Ballet « Kondiof » : Une vie aux rythmes des danses sérères

11 - Août - 2016

Ballet « Kondiof » : Une vie aux rythmes des danses sérères

Ses pensionnaires sont unis par l’art. Le Ballet «Kondiof» présente ainsi une diversité culturelle. Depuis 1999, date sa création, le Ballet Kondiof se distingue dans la promotion de la culture sérère à travers le monde, par sa participation à diverses manifestations.

Ce 8 août, nous avons trouvé le directeur artistique du Ballet «Kondiof», en vrai maître chorégraphe, surveillant scrupuleusement la répétition des danseurs. Idy Faye rectifie souvent les faux pas de certains danseurs amenés par des batteurs aguerris. L’homme au look sobre est un maître incontesté de la chorégraphie, comme il est décrit par une de ses élèves.

Taille moyenne, forme sahélienne, démarche mesurée, Idy Faye n’a pas l’image de ses 57 berges qu’il porte énergiquement. Composé de 38 danseurs dont 20 danseuses, le Ballet «Kondiof», selon M. Faye, tire son appellation d’un nom d’arbre sacré, où les Sérères font leur rituel.

« Depuis 1999, date de sa création, notre ballet ne cesse de faire la promotion de la culture sérère », souligne Idy Faye. C’est à partir de leur participation au Forum de la jeunesse à Dakar, en 2003, en présence du président d’alors, Me Abdoulaye Wade, au Stadium Marius Ndiaye, que le grand public a commencé à s’intéresser à ce ballet dont les pensionnaires enchaînent depuis invitation sur invitation.

Ensuite, « Kondiof » fait cap sur Bordeaux, en France, pour honorer un Festival en 2004, puis en Italie, à Marseille, avant de s’envoler, en 2013, en Algérie. Mais depuis ces trois dernières années, le Ballet Kondiof est sevré de contrat africain ou européen. La troupe est, par contre, de tous les grands festivals qui se sont tenus à Dakar.

« Kondiof » est une vraie école où se forment danseurs et percussionnistes. Pour l’intégrer, l’élève doit faire preuve d’engagement, d’assiduité aux séances de répétition et de respect à l’égard de son art qu’il a choisi délibérément. Ce que ces jeunes ont compris et se donnent à cœur joie surtout lors des cours du soir de ballet.

Les danseuses sont généralement des femmes de ménage qui viennent participer aux séances de répétition du lundi au jeudi, entre 18 et 19h30, à l’Ecole Manguiers, sise au quartier Fass. Avec une tranche d’âge comprise entre 17 et 30 ans, il n’est pas facile que les pensionnaires convainquent les parents ou époux pour pratiquer leur art.

« Chez les Sérères, il n’est pas acceptable qu’on exerce la profession de danse. Dès fois, des parents viennent m’interpeller pour me signifier qu’ils ne veulent pas que leurs fils ou filles fassent de la danse. Je suis obligé de les renvoyer. Je l’ai fait à plusieurs reprises, surtout avec les filles », se désole Idy Faye.

L’art, l’on ne le dira jamais assez, ne nourrit pas son homme au Sénégal, comme c’est le cas sous d’autres cieux. « Nous enchaînons les séances de répétition sans avoir un contrat de prestation qui dépasse rarement 100.000 FCfa. Les salaires sont suspendus aux spectacles qui imposent une sélection rigoureuse de nos danseurs », affirme-t-il.

Soutien aux ballets
Idy Faye dit ne pas comprendre la vie précaire des artistes, après un demi-siècle d’indépendance du pays. « Nous courons derrière un statut malgré que la création d’une Fédération des ballets et danse depuis près de 10 ans… », se plaint le directeur artistique de « Kondiof ».

En dépit des 2 millions de FCfa de subvention octroyés par l’Etat à la Fédération, Idy invite davantage les autorités à soutenir davantage les ballets sénégalais. « C’est la première fois que nous bénéficions de cette aide », affirme cet ancien pensionnaire de l’Orchestre national de la Compagnie théâtrale Daniel Sorano. Lieu où le chanteur Ouza Diallo l’avait repéré, en 1988. Idy Faye a ensuite formé avec les musiciens Pape et Cheikh, l’orchestre sérère dénommé « Samtamuna », qui s’est disloqué par la suite.

Aujourd’hui, Idy vit quotidiennement aux rythmes du Ballet «Kondiof». Et la danseuse Awa Joséphine Diallo le décrit comme un père pour eux. « Le Ballet Kondiof est une école… », témoigne Joséphine qui, depuis toute petite, a aimé la danse. Son père l’y encourageait.

Elle enchaîne les répétions et décide finalement de revenir à ses premières amours. « Je ne peux pratiquer que la danse », soutient cette mère de famille, âgée aujourd’hui de 30 ans. « Nous voulons la couverture médicale, la protection sociale, vivre comme les musiciens de notre pays. Nous dansons mieux que des artistes d’autres pays et pourtant, ils sont mieux traités », se désole la pensionnaire du Ballet Kondiof.

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