Baba Ndiaye, président du Conseil départemental de Kaolack : "Les départements doivent avoir une fiscalité propre"

22 - Octobre - 2016

Baba Ndiaye, président du Conseil départemental de Kaolack : "Les départements doivent avoir une fiscalité propre"

La deuxième phase de la décentralisation doit permettre aux autorités locales d’avoir une fiscalité propre. Sur ce, le président du Conseil départemental de Kaolack, Baba Ndiaye, affirme que sa mise en œuvre est plus qu’une urgence.

Le département de Kaolack compte 480.000 habitants. Pour la prise en compte de leurs préoccupations, le Conseil départemental veut des moyens conséquents et refuse de se limiter aux appuis de l’Etat. D’après le président Baba Ndiaye, la phase 2 de l’Acte 3 de la décentralisation va leur permettre d’avoir une fiscalité propre. Mais, en réalité, en fonds de dotation, le Conseil a reçu 144 millions de FCfa et 70 millions en fonds de concours cette année. Même si l’insalubrité est palpable à Kaolack, le cadre s’est amélioré ces derniers temps. « Cette question de la propreté est de notre ressort, de même que l’éclairage public et l’assainissement. Maintenant, il nous faudra aller de l’avant. L’environnement et la salubrité sont devenus porteurs. Les populations doivent s’engager », indique-t-il. Dans la même veine, le Conseil départemental fait face à l’avancée du sel qui réduit les surfaces cultivables. «Aujourd’hui, la salinisation des terres est devenue une question majeure et le Conseil est en train de voir dans quelle mesure on peut trouver des partenaires qui pourront nous appuyer dans le financement et permettre aux populations d’avoir des espaces cultivables », a expliqué M. Ndiaye, précisant que l’entité départementale est en train de travailler avec la région orientale du Maroc, celle d’Hollande etc. « Nous attendons la seconde phase parce que, présentement, nos ressources sont uniquement les dotations de l’Etat. C’est insuffisant par rapport aux ambitions et à l’attente des populations. Ce sont les communes qui ont une fiscalité et prennent les impôts, mais les départements n’ont que les dotations et les fonds de concours », soutient-il. «Nous avons l’ambition de faire de nos départements des pôles de développement, de porter la territorialisation des politiques publiques », affirme Baba Ndiaye. Le président du Conseil départemental invite les autorités à leur octroyer des ressources à la hauteur des défis, pour mieux prendre en charge leurs responsabilités qui sont les siennes.

Développer le partenariat
Revenant sur les réalisations depuis qu’il est à la tête du Conseil en deux ans, il dira que le département compte 60 collèges et lycées sans compter les instituts franco-arabes qui ne peuvent pas être laissés en rade dans la politique d’accompagnement définie par le département.

«L’intérêt pour nous, c’est de mieux encadrer les jeunes. Nous avons installé des matériels de reprographie, la construction de plusieurs blocs sanitaires », avance M. Ndiaye. Sur le mur du lycée Valdiodio Ndiaye refait par l’ancien Premier ministre Aminata Touré et qui est endommagé aujourd’hui, le président lance un cri : « Le problème, c’est un manque de civisme. Je voudrai protester pour qu’il ait plus de sens de responsabilité. Si l’on détruit les murs, n’importe qui peut y passer. On la construit et détruit en moins d’un mois. Je ne sais pas à quelle période on aura un lycée réhabilité ».

A l’en croire, l’Acte 3 de la décentralisation donne aux élus locaux la possibilité de développer le partenariat public-privé et la coopération décentralisée. « Nous voulons réfectionner le lycée Valdiodio en profondeur, car c’est un temple du savoir assez digne, qui a vu passer plusieurs autorités du Sénégal. Dans le volet éducatif, des équipements ont été mis à contribution pour la tenue de la journée de l’excellence primant les meilleurs élèves », poursuit-il.

Pour la santé, l’article 306 du Code général des collectivités locales (Cgcl) transfère aux élus locaux la gestion, l’administration et l’entretien des centres hospitaliers de niveau 1 ou 2. A ce sujet, Baba Ndiaye multiplie les subventions comme celle de 30 millions de FCfa donnée à l’hôpital régional de Kaolack malgré les moyens limités, lors de sa première année de gestion. Idem pour les 32 millions remis à la plateforme des femmes du marché central de Kaolack. «Nous avons une administration médicale compétente, engagée, ouverte et très motivée. Chaque année, nous célébrons la journée du parrain qui est une rencontre d’échanges entre administrateurs, médecins, bénéficiaires et les populations sur des questions d’actualité touchant le devenir de l’hôpital », évoque M. Ndiaye, rappelant toujours que dans le cadre de la coopération décentralisée, des équipements modernes (centre de dialyse, couveuse, 7 salons d’opération) ont été mis en place. « Aucune radio ou analyse ne mérite qu’un patient se déplace à Dakar », soutient le président. Il a révélé la construction de services d’urgence par le ministère de la Santé dont un bloc opératoire. « Nous voulons faire de notre hôpital régional l’un des plus grands plateaux médicaux de la sous-région ouest-africaine », dit M. Ndiaye.

Un plan de développement de 11 milliards de FCfa pour Kaolack
Le Conseil a un plan départemental de développement de 11 milliards de FCfa pour une durée de cinq ans (2016-2020). Pour boucler le budget, il compte sur l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahim Niass et l’appui de l’Etat. Une unité de transformation de produits agricoles, le Domaine agricole communautaire (Dac), un projet de 5 milliards de FCfa avec la création de 1000 emplois.

Ces aspirations font partie de l’agenda. « La seule revitalisation du port de Kaolack, de son dragage permettra de voir cette région, en quelque mois, esquisser un développement économique. On ne voit plus l’animation des fêtes de traite qui rythmait la ville quand l’agriculture supportait le développement de la région. Si elle va bien, la transformation économique va suivre. Il faut permettre aux agriculteurs d’être plus riches », ajoute-t-il. En outre, Kaolack compte 3.000 artisans. Dès lors, les travaux d’un Centre de formation des métiers artisanaux (2 ha et R+2) sont en cours ; mais ce projet ne prend pas en compte ceux qui ont arrêté les études en classe de Cm2. Il sera d’un coût de 300 millions de FCfa dont la première phase s’élève à 130 millions. « N’eût été la saison des pluies, on en serait à la seconde phase du projet », justifie-t-il. Ce centre devra jouer son rôle dans les 15% de la commande publique. Il devrait être livré en avril 2017. Sur la culture, le Conseil a relancé le Festival de « Tassu », le Festival national des arts et cultures (Fesnac), le Fentart (Festival national des arts et culture du Saloum). Le président Baba Ndiaye n’oublie pas non plus les appuis aux mouvements sportifs et le projet de construction d’un hippodrome qui font partie de ses chantiers.

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