AMADOU DIENG, ARTISTE PLASTICIEN «SANS TITRE»

31 - Mai - 2017

AMADOU DIENG, ARTISTE PLASTICIEN «SANS TITRE»

Ses toiles feraient songer à du tissu imprimé africain, ou à une sorte de pelage animal…Mais peu importe finalement, parce que l’artiste lui-même, le plasticien Amadou Dieng, ne n’en offusquerait pas. Il dit d’ailleurs de ses œuvres, qu’elles sont «sans titre», donc «loin de la préconception». Amadou Dieng a récemment exposé tout seul à la Galerie nationale d’art, et ce n’était pas arrivé depuis 1998. Une expo-hommage à son frère, le manager culturel Tanor Dieng, donc rien à voir avec l’homme politique, décédé il y a quelques mois. Dans le rôle du mécène, Badara Diokhané, un ami des deux frères.

Même en cherchant bien, et ce serait presqu’un défi, vous n’y trouverez pas la moindre consigne…Pas de titre, ni un seul de ces intitulés plus ou moins contraignants qui viendraient jouer les œillères sinon les corsets. Sans doute parce que c’est le style de la maison : cette liberté de ton, ce plasticien qui vous dira qu’il n’a pas très envie d’imposer quoi que ce soit à son public…Pas même le nom de ses toiles, qu’il refuse de nommer, et qui se présentent d’ailleurs telles quelles pour ne pas dire presque nues…Sans autres indications que celles-là : leurs dimensions, la technique du plasticien, entre l’acrylique et le sous-verre…Sinon, cette signature pas comme les autres, entre discrétion, petits pointillés ou presqu’empreintes, qui accompagnent les œuvres assez récentes d’ailleurs du plasticien, réalisées pour l’essentiel entre 2016 et 2017.

Dans le milieu, le plasticien Amadou Dieng, pensionnaire du Village des arts, est connu pour sa peinture «abstraite», comme on dit dans le jargon. Il y a quelques semaines, (nous avons visité l’expo le 20 mai dernier), l’artiste exposait d’ailleurs une quarantaine de ses œuvres, 42 pour être précis, plus de toiles que de sous-verre, à la Galerie nationale d’art, qui ne l’avait pas accueilli comme cela, donc pas tout seul, depuis 1998. Confidence du commissaire d’exposition Wagane Guèye, qui a surtout joué les «intermédiaires» cette fois ; entre la presse, le public et les acheteurs.

Des œuvres contrastées, quelques très rares noir et blanc, et surtout plusieurs motifs colorés sur une surface monochrome, avec un petit effet coupure de journaux, zébrures, pelage animal, robe féline de tigre, ou de panthère…Ou alors penserait-on à un morceau de tissu imprimé africain. Ce n’est donc pas pour rien que vous verrez Amadou Dieng lui-même porter ses propres créations : des vestes qui ressemblent à ses toiles, avec l’air d’avoir été tachées, presque par hasard, par les coups de pinceau du plasticien.

Wagane Guèye n’hésite d’ailleurs pas à parler des «jets de couleur» de ce plasticien (du plus épais au plus superficiel) doublé d’un «grand coloriste», et dont les toiles souffleraient entre le chaud et le froid. Peut-être parce que l’artiste, «autodidacte», a d’abord commencé par travailler dans une imprimerie, après des études de droit faut-il préciser, se laissant très vite prendre au piège, à force de jouer avec l’une ou l’autre de ces couleurs qu’il ramenait le soir à la maison. Jusqu’à ce fameux jour où il démissionne : le coup de tête…

Sans parler des quelques sous-verre de l’artiste, ronds ou rectangulaires, toujours très serrés, un peu comme s’ils grouillaient de monde, avec un petit air de fausse calligraphie arabe.

Derrière l’exposition, il y a quelqu’un comme Badara Diokhané, qui a bien voulu jouer les «mécènes», mais il y a aussi l’hommage d’un frère à son aîné, décédé il y a quelques mois : le manager culturel Tanor Dieng, donc rien à voir avec l’homme politique du même nom. Selon les explications de Wagane Guèye, Tanor Dieng, le frère aîné du plasticien Amadou Dieng, est aussi connu pour avoir été très «proche» de Bob Marley, icône du mouvement Reggae.

Et quand on y pense, Amadou Dieng, né en 1951 à la Médina, dans ce quartier très culturel de Dakar, ressemblerait presque à ses œuvres : discrètes, subtiles, libres. Le «mot de l’artiste», qui accompagne l’expo, rappelle ce principe du plasticien : des tableaux «sans titre», «donc loin de la préconception». Ou alors vous dira-t-il qu’il ne fait «pas de la peinture dite Africaine. Je suis un AFRICAIN, qui fait de la peinture» explique Amadou Dieng.

Des expositions comme celles-là, individuelles, il n’y en a malheureusement plus que très peu, sans doute à cause de tout ce que cela implique «comme énergie, et comme budget de fonctionnement»….Et c’est peut-être là l’un des regrets de quelqu’un comme Wagane Guèye, qui laisse entendre qu’avec des «expositions individuelles d’artistes confirmés, de la place», il y aurait forcément de la «matière» pour les amateurs d’art, pour les étudiants des Beaux-Arts et pour les journalistes culturels.

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