Caser ou récompenser tout le monde Le défi suicidaire de Macky

11 - Octobre - 2017

Youssou Touré et Mankeur Ndiaye ont été les derniers, cette semaine, à avoir été nommés Ministres par le Grand Manitou Macky, après qu’il y eu augmenté la taille de son Gouvernement par d’autres nominations de Ministres d’Etat et l’agrandissement du cercle de ses Ministres-Conseillers à ne rien faire.

Tout indique que le Président de la République est dans la dynamique de récompenser tout le monde en les casant à des postes de responsabilité dont le plus en vogue est celui de Ministre, ou tout simplement à leur fournir des avantages.

Les Ministres et Ministres délégués détenteurs de portefeuilles sont au nombre de 39. Ceux qui sont Ministres d’Etat sans portefeuille voient leur liste se rallonger avec l’arrivée de Mahmouth Saleh et de Marième Badiane, les derniers à être promus.

Les Ministres délégués se chiffrent à plus d’une trentaine et les nominations continuent.

Pis, les députés sortant vont bénéficier d’enveloppes financières qui vont varier entre 5 et 10 millions, en plus d’un terrain à Tivaouane Peulh.

Ces différentes nominations, dotations de fonds et d’avantages en nature, ne sont pas les seuls. La création d’institutions budgétivores à l’image du Haut conseil des Collectivités Locales (HCCT) d’Ousmane Tanor Dieng, celui du dialogue social avec Innocente Ntap Ndiaye, du dialogue des territoires que dirigeait Feu Djibô Leyti Kâ, obéit à cette logique de contenter tout le monde, partisans et alliés.

Dans la foulée, d’autres ont été promus PCA, Ambassadeurs itinérants, DG, alors que certains parmi eux ont atteint la date limite de l’âge à la retraite, sans aucune intention de débarrasser le plancher.
Certes, il reste toujours des frustrés parce que non-servis, mais la démarche du patron des lieux est suicidaire à plus d’un titre. Les fonds publics ne sont pas inépuisables et augmenter sans cesse les dépenses de l’Etat n’est pas forcément une bonne option.

Dépenses publiques en continuelle augmentation

Le caractère trop élevé de la dette publique a déjà fait l’objet d’alerte de la part du Fonds monétaire international (FMI) le mois dernier. L’encours de la dette publique du Sénégal a, selon le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, atteint 5 100 milliards de francs. Ce qui correspond à un peu plus de 60% de son Produit intérieur brut (Pib), là où l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) plafonne l’endettement des pays membres à 70 % de leur Pib.

Par ailleurs, le FMI a mis l’accent sur l’augmentation du service de la dette de 24% des recettes en 2014 et qui pourrait atteindre 30% en 2017.

C’est pourquoi, l’institution a notamment recommandé un « assainissement budgétaire ». Et sans être spécialiste des finances publiques, nous ne sommes pas sûrs que cela aille de pair avec l’augmentation exponentielle des dépenses de l’Etat avec la nominalisation tous azimuts de gens non-indispensables à de hauts postes où ils se tournent les pouces.

C’est à la limite suicidaire même si, parallèlement, l’inflation a été maitrisée à 2% et que le taux de croissance est à 6%.

Notre crainte, en effet, est de voir tous nos efforts de développement ou d’aspiration vers l’émergence annihilés par l’entretien d’une clientèle politique à des fins électoralistes.

Nous savons que de nombreuses contraintes pèsent sur le Président et qu’il a cette prérogative constitutionnelle de nommer aux emplois civils et militaires, mais le bon sens recommande d’éviter, dans un pays pauvre surendetté, de créer des postes taillés sur mesure pour entretenir des gens. Cela tue le sacerdoce qui entourait le travail et le goût de l’effort qui doivent être les seuls à être récompensés.

Au contraire, il suffit d’être dans le camp du pouvoir pour revendiquer sa part dans une dynamique qui a de forts relents de partage du gâteau. Ce qui fait un beau monde à caser ou à récompenser.

Ici, il ne s’agit plus du parti avant la patrie, mais de la coalition avant la patrie.

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