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Centres de stockage, Camions frigorifiques... : Quand la Mauritanie facilite l’accès des populations démunies au poisson

01 - Août - 2017

Le poisson étant une ressource nationale, la Mauritanie a mis en place un système pour en faciliter l’accès aux couches les plus démunies de la population.
L’expérience mauritanienne séduit. Elle peut même inspirer les autres pays de la région Wamer qui regroupe le Sénégal, la République de Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Cap Vert. La Mauritanie a mis en place un mécanisme pour faciliter l’accès au poisson des populations les plus démunies, c’est-à-dire celles qui, sans cette politique, n’auraient pu accéder à ce produit. Les autorités de ce pays ont imposé aux navires étrangers, dans les accords de pêche, de débarquer 2 % de leurs captures. Cette quantité n’est pas négligeable si l’on sait que 1.000 navires et 7.000 pirogues artisanales pêchent dans les eaux mauritaniennes. Et pour assurer un réel accès au poisson, en plus de ce quota, les autorités mauritaniennes ont créée, en novembre 2013, la Société nationale de distribution de poisson. Celle-ci veille à ce que le poisson arrive réellement aux bénéficiaires même ceux qui habitent dans les hameaux les plus reculés du pays et qu’il soit cédé à un prix symbolique (moins de 200 FCfa les deux kilos), explique Abdallah Aboubekrine, directeur de la distribution et de la logistique, à la délégation du Programme Gowamer constituée de parlementaires et de journalistes des six pays de l’écorégion Wamer.
Grâce à la coopération espagnole, la Mauritanie a construit des chambres froides de capacité variable dans les grandes villes dont les plus grandes du pays sont Nouadhibou – qui est le principal centre de collecte du poisson - et Nouakchott. La chambre froide de Nouadhibou a une capacité de 1.000 tonnes dont près de la moitié (450 tonnes) est exclusivement réservée à la consommation locale. Cette quantité couvre les besoins de la population cible, assure Abdallah Aboubekrine. Aujourd’hui, la Société nationale de distribution de poisson dispose de 29 centres de stockage dont 21 conteneurs frigorifiques, 4 plateformes logistiques, 4 centres logistiques dont 2 en construction ; 142 points de distribution ; 7 camions frigorifiques (4 camions de 40 pieds et 3 camions de 20 pieds) et 10 tricycles isothermes.
La capitale Nouakchott, à elle seule, dispose de 53 points de distribution. Ces équipements assurent un ravitaillement correct et régulier du poisson grâce à une planification. « Nous faisons un suivi régulier des stocks et tous les points de distribution où il reste trois jours de consommation sont approvisionnés», indique Abdallah Aboubekrine. Un agent qui travaille à la Société nationale de distribution de poisson sous le couvert de l’anonymat confie que les agents se font un point d’honneur de ne pas se ravitailler dans ce stock. A travers cette politique, la Mauritanie poursuit un double objectif : intégrer le poisson dans les habitudes alimentaires et enrichir le régime alimentaire des populations les plus pauvres. Le poisson est d’un apport vital à la sécurité alimentaire et nutritionnelle car il est de loin la source de protéine animale la plus importante.
Sous le charme, Momar Sow, chef de projet au programme «Gowamer», soutient que cette politique s’intègre dans la philosophie dudit programme dont l’un des objectifs est d’améliorer la disponibilité et l’accessibilité des produits halieutiques aux populations démunies dans l’écorégion Wamer. Il souligne que le poisson est une ressource nationale et elle doit profiter à tout le monde, particulièrement aux couches les plus démunies de la population. Un avis que partage Arnaud Comolet, coordonnateur du programme Gowamer, qui a soutenu les efforts du gouvernement mauritanien.
En 2014, le programme a appuyé la Société nationale de distribution de poisson sur deux activités importantes. Il a équipé trois points de distribution à Nouakchott avec des équipements légers de manipulation et des réfrigérateurs pour la conservation dans de bonnes conditions du poisson.
Son soutien a permis également de former trente gérants. Il est également programmé d’équiper six autres points de distribution et de les doter de kiosques démontables suivant les besoins exprimés dans les zones périphériques de la capitale.*
La pertinence de cette politique se trouve dans le fait que les exportations ne profitent qu’à un très petit nombre de personnes tandis qu’elles privent à un grand nombre l’accès à des protéines bon marché. L’équité sociale doit être de mise dans le commerce des produits halieutiques. D’où l’appel des responsables du programme Gowamer aux États de l’écorégion pour qu’ils instaurent des mécanismes de redistribution de la richesse générée par la filière, tout au long de la côte ouest africaine. Ainsi, les plus pauvres ne seront pas pénalisés par un accaparement des richesses marines par les plus nantis.

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