est arrivé à Khalifa Sall, son ancien camarade, en ses termes : « C’est un mois de clémence. Moi, je n’aurais jamais souhaité que Khalifa Sall soit dans les conditions dans lesquelles…J’ai une pensée pour lui, j’ai une pensée pour tous les camarades qui sont sous les liens de la prévention ».

Une telle déclaration aurait suscité du dégoût et les partisans de Khalifa Sall auraient eu beaucoup de mal à ne pas le leur faire savoir. Mais comme au Sénégal, il se passe toujours des choses bizarres quand la politique s’invite dans le droit, pratiquement aucune réaction à la déclaration du secrétaire général du Parti socialiste (Ps) dont on dit qu’il serait de connivence avec le régime pour neutraliser Khalifa, n’a été enregistrée.

Au contraire, tout le monde trouve cette sortie « normale » dans un contexte où les Bamba Fall et Barthélémy Dias ont failli, eux-aussi, y passer.

Et pour couronner le tout, le Ministre de la Justice, interpellé sur cette affaire du maire de Dakar épinglé dans le cadre de la caisse d’avance de la Mairie de Dakar, a eu le temps de dire que ses droits restent intacts tant qu’il n’a pas été condamné et d’une façon définitive. Il déclare ainsi, même si c’est en filigrane, que le Maire de Dakar peut bel et bien être sur la liste des législatives et qu’il peut ainsi être élu.

Comme quoi, nous trouvons que « la République » est devenue subitement compatissante envers Khalifa Sall.

En ce mois béni de Ramadan, comme le dit Tanor, c’est peut-être un signe de détente et de desserrement de l’étau autour du Maire.

Ces déclarations sortent au moment où l’on parle de caution pour le libérer. Tout indique que des portes de sortie sont en train de lui être aménagées dans une démocratie ou tout se négocie.

A chaque fois qu’une affaire politico-judiciaire est enclenchée, des leviers extra-judiciaires sont activés de part et d’autres pour, in fine, aboutir à une décrispation.

Leur travail se fait à l’ombre dans la plus grande discrétion, sans tambour ni trompette. Mais, ce qui sûr, c’est qu’ils arrivent toujours à leurs fins avec des conditionnalités qui échappent à l’opinion.

Les affaires Idrissa Seck dans le cadre des chantiers de Thiès et de Karim Wade avec l’implication du Qatar, ont fini de convaincre les plus sceptiques sur la puissance de ces leviers extra-judiciaires qui libèrent même des gens accusés de délits ou de crimes graves.

On en est arrivé à un système de liberté provisoire où les mis en cause restent convaincus de ne jamais devoir retourner en prison…

Autres actualités

20 - Novembre - 2019

Assemblée nationale: Bougazelli remplacé par un membre du parti de Mousatapha Niasse

L’ex-député de la mouvance présidentielle, Seydina Fall alias Bougazelli, qui a démissionné, après avoir été cité dans une...

20 - Novembre - 2019

HAUT COMMANDANT DE LA GENDARMERIE ET DIRECTEUR DE LA JUSTICE MILITAIRE: Général Jean-Baptiste tine, un expert de la sécurité aux commandes de la Maréchaussée!

Les officiers généraux et les « haut-Com » passent, la Gendarmerie demeure ! Après avoir fait ses adieux, l’as du renseignement qu’était le...

19 - Novembre - 2019

Pourquoi Diantre, le Président Macky Sall tient à repousser les élections locales ?

A beau tourner la question, la seule réponse est que Macky Sall n’est pas prêt. En effet, le pouvoir de Macky Sall a toujours soutenu qu’il a un processus...

19 - Novembre - 2019

Après 45mn à la Sr de Colobane: Bougazzelli n'est pas retenu, il va comparaître mercredi à 16h00

Le député Seydina Fall dit Bougazzelli, cité dans une affaire de trafic de faux billets s'est présenté à la section de recherches de la gendarmerie de...

19 - Novembre - 2019

Affaire Boughazelli : le silence ‘’troublant’’ du Procureur

Dans les dossiers Khalifa Sall, Petro Tim, Fallou Sène, Ofnac…, le procureur était monté au front pour éclairer la lanterne de l’opinion. Pour...