Célébration de la naissance du prophète de l’islam Le Maouloud ne fait pas l’unanimité

30 - Novembre - 2017

Une polémique est née au Sénégal sur la nécessité ou non de célébrer l’anniversaire de la naissance du Prophète Mouhamed (PSL), prévue aujourd’hui dans tout le pays et à travers le monde.

Si en effet une grande partie de la communauté musulmane sénégalaise s’active à honorer celui qui est considéré comme le Sceau des Prophètes, une autre partie reste convaincu que cela s’inscrit dans le cadre d’un ‘’ bida’’, une sorte de déviation par l’excès de zèle de musulmans qui s’éloigneraient de l’orthodoxie.

Ce débat fait malheureusement rage car dans de nombreuses mosquées du pays, les prêches de certains imams ont tourné vers l’interdiction de telles pratiques qui, selon eux, n’ont jamais coïncidé avec des recommandations du Prophète Mouhamed. Il va de soi que chacun y va avec son argumentaire. Certains sont par exemple sûrs de trouver dans les ‘’hadiths’’ des fondements à cette pratique. Des arguments vite balayés d’un revers de main par les autres.

Sans entrer dans le débat doctrinal pour lequel nous n’avons aucune qualification, il échet de faire remarquer que de plus en plus dans notre pays, s’érige une forme de dualité de la pratique religieuse chez des adeptes qui ne s’entendent sur rien. Des modes d’habillement à la manière de prier, les divergences sont parfois profondes et touchent des pratiques essentielles.

De l’allégeance à un marabout à la prière sur des tombes, en passant par des pratiques comme la célébration des Magals, des Gamous, les Musulmans de notre pays se crêpent le chignon par sermons interposés. Et les plus virulents sont ceux qui sont issus des tendances salafistes appelés souvent ‘’Hibadourahman’’. Et ces mouvements connaissent un certain essor dans nos quartiers et villages, menaçant même parfois les confréries auxquelles ils s’opposent vigoureusement.

Et même une ville comme Touba n’est pas épargnée. Déjà en 2015, les populations du quartier de Ndamatou avaient fermé une mosquée, reprochant à Serigne Djily Mbacké, fils de Serigne Mame Mor Dodj, de véhiculer des idées pro-salafistes. Le Khalife général avait été mis à contribution pour stopper net ses activités.

Serigne Modou Diop Diaobé, coordonnateur général de la Dahira Safinatoul Amann, qui s’était saisi de l’affaire, avait eu ces mots très durs : ‘’Ces genres de personnes sont financés par des pays étrangers. Ils tiennent des discours très graves. Ils disent même que la grande mosquée est un cimetière. Ils ne prient pas dans les mosquées de Touba.

Ils commencent à former un grand peloton. Nous avons tenu à informer le Khalife général des Mourides et restons à l’écoute de ses consignes…’’
Si en effet un coup de frein a été apporté à son développement à Touba, ce n’est pas le cas dans les autres localités du pays où le principe de la liberté de culte est protégé par la loi.

La liberté de culte, instauré par la Constitution mais aussi par la plupart des religions révélées, s’inscrit en faux contre toute pression morale ou physique pour croyance ou pratique religieuse, en conformité avec le respect de l’ordre public.

Malheureusement, de plus en plus d’incidents se produisent parfois dans des mosquées ou des adeptes se lèvent après un sermon pour chanter les louanges de leurs marabouts.

Si en effet l’Etat s’est fait le devoir de respecter toutes les formes de religions et d’obédiences religieuses en garantissant la liberté de culte, il en doit de même pour tous les citoyens qui, dans la pratique de leurs croyances, se doivent de faire le devoir de respecter celles des autres.

En conséquence, ceux qui veulent fêter le Maouloud doivent pouvoir le faire en toute quiétude, sans sentir le besoin de répondre à des détracteurs. Car, la civilisation musulmane, universelle et universaliste, n’est pas la civilisation arabe propre à un groupe de personnes. Par conséquent, l’Islam a certes des règles rigides, normées, mais elle s’applique à des sociétés aux réalités socio-culturelles différentes.

Alors méditons tous sur cette réflexion :
‘’Comme nous le dit Henry Corbin, le monde islamique n’est pas un monolithe ; son concept religieux ne s’identifie pas avec le concept politique du monde arabe. Il y a un Islam iranien, comme il y a un Islam turc, indien, indonésien, malais, etc. À l’image de cette remarque, nous pouvons ajouter qu’il n’y a pas une approche uniforme de l’islamité en Islam. Nous avons plusieurs types d’Islam et plusieurs manières de considérer la religiosité en son sein’’.
Bonne fête de Maouloud.

Autres actualités

16 - Février - 2019

Macky Sall répond à Me Wade depuis Diourbel : «Il n'y aura rien le jour du vote»

Alors que l'appréhension des Sénégalais monte en flèche au fur et à mesure que l'élection présidentielle approche surtout après les...

16 - Février - 2019

Inscriptions "frauduleuses" à la DAF : Birahim Seck: "les explications ne sont ni rassurantes, ni convaincantes"

Les explications fournies par le Directeur de la Communication et de la Formation de la Direction Général des élections ne semblent pas convaincre Birahim Seck, coordonnateur...

16 - Février - 2019

Mbour : Me Madické Niang promet de développer l’industrie de la pêche

Le candidat de la coalition ‘’Macky 2019’’, Me Madické Niang, a promis de développer l’industrie de la pêche en subventionnant les...

16 - Février - 2019

A Podor, Idrissa Seck lance une pique à Aissata Tall Sall

En campagne électorale à Podor, une commune du nord du Sénégal, située à 215 km à l'est de Saint-Louis, l'opposant Idrissa Seck, a osé...

15 - Février - 2019

A Kidira, Idy raille Macky: « pourtant, on pouvait prendre un hélicoptère »

Contrairement au candidat sortant, Macky Sall qui a pris un hélicoptère à cause de l'état catastrophique de l'axe Tamba-Bakel, l'opposant Idrissa Seck a choisi...