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Classé 3ième avec 15,67% des suffrages : Ousmane Sonko, la révélation du scrutin présidentiel

05 - Mars - 2019

De phénomène, il est parti pour devenir, dorénavant, un fait politique tangible aux manifestations incontournables. Ousmane Sonko, leader des Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) est la révélation de la dernière élection présidentielle. Cet homme au pedigree riche est apparu sur la scène politique nationale avec la vitesse d’une météorite en phase de bouleverser le champ politique traditionnel. Ainsi, votre quotidien le Temoin retrace l’ascension fulgurante et les péripéties politiques de ce jeune leader dépositaire d’une nouvelle donne politique dans un Sénégal à la croisée de son destin.
Parcours et ascension politique d’un leader né
Il vient de loin. Né en 1974 à Thiès, Ousmane Sonko, après de brefs passages à Sébikotane et Vélingara, grandit principalement à Ziguinchor où il obtient son baccalauréat avant de poursuivre des études de droit à l’université Gaston Berger de St Louis. Maitrise en poche, le jeune Sonko entre par voie de concours à l’Ecole nationale d’administration(ENA) et ressort de cette pépinière des cadres de l’Administration en 2001, en tant qu’Inspecteur des Impôts et Domaines. Ainsi, si, en 2005, la création sous sa houlette du Syndicat autonome des agents des Impôts et Domaines (SAID) l’a propulsé sur le devant de la scène, son entrée en politique en 2014 sous la bannière du PASTEF, a constitué une tournure dans la conduite des affaires publiques au Sénégal. Révélations sur révélations, Sonko devient vite le « chouchou » des médias qui voient en lui une source d’infos de première main dans un contexte médiatique monotone. Dans sa ligne de mire, le pouvoir en place avec à sa tête le président Macky Sall qu’il accuse de faire œuvre de népotisme fiscal et de bradage des ressources naturelles de notre pays au profit de puissances étrangères et de lobbys. Mais aussi du propre frère du président Sall.
Hélas brusquement, sans qu’on ne s’y attende guère et en plein vacarme médiatique suscité par ses sorties au vitriol, le technocrate se voit radié de la Fonction publique par décret présidentiel signé le 29 août 2016, pour motif de manquement à l’obligation de discrétion professionnelle. Pour lui, les dés sont jetés. Ainsi, le leader du Pastef entre de plain-pied dans l’espace politique et participe aux élections législatives de juillet 2017 à la tête de la coalition «Ndawi Askan Wi» sortie en 6ème position du scrutin avec 33706 voix. Un résultat honorable qui permet à l’ancien énarque devenu député, d’entrevoir déjà un avenir politique radieux sous le sceau du patriotisme. Après ce succès d’estime, le jeune leader de 45 ans se lance dans la course à la magistrature suprême, cette fois-ci sous la bannière de la coalition dénommée «Sonko président». Drainant des foules partout où sa caravane est passée lors de la campagne électorale, Ousmane Sonko s’est hissé finalement sur le podium présidentiel avec 687.065 voix, soit 15,67 % des suffrages valablement exprimés. Une prouesse, voire un excellent résultat, pour une première participation à une élection présidentielle, de l’avis de tous les observateurs avertis. Jadis présenté comme un phénomène ou candidat des réseaux sociaux, Ousmane Sonko apparaît incontestablement aujourd’hui comme une réalité politique intangible, la révélation majeure de l’élection présidentielle du 24 février dernier.
Sa force politique : son discours et sa vision
Changement total de paradigme politique pour arriver à l’anéantissement du système. Telle est l’approche qui ressort discours du nouveau prodige politique face à une population composée majoritairement de jeunes en quête de repères et de souffle nouveau pour sortir du gouffre économique suite aux échecs successifs des différents régimes. Les effets escomptés n’ont pas tardé. Et Sonko ne s’empêche pas de le souligner d’ailleurs. « Mon discours a changé la donne politique au Sénégal », s’est-il targué lors de l’étape de Kolda de sa campagne présidentielle. Fait indéniable.
Le jeune leader a réussi à imposer sur la place publique des questions considérées autrefois comme taboues sur tous les débats concernant la marche du pays. En ce sens, sous sa posture de souverainiste convaincu, Sonko prône la sortie du Sénégal du francs CFA, monnaie qu’il considère comme outil d’exploitation économique de la France sur ses anciennes colonies. Une nouvelle offre politique voit ainsi le jour, poussant quasiment tous les candidats au scrutin à se prononcer sur la question. Mieux, le chantre de l’anti-Système ne s’arrête pas à cette question du CFA dans sa volonté de mettre fin à certaines pratiques qu’il estime aux antipodes de la bonne gouvernance. La suppression des fonds politiques du président de la République ou, à tout le moins, la soumission de leur gestion à un contrôle strict constitue un des axes majeurs de son programme.
Son apport sur l’échiquier politique, « L’avenir, c’est maintenant »
Une dose de scientificité. C’est son apport sur l’échiquier dans un espace politique sénégalais caractérisé ces dernières années par une pauvreté intellectuelle sans précédent. Faisant fi de ce « Système », Sonko s’est distingué par un goût à l’investigation et un pédantisme sanctionnés par deux ouvrages en moins de deux ans. Il s’agit de « Pétrole et Gaz au Sénégal : chronique d’une spoliation » et « Solutions, pour un Sénégal nouveau. » De quoi ravir les jeunes et l’élite longtemps dégoûtés de la classe politique actuelle vue sous l’angle de la médiocrité. Au cœur des jeunes et des Sénégalais de la Diaspora, le verdict des urnes classe Ousmane Sonko, aujourd’hui dans les cœurs des jeunes vivants au Sénégal et de nos compatriotes de la Diaspora comme le jeune leader politique le plus influent au Sénégal. Trois jours après la publication provisoire des résultats, le jeune patron de Pastef a tiré le bilan de la présidentielle en saluant « la maturité du peuple sénégalais et son attachement aux règles démocratiques » mais aussi en dénonçant de la part du régime en place, une «entrave aux règles démocratiques et un scrutin biaisé en amont et conduit de façon cavalière ». Ce qui aurait eu pour effet de « priver des millions de Sénégalais de leur droit de vote».
Pour le président du PASTEF, assumant son « statut d’opposant et d’acteur politique de 1er rang », « l’avenir c’est maintenant », d’où son appel à tous les Patriotes pour « la vraie rupture ». Des remerciements à tous ceux qui lui ont fait confiance, particulièrement à la jeunesse, à la diaspora, mais aussi à la presse. Exigeant des réformes institutionnelles urgentes, il se veut porteur de l’espoir de ce peuple « déçu » qui a exprimé en vain son « désir de changement et de rupture » avec le bond en avant exceptionnel qui a été le sien entre les législatives et la présidentielle. En projet, une tournée nationale et internationale de remerciements et pour « l’émancipation économique et le progrès social au Sénégal ». Interpelé sur l’affaire des 94 milliards (Ndlr, somme représentant le montant d’un détournement qu’aurait commis le directeur des Domaines, Mamour Diallo, une affaire que Sonko a révélée), le candidat des Patriotes a répondu que c’est lui qui a saisi la justice et attend sa réaction. En tout cas, la présidentielle 2019 aura révélé la naissance d’un homme nouveau porteur d’un discours de rupture. Un pari pour l’avenir.

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