Avec plus de 32 mille parrains invalidés : Pape Diop dépose un recours devant le Conseil constitutionnel
Sapé d’un costume bleu-nuit, assorti d’une cravate grise, Pape Diop semble se diriger vers le palais de la République. Dans un coin de cette affiche trônant dans la salle de conférence du siège du parti Bokk gis gis, il est écrit les qualités humaines de l’ancien maire de Dakar : «Pape Diop, l’humilité qui fait l’unanimité.» En clair, ce morceau de tissu devait être le spécimen du bulletin du candidat «Papa Diop 2019» pour l’élection présidentielle du 24 février prochain. Mais problème, le Conseil constitutionnel a invalidé 32 mille 355 des 65 mille 781 parrains déposés par l’ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat. Alors qu’a priori le scrutin devrait se faire sans lui, Pape Diop ne s’avoue pas vaincu. D’ailleurs, il écarte pour le moment tout soutien à un autre candidat.
Le président de la Convergence démocratique/Bokk gis gis a déjà saisi le Conseil constitutionnel à travers un recours et espère des 7 «Sages» une validation de sa candidature. «Le contrôle du parrainage s’est fait de façon non contradictoire. Le mandataire est convoqué pour déposer ses fiches de parrainage et le support électronique. A la séance de vérification, aucune possibilité ne lui est donnée pour apporter des objections du fait qu’on lui présente des résultats de vérification déjà établis», a-t-il dénoncé samedi, lors d’une conférence de presse, accusant Macky Sall d’avoir une «obsession pour un second mandat». Selon lui, le procès-verbal de son dossier indique «7 572 parrains invalidés au motif qu’ils ne sont pas des électeurs et 1 543 de région de vote non conforme».
M. Diop de déplorer : «Il est manifeste que ces parrains sont des électeurs disposant d’une carte Cedeao, d’un numéro d’identification nationale, mais qui ont disparu du fichier électoral mis à la disposition du Conseil constitutionnel par le ministre de l’Intérieur. Ces parrains ne peuvent pas être des non électeurs, car ils remplissent toutes les conditions exigées par la loi.» Pour les parrainages invalidés au motif de région de vote non conforme, Pape Diop jure que la plupart de ces personnes «figurent bel et bien sur le fichier électoral». D’après lui, dans le logiciel de vérification, il y avait une «volonté délibérée d’éliminer des candidats». Des manœuvres orchestrées, selon lui, par le ministre de l’Intérieur et le directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie). Ce dernier, Cheikh Bakhoum, dans un communiqué publié vendredi, a démenti toute implication de l’Adie dans le processus de vérification des parrainages. N’empêche, Pape Diop estime que «le Conseil constitutionnel a été abusé».