Cheikh Sadibou Fall sur l’absence de Karim Wade : «On ne peut mener un tel combat hors du territoire»
Pour Cheikh Sadibou Fall, le ministre de l’Intérieur raconte «n’importe quoi» en déclarant que Karim Wade, candidat déclaré du Pds, ne figure pas sur les listes électorales. Mais il reconnaît qu’on «ne peut pas mener un tel combat en étant absent du territoire national».
Karim Wade, candidat déclaré du Parti démocratique sénégalais (Pds) en 2019, ne figure pas sur les listes électorales. La révélation a été faite par Aly Ngouille Ndiaye à l’Assemblée nationale, lors du vote de la loi portant modification du Code électoral. Le Pds ne prend pas au sérieux cette déclaration. Pour Cheikh Sadibou Fall, «le ministre de l’Intérieur raconte n’importe quoi parce que Karim Wade s’est déplacé. On l’a vu. Il a eu un récépissé. Pourquoi son inscription ne serait-elle pas valide» ? Le responsable libéral qui était l’invité du «Grand jury» hier range la sortie de Aly Ngouille Ndiaye dans les «manœuvres qui sont mises en place pour empêcher l’effectivité de cette inscription» de Wade-fils.
«Les réactions que nous avons entendues du pouvoir en place prouvent qu’ils sont en train de tout faire pour que Karim Wade ne participe pas à ces élections. Les sorties du ministre de la Justice et de son collègue de l’Intérieur sont presque une directive au Conseil constitutionnel sur la voie à suivre au cas où Karim Wade se présenterait ou sa candidature serait présentée. Ce qui n’est pas normal», soupçonne-t-il. Mais pour lui, c’est peine perdue, car Karim demeure le seul choix du Pds pour la Présidentielle.
Seulement, M. Fall n’a pas manqué de cracher ses vérités à son camarade de parti exilé au Qatar et qui a plusieurs fois annoncé son retour non encore effectif. Il dit : «Il est temps qu’il (Karim) soit là parce qu’on ne peut pas mener un tel combat en étant absent du territoire national. Je sais qu’il y a des obstacles posés par le pouvoir, qu’il y a des craintes par rapport à sa sécurité, mais c’est un combat politique ; et un combat politique, forcément, comporte des risques.» Tout de même, l’ancien ministre de l’Intérieur sous Wade ajoute : «Nous sommes confiants que Karim Wade va respecter ses engagements par rapport au parti et qu’il va être là pour être notre candidat avec la coalition qui est avec nous pour aller à l’élection présidentielle.» Et d’ajouter : «On a mis un obstacle majeur dans ce dispositif-là du jugement qui a été rendu par la Crei. C’est le problème de l’amende. Ça été fait à dessein. Parce que c’est pour que, demain, s’il pose sa candidature, on lui oppose la contrainte par corps comme ils disent et qui ne repose sur rien.» Il croit quand même dur comme fer que Karim Wade sera au Sénégal avant 2019. Quant à la saisine du Conseil constitutionnel par l’opposition pour l’annulation de la loi électorale, il ne fonde «pas beaucoup d’espoir».
Revenant sur les leçons du passé de l’ancien régime libéral, notamment la journée du 23 juin 2011, Cheikh Sadibou Fall admet que leur régime avait «fait le pas de trop» en proposant le quart bloquant. A cela, reconnaît-il, s’est ajoutée l’arrogance. «Le pouvoir, c’est quelque chose de sensible. C’est pourquoi je demande à mon frère Macky Sall de faire attention parce que les gens qui l’entourent, le plus souvent, ne lui disent pas la vérité. Ils lui racontent des histoires. Ils le gonflent», dit-il.