Des intellectuels discutent de l’abandon du Cfa : UN DÉBAT FRANC À DAKAR

13 - Septembre - 2017

La sortie du franc Cfa anime les discussions sur le continent. Si les activistes les plus irréductibles veulent une sortie immédiate, les intellectuels restent plus mesurés. C’est le cas du Dr Ndongo Samba Sylla qui prône un scenario de sortie en plusieurs étapes.
Un peu partout sur le continent, le front anti-Cfa étend ses tentacules. Aux premières loges, on retrouve des activistes prônant une rupture immédiate avec la monnaie coloniale. Les intellectuels du continent, un peu moins audibles, prônent la prudence. Parmi eux, le chercheur de la Fondation Rosa Luxembourg, Ndongo Samba Sylla. Bien que très critique contre le Cfa, Ndongo Samba Sylla estime qu’une grande réflexion doit être menée. L’économiste soutient en effet qu’une monnaie unique continentale n’est peut-être pas une bonne idée. «Je pense qu’avoir des blocs monétaires différents, qui seraient centralisés par une banque centrale africaine, serait une option préférable ; parce que la monnaie et le crédit sont des instruments importants et il faudrait que le Peuple puisse en bénéficier.»
Le Dr Sylla, qui était hier le discutant de la communication donnée par le Pr Horace Campbell de l’université du Ghana au Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria), donne une esquisse de plan de sortie en plusieurs points. «Ce qu’on pourrait dire, c’est que nous avons nos réserves de change dans les comptes spéciaux du Trésor français. On peut dire qu’on ne veut plus que la France garantisse notre monnaie dans un premier temps, et rapatrier nos réserves de change pour gérer nous-mêmes notre monnaie. Dans un deuxième temps, nous pourrons entre Africains, nous dire quels sont les types de politique monétaire et politique de change que nous voulons pour notre zone monétaire ? Quelle parité vis-à-vis de l’euro et des autres monnaies et quel objectif vis-à-vis de nos banques centrales ?»
Une fois ces questionnements clarifiés, le moment sera venu, poursuit le Dr Sylla, «de discuter plus amplement avec la perspective de se dire que nous devons être souverains et avoir des systèmes monétaires et financiers fonctionnels, qui participent au développement économique du continent».
Auteur de la communication du jour, sur «Capital financier et intervention en Lybie : opposition à la monnaie africaine», le Pr Campbell a adopté une position plus tranchée. Pour l’enseignant ghanéen, il faut sortir sans attendre du franc Cfa. «Une des raisons pour lesquelles la France est intervenue en Lybie, c’était pour préserver sa monnaie. C’est une question très urgente et il nous faut nous battre pour nous libérer très rapidement du franc Cfa», souligne le Pr Campbell en précisant que le désir du défunt guide libyen Kadhafi, de mettre en place un fonds monétaire africain, une banque centrale et un fonds d’investissement, est pour beaucoup dans sa fin tragique.
Pour le Dr Sylla, le franc Cfa n’est tout simplement pas une monnaie de développement. «Je suis critique du système du franc Cfa parce que j’estime que c’est une violation de notre souveraineté. Et c’est une monnaie qui ne permet pas le développement et ne laisse aucune marge de manœuvre pour créer du crédit, faire fonctionner nos entreprises et créer des emplois et de la croissance. Avec le franc Cfa, le développement n’est pas possible», dit-il. Mais si les peuples africains sont prêts à sauter le pas de manière générale, ce sont les dirigeants qui bloquent le processus, indique l’économiste. «A un moment donné, le combat contre le Cfa, c’est aussi un combat pour la démocratie. Parce que s’il y a des jeunes qui ne travaillent pas, une monnaie de développement. «Je suis critique du système du franc Cfa parce que j’estime que c’est une violation de notre souveraineté. Et c’est une monnaie qui ne permet pas le développement et ne laisse aucune marge de manœuvre pour créer du crédit, faire fonctionner nos entreprises et créer des emplois et de la croissance. Avec le franc Cfa, le développement n’est pas possible», dit-il. Mais si les peuples africains sont prêts à sauter le pas de manière générale, ce sont les dirigeants qui bloquent le processus, indique l’économiste. «A un moment donné, le combat contre le Cfa, c’est aussi un combat pour la démocratie. Parce que s’il y a des jeunes qui ne travaillent pas, c’est qu’on a fait le choix de dire que tout ce qui compte, c’est qu’on puisse échanger le Cfa contre l’euro. Et pour cette possibilité-là, on sacrifie le développement économique», estime Ndongo Samba Sylla.

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