Demande de levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall : le Procureur désavoue Me Sidiki Kaba

27 - Octobre - 2017

Le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, a, selon nos confrères de Libération, introduit à l’Assemblée nationale une demande de levée de l’immunité parlementaire de Khalifa Sall.

Cette démarche obéit à une logique de précaution, ‘’dans le but d’éviter toute mauvaise surprise des conseils de Khalifa Sall dans la perspective d’un procès que le ministère public a procédé de cette manière’’, selon un membre du Parquet interrogé par nos confrères.

En réalité, il n’en est rien. Ou l’immunité existe ou elle n’existe pas. Or, dans le cas d’espèce, le Procureur ne joue pas à la roulette russe. On ne lève pas ce qui n’existe pas. Il sait parfaitement ce qu’il fait. S’il introduit une demande de levée, c’est qu’il atteste, de facto, l’existence de cette immunité. C’est loin d’être une simple précaution.

En conséquence, il s’inscrit en porte-à-faux avec ce que l’ancien Ministre de la Justice, Me Sidiki Kaba, avait dit à savoir que l’immunité n’est pas applicable à Khalifa Sall car les faits qui lui sont reprochés sont antérieurs à son statut de député.

Cet argumentaire a d’ailleurs été repris par de nombreuses personnalités proches du régime de Macky pour qui Khalifa Sall ne doit nullement sortir de prison du fait de cette immunité.

D’ailleurs, la requête dans ce sens introduite par ses conseils n’avait pas prospéré. Le Maire de Dakar est resté en prison.
Aujourd’hui, l’ancien Ministre de la Justice a été manifestement désavoué. Le Procureur atteste, par sa démarche, de l’existence de l’immunité parlementaire pour Khalifa.

Il ne saurait d’ailleurs en être autrement. Dès que le député est élu, il en bénéficie. Si le Maire de Dakar peut être élu, c’est que rien ne s’oppose à ce qu’il soit couvert par cette immunité dès lors qu’il n’a pas été condamné et qu’il bénéficie de la présomption d’innocence.

D’ailleurs, le député Barthélémy Dias en avait bénéficié dans les mêmes conditions. La Justice ne saurait cautionner une discrimination selon la tête du « client ».
Les conséquences juridiques, c’est que Khalifa Sall devrait être immédiatement libéré, quitte à le replacer sous mandat de dépôt si la procédure l’exige après la levée de son immunité.

Il est en effet important, de la part de nos autorités, de respecter nos textes de loi surtout quand leur application ne souffre d’aucune ambigüité. On n’a voulu interpréter autrement les textes, leur faire dire autre chose que celle pour laquelle ils ont été votés.

Au demeurant, l’immunité parlement doit par ailleurs être protégée. Si la loi veut mettre à l’abri le député, c’est dans le souci d’éviter un ‘’Gouvernement des juges’’ par lequel ce pouvoir judiciaire empêcherait à un député de siéger à l’Assemblée nationale alors qu’il a obtenu mandat du peuple. Il s’agit, en clair, de les protéger dans le cadre de leurs fonctions des mesures d’intimidation venant du pouvoir politique ou des pouvoirs privés et de garantir ainsi leur indépendance.
C’est ce qui s’est passé en l’espèce.

Au nom de quoi le juge aurait le pouvoir d’empêcher, sans qu’il y ait un procès et en vertu de la présomption d’innocence, à un député d’être libre de ses mouvements ? Nous ne sommes nullement en flagrant délit et la levée de l’immunité s’impose. Alors sa détention devient arbitraire.

La question n’est pas de défendre un maire, mais des principes que nous avons votés. C’est juste une question de bon sens.

Si rien n’est fait, alors l’immunité parlementaire au Sénégal perdra tous ses effets juridiques de protection.

Autres actualités

03 - Novembre - 2020

Sa gestion du CESE accablée, Mimi sort les griffes: "Nul ne peut ternir ma réputation et mon intégrité"

Non reconduite de son poste de Conseil économique, social et environnemental, Aminata Touré ne compte pas laisser le régime en place la liquider. En réaction à...

03 - Novembre - 2020

Alliance Idy-Macky: ça pue partout la rancœur et l’animosité

Avec l’environnement morose qui prévaut dans le pays, on pensait que l’air serait plus respirable après la formation du nouveau gouvernement de Sall. Mais ça va...

03 - Novembre - 2020

Rentrée scolaire 2020-2021: Mamadou Talla veut faire du concept "Oubi Tay, Diangue Tay", une réalité

La rentrée scolaire 2020-2021 est prévue le 12 novembre prochain pour tous les élèves de la préscolaire à la Terminale. Un séminaire sous le...

26 - Octobre - 2020

Moustapha Diakhaté plaide pour la criminalisation l’émigration clandestine

L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY) a plaidé pour une criminalisation de l’émigration clandestine qui tue des centaines de jeunes...

26 - Octobre - 2020

150 migrants sénégalais tués: Macky victime d’un web-lynchage

Macky Sall a choisi Facebook pour présenter ses condoléances aux migrants sénégalais qui ont péri dans l’explosion d’une pirogue en mer. Mal lui en...