Clôture du festival « Ciné droit libre » : Une fusion artistique au service de l’humain

27 - Septembre - 2016

Clôture du festival « Ciné droit libre » : Une fusion artistique au service de l’humain

Des moments intenses de communion où l’humain a été défendu, ses droits et sa dignité exaltés ont été vécus lors de la clôture de la 3e édition du festival « Ciné droit libre », samedi dernier, à la Maison de la culture Douta Seck. Les artistes, dans la diversité de leurs expressions, ont porté un message universel. L’humoriste ivoirien Adama Dahico, avec ses délires instructifs, a égayé le public. Cheikh Lô, Awadi et Adé Bantu, artiste nigérian, accompagnés de jeunes musiciens et la communauté gabonaise en ont rajouté à son plaisir. La projection du film documentaire « Le réveil de l’éléphant » de Souleymane Drabo recouvre toute la symbolique de ce festival qui s’emploie à promouvoir et à défendre les droits humains et la liberté d’expression.

L’humoriste ivoirien Adama Dahico a ceci de fascinant qu’il narre le drame de l’Afrique avec une agilité exquise. Il tourne en dérision le chantre de la démocratie tropicalisée, « le dictateur bien aimé » de ses suppliciés, en apportant une certaine brillance dans le débat hermétique proposé par les élites. Sa partition, à travers d’abord sa présence scénique et ensuite la projection de quatre discours du « souverain » africain, a été bien appréciée par le public, heureux de le voir jouer au maître de cérémonie. « Le réveil de l’éléphant » du réalisateur burkinabé Souleymane Drabo s’exprime dans le même registre de la réflexion sur les conduites qui entravent l’évolution du continent avec moins de saillies divertissantes.

Ce film documentaire est à la fois un cri de réprobation et d’espoir auquel a été sensible une âme consciente et généreuse, Issiaka Diaby. Ce dernier, fondateur de l’Association des victimes de Côte d’Ivoire, meurtries et dépouillées par une décennie de guerre, apporte du réconfort à ses concitoyens. Il s’emploie, depuis des années, à accompagner les 15.000 membres de cette structure pour leur prise en charge et leur indemnisation, tout en veillant à ce que la rancune ne porte atteinte à l’unité nationale. Son message n’est pas celui de la haine. Il s’inscrit dans un avenir que les Ivoiriens devront envisager ensemble dans le respect de la douleur des infortunés et dans la foi à un futur en communion.

Spectacle de fusion
Issiaka Diaby l’a dit lui-même à la fin de la projection du film : « Nous devons lutter contre les maux de notre continent et porter les combats justes ensemble, tout en ayant une pensée pour nos victimes ». Le réalisateur a abondé dans le même sens pour s’offusquer de « la cupidité de certains dirigeants africains » porteuse de périls.

C’est comme si les esprits s’étaient concertés avant de monter sur scène. Le mal a été diagnostiqué et la flamme ravivée. Les peuples d’Afrique construiront eux-mêmes leur destin. « Les frères du Sud », groupe casamançais qui excelle dans l’afrobeat, ont été les premiers à le dire par des notes enchanteresses. Ils chantent leur terre maculée de sang comme pour faire écho au « Réveil de l’éléphant ». La communauté gabonaise, bien représentée à la fête, a également offert un spectacle de fusion assez révélateur de la situation post-électorale de leur pays. Ils ont exploré diverses expressions artistiques pour montrer leur désappointement. Le jeune et talentueux musicien Boubacar Diallo a adouci les cœurs en interprétant « Africa » d’Ismaël Lô, sous les ovations.

Adé Bantu, chanteur nigérian, et le rappeur sénégalais Didier Awadi ont procuré au public d’agréables moments où la fureur des instruments et la puissance des voix ont martyrisé les corps. Le musicien Cheikh Lô les a tempérés avant de les faire échouer au rivage du rythme fluide où le message est panafricain…, humain.

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