Affaire Khalifa Sall : les sénégalais retiennent leur souffle

30 - Mars - 2018

Le verdict du procès de Khalifa Sall, le Maire de Dakar, élu député lors des législatives de juillet, est très attendu aujourd’hui, par tous les Sénégalais.

Le Procureur Serigne Bassirou Guèye a demandé sept ans de prison et une amende de plus de 5 milliards de nos francs. Sera-t-il suivi par la Cour ? C’est ce que l’on saura dans quelques heures à moins que la grève du Sytjus, les travailleurs de la Justice dont font partie les greffiers, n’entrave le prononcé du verdict. Dans tous les cas, une solution alternative est possible, avec des greffiers ‘’ad hoc’’ en général des gendarmes qui pourraient faire le travail.

Qu’à cela ne tienne, les Sénégalais, surtout les Dakarois retiennent leur souffle. Ce qui est en jeu ici, c’est non pas seulement la liberté d’une personne même si celle-ci est importante, mais son avenir politique en tant que leader d’un mouvement, d’une coalition et surtout candidat potentiel à la future présidentielle de 2019.

Ce qui est aussi en jeu, c’est la crédibilité de la Justice sénégalaise qui vient de perdre un de ses membres, le juge Dème qui s’en est allé non sans avoir, au préalable, cloué au pilorié cette institution qui, pour lui, a démissionné.
Les juges devront, plus par leurs motivations que par le verdict, démontré, qu’ils n’ont suivi que la loi, rien que la loi. Car, dans cette affaire et dans bien d’autres, le caractère sélectif des poursuites a jeté un doute raisonnable dans l’esprit des citoyens. Mais la poursuite n’est pas du ressort du juge du siège pour qui, ce qui importe vraiment dans un procès pénal, c’est que sa conviction soit faite sur la culpabilité ou l’innocence du prévenu.

Les règles du jeu ont été respectées. Le Procureur a livré ses preuves, fait son réquisitoire appuyé par l’Agent judiciaire de l’Etat et les avocats de la partie civile, les défenseurs de Khalifa Sall ont émis leurs arguments parfois avec passion. Mais, que voulez-vous ? Ce sont les règles du jeu. Un jeu, qui, au finish, va aboutir à l’emprisonnement ou à la libération d’un homme pris dans le collimateur de la Justice et qui en souffre au même titre que ses proches.

Ce que le juge va décider, personne ne le sait. Mais ce qui est sûr, c’est que comme l’Affaire Karim Wade à la Crei, ressuscitée, notre système judiciaire a montré ses limites, ses défaillances, ses insuffisances. Le mécanisme est centenaire, inspiré de la France qui l’exerce autrement.

Alors, il est temps que les réformes tant vantées soient appliquées. Le Président de la République, chef de parti, ne saurait être à la fois Chef du Conseil supérieur de la magistrature et tuteur en chef de la Chancellerie qui détient le pouvoir redoutable de l’opportunité de poursuite.

Nous ne pouvons plus admettre qu’un seul homme détienne tous ses pouvoirs et en use comme il l’entend. S’il veut être gentil, il laisse les choses se passer normalement, s’il entend être méchant, il instrumentalise la Justice. Car, depuis Senghor, nos Chefs d’Etat ont toujours eu le pouvoir d’instrumentaliser la Justice. C’est une réalité vérifiable. Les juges qui ont voulu résister ont subi des pressions et certains comme Me Babacar Sèye ont subi des violences et la mort.

Mame Madior Boye, au temps de Diouf, alors magistrat, a dû se passer de son logement de fonction d’où elle a été chassée parce que simplement, elle n’officiait dans le sens voulu par le régime d’alors.

Mamadou Dia a été accusé par Senghor de coup d’Etat et écroué, Idrissa Seck de malversations financières dans le cadre des chantiers de Thiès et même Macky Sall a failli y passer pour blanchiment d’argent. Il a fallu toute la diligence du Ministre de la Justice d’alors Me Madické Niang qui a confessé tout récemment avoir personnellement empêché l’emprisonnement de ces deux hauts cadres. Si Idy et Macky ont été sauvés, c’est que Madické Niang l’a voulu. Et à travers lui, son mentor, Abdoulaye Wade. C’est cela qui doit cesser. On est sauvé de la Justice parce qu’on est innocent. Les coupables doivent être punis. Or, pour revenir ou instaurer définitivement cette orthodoxie, il faut que le droit et la politique soient séparés.

Et tout le monde sait ce qu’il faut faire. Seulement, c’est la volonté politique qui manque.

Autres actualités

24 - Mai - 2020

Korité: Le message d’Idrissa SECK

A l’occasion de la fête de Korité, je vous souhaite une excellente fête. Que le Tout Puissant agrée et récompense nos bonnes actions....

24 - Mai - 2020

Covid-19 : Macky Sall appelle ses compatriotes à la vigilance et au respect des mesures de prévention

Le président Macky Sall a réitéré dimanche son appel à la vigilance et à l’observance des mesures de prévention afin de freiner la...

24 - Mai - 2020

Sénégal: 3.047 personnes infectées par le Covid-19 depuis le 2 mars

Au Sénégal, 3.047 personnes sont infectées par le Covid-19 depuis le 2 mars, date de son apparition dans le pays, selon les chiffres cumulés du ministère de la...

23 - Mai - 2020

Covid-19 : Le Sénégal enregistre un 35e décès

Notre pays enregistre son trente-cinquième (35e) décès lié au coronavirus. Il s’agit d’un homme de 57 ans qui a succombé, ce samedi 23 mai, au...

23 - Mai - 2020

CELEBRATION DE L’EID EL FITR : Le message de Khalifa Ababacar Sall.

Mes chers compatriotes La communauté musulmane célèbre l’Eid El Fitr marquant la fin du mois de Ramadan. En ces moments de prières et de grâces, je...