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Commémoration de la disparition de Sembéne Ousmane : Son œuvre revisitée 10 ans après

27 - Avril - 2017

Commémoration de la disparition de Sembéne Ousmane : Son œuvre revisitée 10 ans après

2007-2017. Dix ans que le cinéaste Sembène Ousmane quittait ce bas-monde laissant derrière lui un univers éploré. A l’occasion de la commémoration de sa disparition, la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture (Cacsen) et Daaray Sembène ont organisé une table ronde autour du thème « L’œuvre de Sembène Ousmane au cœur de l’actualité ».
Né le 1er avril 1923 à Marsassoum, dans le sud du Sénégal, Ousmane Sembène était un homme multidimensionnel. Il aura surtout été l’un des cinéastes les plus prolifiques de sa génération. Pourtant, rien ne présageait l’issue d’une telle carrière. Issu d’une famille modeste, il sera confié à son oncle qui fut, par ailleurs, le premier instituteur de ce village. A la mort de ce dernier, Ousmane Sembène sera renvoyé de l’école à la suite d’une petite altercation avec son directeur d’alors malgré ses onze piges. Un esprit « rebelle » qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds et qui forgea en lui un solide caractère malgré son jeune âge. Déjà confronté à la dure réalité de la vie, Ousmane Sembène s’est, toutefois, essayé à la passion de son père, la pêche. Un métier qu’il pratiqua jusqu’à sa mobilisation par l’armée française lors de la seconde guerre mondiale en 1942.Une histoire venait alors de naître puisque le jeunot se découvre une vocation au pays de Marianne, l’écriture.
Pour l’enseignante Hadja Maï Niang, « parallèlement à son travail de docker au port de Marseille, Sembène n’hésitait pas à tremper sa plume à ses heures perdues. Ainsi, en 1956, il sort son premier livre « Le docker noir ». Cette première retrace son enfance, son parcours et son travail dans une production très appréciable pour un autodidacte. Il y prend goût et sort, dans la foulée, sa deuxième production « Les bouts de bois de Dieu », une vraie épopée qui relate la grève des cheminots, et les conséquences qui en découleront. Conscient que son message avait du mal à passer pour la masse populaire africaine illettrée, Sembène Ousmane s’essaye par la suite au cinéma, influencé en cela par Patrick Lumumba, ancien Premier ministre congolais dans une image qui lui restera longtemps gravée dans la mémoire.
Selon Andrée-Marie Diagne, « cette réflexion l’a poussé à produire la pièce « Borom charrette », premier film court métrage de fiction d’Afrique noire francophone dans lequel il dénonce les tares de la bourgeoisie africaine. Ainsi, « Ô pays, mon beau peuple », un chant de retour aux sources est venu confirmer son engagement. A travers « l’Harmattan », Sembène Ousmane s’est joint au combat pour l’indépendance du Sénégal, tout ce grouillement de personnes qui se battent pour dire non au référendum. S’ensuit « Xala », traduit littéralement comme une impuissance sexuelle temporaire mais qui, finalement, s’avère être une métaphore. En effet, le pionnier du cinéma africain invite la bourgeoisie africaine à jouer le rôle qui doit être le sien et refuser de se perdre dans des compromis.
« Quand nous avons décidé d’intituler ce colloque « L’œuvre de Sembène Ousmane au cœur de l’actualité », c’est pour montrer toutes les résonances de ces œuvres nées au 20e siècle et notre vécu aujourd’hui, ce qui confirme que ses œuvres collent parfaitement à l’histoire de notre pays, à l’histoire du continent africain, fera-t-elle remarquer. Que dire donc du film « Camp de Thiaroye » réalisé dans le dessein de rétablir la vérité.
Enracinement
Mais selon toujours Andrée-Marie Diagne, « Guélewaar » est le plus abouti. Renvoyant à une image de guerrier, de résistant, le film est aussi une façon pour Sembène Ousmane, en plein dans la société post-coloniale, de poser la question de la coexistence pacifique entre les confessions religieuses. Va-t-on vers une confrontation parce qu’on s’est trompé en enterrant la dépouille d’un musulman dans un cimetière chrétien ?
La réflexion est permise. Au-delà des sujets abordés, il y a des personnages très fortement construits, des décors historiques, de l’ambiance dans toutes ses réalisations. « Sembène écrit pour son peuple, pour l’Africain, pour parler de nos problèmes, en ayant les pieds enracinés dans ce concret que nous vivons tous les jours mais la tête loin dans les airs pour projeter ce que devrait être l’Afrique et les Africains qu’il souhaite », finit-elle par concéder.

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