Chantre de la continuité : Macky digne fils de Wade
Mais qui est-ce qui a dit aux tenants du pouvoir qu’ils ont bien travaillé au cours de ces cinq dernières ? La question vaut son pesant d’or.
En effet, comme s’ils s’étaient réellement distingués ces dernières années dans la matérialisation de leurs promesses électorales, Macky Sall et ses collaborateurs n’ont qu’un mot à la bouche : « la continuité ».
Après le Premier ministre qui a campé le décor en inscrivant le plan d’action du nouveau gouvernement dans la continuité, du côté de l’Assemblée nationale aussi, on refuse la rupture. Elu ce jeudi président du Groupe parlementaire de la coalition Benno Book Yaakaar (BBY), Aymérou GNINGUE a quasi répété le discours de Mouhamed Boun Abdallah DIONNE. «Nous allons travailler dans la continuité, mais chaque individu a sa personnalité. Je suis un homme d’ouverture, de dialogue et je préfère à chaque moment mettre en avant les arguments techniques et financiers. Je ne suis pas dans la rhétorique politique, je suis plutôt dans le débat argumenté et de ce point de vue, j’apporterai certainement ma touche en tant que président du groupe parlementaire », a indiqué le remplaçant de Moustapha DIAKHATE.
Si les nouveaux députés s’inscrivent dans la continuité de cette défunte 12e législature présentée comme la plus nulle de l’histoire du Sénégal, les bagarres et autres querelles de borne fontaine ne sont pas prêtes à quitter l’hémicycle.
Les ministres, comme inspiré par leur patron, ont également entonné le refrain de la «continuité». «Ce sera un changement dans la continuité. Une continuité des politiques clairement définies par le président de la République Macky Sall et (jusque-là) exécutées par le ministre Mankeur Ndiaye», a martelé Me Sidiki Kaba qui recevait le témoin des mains de Mankeur Ndiaye. Celui qui remplace le nouveau chef de la diplomatie sénégalaise à la tête du ministère de la Justice ne s’est pas non plus fait prier pour chanter la continuité. «Sidiki Kaba a amené la justice là où elle est. Je ne ferai pas de grandes déclarations pour proclamer des ruptures. Notre action sera une harmonieuse conjugaison de la continuité et de l’innovation pour poursuivre la perspective de modernisation de la justice que le ministre Sidiki Kaba a commencée».
Le vent de continuité qui berce la République vient à en pas douter de la présidence de la République. Le maître des lieux sans avoir besoin de le dire continue, enracine même l’œuvre de son prédécesseur. Macky Sall, qui avait promis de faire autrement, d’impulser le changement et de créer la rupture par rapport à ce qui se faisait, s’est endormi avec ses promesses sous son oreiller. Sa famille est au cœur des affaires de l’Etat. Son mandat n’a pas été réduit. Ses ministres dépassent la cinquantaine. Reubeus devient l’antichambre des contestataires qui sont brisés. L’argent de la corruption coule à flot. Macky est président de la République et président de son parti qui se réunit de temps à autre au palais de la République…