Anciens alliés devenus adversaires: Bathily en veut-il à Macky ?
Ses sorties sont récurrentes contre le régime de Macky Sall. Le Pr Abdoulaye Bathily a attiré notre attention pour une raison très simple : Nous avions pensé, en janvier 2017, avec cette rude compétition devant mener au choix du président de la Commission de l’Union africaine, que Macky avait soutenu avec toutes ses formes sa candidature. Le Professeur a eu même à reconnaitre que le Sénégal avait envoyé des émissaires dans 46 pays dans l’espoir qu’il réussisse.
Mieux, dans les rapports entre Macky et ses anciens alliés, en dehors du cercle de ceux qui se sont reconvertis dans l’opposition comme Cheikh Bamba Dièye, Idrissa Seck et consorts, il y a un gentleman agreement, une sorte de charte non-écrite que Bathily viole aujourd’hui allégrement.
C’est pour cela que nous avons pensé nous intéresser à ce cas atypique. Et nous demander si Bathily en veut vraiment à Macky ? Et si c’est le cas, pour quelle raison ?
Nous n’allons pas chercher dans la Présidence de la Commission de l’Union africaine finalement remportée par le Tchadien Moussa Faki Mahamat. Ce n’est pas forcément la faute de Macky face à un Idriss Déby qui avait, à cette période, le vent en poupe avec ses multiples interventions militaires dans d’autres pays frères pour les défendre et les sécuriser contre les groupes extrémistes. Et de toutes les façons, Bathily travaille pour le Secrétaire général des Nations-unies dans de nombreuses missions importantes.
Ce n’est pas aussi pour des questions d’argent. Mais alors là pas du tout. Nous savons que Macky versait de rondelettes sommes d’argent à ses alliés, mais de là à lui en vouloir pour des strapontins, cela ne ressemble pas au Professeur.
Il ne s’agit encore moins d’un désir de sa part de briguer la magistrature suprême. Bathily a quitté la présidence de son parti, la Ligue démocratique. Il n’est plus, à ce propos, dans les starting-blocks, il ne semble plus être intéressé.
Alors, quel est le problème ?
Il nous semble que tout vient de la différence de perception des réalités du pouvoir pour deux alliés qui n’ont cheminé ensemble que juste pour faire dégager Wade, l’ancien Président.
Macky est un libéral, Barthily un gauchiste, et les deux n’ont pas forcément les mêmes convictions.
Ceux qui ont combattu Wade pour se retrouver avec Macky savent que ‘’tel père, tel fils’’. Macky a hérité de Wade ses ‘’Jomborleries’’ (fourberies). Il est calculateur, froid et redoutable. Sa communication est basée sur les slogans et les formules-chocs. Il aime subjuguer et ‘’mackyller’’, même s’il fait aussi des réalisations.
Nous pensons, sans être dans le secret des dieux, que c’est ce qui exacerbe Barthily. Il a combattu Wade pour le retrouver en Macky. Il est déçu qu’il y ait l’Affaire Khalifa Sall, les problèmes d’eau à Dakar et surtout une forme d’arrogance que l’exercice du pouvoir inculte à ceux qui ont la chance ou la malchance d’y accéder.
C’est sans doute pour cela que le professeur a voulu se démarquer pour justement prendre rendez-vous avec l’histoire, afin de ne pas être comptabilisé parmi les complices d’une démarche qu’il n’approuve pas. Il a pesé le pour et le contre. Un confrère, proche du Président, comprenant le risque pour Macky de telles sorties, a voulu lui porter l’estocade en faisant certaines révélations sur ses supposées audiences au Palais. La polémique a vite été étouffée. Cela ne pouvait pas aller bien loin.
Allons, laissons le professeur dire ce qu’il pense. Comme tout un chacun de nous. Cessons surtout de croire que ceux qui critiquent Macky sont contre lui ou travaillent contre lui. La critique peut justement être constructive et surtout bénéfique à la personne ciblée.
C’est peut-être sur cet angle qu’il faudra analyser ses sorties en essayant de les positiver. Il y a actuellement, dans notre pays, une vision manichéenne des choses : On est souvent blanc ou….marron. Or, il y a d’autres couleurs dans ce Sénégal où personne ne doit se taire face à ce qui nous regarde tous.