Déclaration préalable à l'embauche (DUE)

25 - Septembre - 2018

A quelques jours de la rentrée scolaire de l’année académique 2018/2019 (les enseignants retrouveront le chemin de l’école le 3 octobre prochain tandis que les élèves s’y mettront le lendemain 04 octobre), les partenaires sociaux du système éducatif jugent le bilan de la gestion et du pilotage de Serigne Mbaye Thiam à la tête du département de l’Education nationale. Sous le prisme des résultats nationaux des examens du Bac (35%), Bfem (52%) et Cfee (55%) et la prise en charge des revendications inscrites dans le protocole d’accords, syndicats d’enseignants et syndicat de l’inspecteur déclinent un bilan mitigé de leur ministre de tutelle. Les syndicats fournissent un «solide» corpus de la politique des contreperformances de Serigne Mbaye Thiam. Ils pointent du doigt la formation des enseignants, la disponibilité du matériel pédagogique, la taille des classes, les abris provisoires, avec des conditions d’hygiène et de sécurité problématiques. Non sans dégager en touche que le rendement de l’apprenant ne doit pas être renvoyé systématiquement au seul facteur explicatif du quantum horaire. Pour les parents d’élèves, la prise en charge de ces questions doit faire l’objet d’une solidarité gouvernementale pour régler définitivement ces questions éducatives.

ABDOURAHMANE GUEYE, SG UDEN : «Le bilan du ministère est insatisfaisant»
Le taux de réussite du Bfem tourne autour de 52,11%. On peut comprendre que nous avons atteint la moyenne pour cette évaluation certificative. Pour l’examen du Baccalauréat, nous ne pouvons pas atteindre depuis plus de dix ans la barre de 50%, alors que le document de normes et standards de la qualité du ministère de l’Education de 2013 fixe un objectif de 80% de maitrise des enseignements-apprentissages par 80% d’apprenants. Nous constatons pour le regretter, une insuffisance des résultats. Beaucoup de facteurs explicatifs peuvent être convoqués, notamment le déficit en manuels pédagogiques, d’équipements. Sans oublier la question des abris provisoires qui pullulent à l’intérieur du pays. L’absence d’encadrement des enseignants est un principal problème du système. Nous sommes loin du ratio indiqué entre le corps d’encadrement, notamment les inspecteurs et la pléthore d’enseignants. La grève du syndicat des inspecteurs aggrave une situation déjà cahoteuse.
Nous pouvons noter le manque de maitrise du système d’évaluation des enseignants de l’élémentaire. Sur la question du pilotage, les rencontres organisées par le ministère devraient constituer des moments où on abordera des questions stratégiques du système éducatif. On ne discute que des accords. Or, ces rencontres entre le ministère et les partenaires sociaux devraient aussi s’articuler autour des questions suivantes : comment faire pour relever le niveau des élèves, comment faire pour booster les taux de réussite ? Nous passons tout notre temps à dire : vous avez fait ceci ou cela. C’est un réel problème. A la considération de ces différents paramètres, nous estimons que le bilan du ministère est insatisfaisant. Nous avons l’impression que le ministre Serigne Mbaye Thiam a des difficultés avec ses administrateurs pour discuter des problèmes stratégiques. Les inspecteurs sont à leur énième plan d’action. Ils peinent même à être reçus pour une réunion. Au niveau de l’Uden, le nouveau bureau a été reçu par tous les ministères concernés, sauf lui.
EL CANTARA SARR, SG SIENS : «Nous n’avons pas senti le portage de nos préoccupations par la tutelle»
Nous avons constaté un léger mieux pour les résultats du baccalauréat de 2018, comparés aux taux de réussite de l’année dernière. Nous avons gagné 4 points. Les examens du Bfem et du Cfee ont enregistré respectivement 52% et 55%, selon les informations reçues. Nous sommes dans un cycle de contre-performances. Il faut que nous arrêtions de renvoyer systématiquement les performances scolaires au seul facteur explicatif du quantum horaire. L’exemple des résultats nationaux de 2017 comparés à ceux de 2018 est là pour nous démontrer le contraire. En plus des facteurs de disponibilité du matériel pédagogique, la taille des classes et la formation des enseignants, le rendement des élèves peut aussi être analysé sous l’angle de la nature des épreuves et le type d’évaluation. Ces considérations peuvent faire l’objet d’une discussion pédagogique. Nous ne parvenons pas à stabiliser les déterminants de la qualité. Pour le Cfee, il faut questionner les performances en prenant les copies des élèves pour identifier les sources d’erreurs dans une perspective de remédiation. Le Bfem est en passe de devenir un diplôme-maison. Nous enregistrons des performances dans les zones déshéritées, comparativement aux résultats observés au baccalauréat. Il faut interroger le cadre réglementaire portant organisation de cet examen du moyen. Un acte administratif oblige les enseignants à ne pas dépasser 70km pour la correction. Au regard des investissements financiers, nous constatons quelques velléités d’améliorer les conditions d’apprentissage, notamment l’environnement scolaire, la réduction des abris provisoires. Nous n’avons pas senti le portage de nos préoccupations par la tutelle. Le Siens marque son inquiétude dans un contexte de post-élection de représentativité. Nous exprimons des préoccupations qui embarrassent des problématiques générales. Nous attendons fortement l’ouverture de plénière pour que les problématiques soient exprimées par les membres du corps de contrôle attachées à la carrière, au cadre réglementaire et aux conditions de travail.
ABDOULAYE FANE, PRESIDENT UNAPEES : «Nous constatons l’absence de solidarité gouvernementale pour régler définitivement ces questions éducatives»
Sur la gouvernance relativement des questions revendicatives des enseignants, nous pouvons retenir que le ministre de l’Education semble porter le fardeau des problèmes posés par les syndicats. Le ministère de la Fonction publique, celui des Finances et d’autres ministères techniques doivent prendre en charge chacun en ce qui le concerne les questions récurrentes qui sont à l’origine des perturbations. Ils ne tiennent même pas des réunions sectorielles pour échanger sur les questions toujours pendantes. Nous constatons l’absence de solidarité gouvernementale pour régler définitivement ces questions. On ne semble viser que le ministère de l’Education nationale et un peu le ministère de la Fonction publique. Sur les résultats des examens nationaux, nous avons constaté un léger mieux. Depuis 2014, nous enregistrons plus de 60% d’échec. Le Bac technique enregistre 51% d’échec. Si nous réglons les questions de grèves cycliques, nous n’en serions pas arrivés là. La prochaine rentrée scolaire ne s’annonce pas sous de bons auspices. La question du suivi des accords, notamment le versement de la première tranche des indemnités de logement, est attendue au mois d’octobre. Il faut aussi prendre en compte la grève des inspecteurs qui sont appelés à former les professeurs et encadrer les élèves-maitres. S’y ajoutent les examens professionnels et l’encadrement pédagogique. Ce qui peut avoir des incidences notoires sur le déroulement normal de l’année prochaine.
ABDOULAYE NDOYE, SG CUSEMS : «Le ministre de l’Éducation a fait le choix de ne plus assister aux réunions de concertation»
Le système éducatif sénégalais est malade parce que nous avons des enseignants qui sont qualifiés mais très démotivés et démoralisés. Ils travaillent dans des conditions très difficiles: des abris provisoires, des classes pléthoriques, une absence de documentation, des retards de salaires et la réduction des crédits qui entraine un sur charge du travail. S’y ajoute que, depuis 2004 au Sénégal, on assiste à une dérégulation exponentielle du régime indemnitaire au détriment des enseignants et une augmentation des écarts. Conséquence, on assiste à une migration massive des enseignants vers d’autres corps de l’Etat où ils sont mieux payés. Nous avons constaté un déficit de professeurs au niveau de plusieurs domaines dont les mathématiques, la philosophie et la langue espagnole. Le management du département de l’éducation nationale pose aussi problème. La gestion de la crise scolaire de l’année dernière laisse à désirer. A l’heure où je vous parle, nous avons aussi plusieurs questions en suspens et pendant ce temps, le ministre de l’Éducation a fait le choix de ne plus assister aux réunions de concertation. Il est devenu un abonné absent. Cette démarche ne contribue pas au règlement des problèmes ».

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