Devant l'Unesco, le président de la Cour suprême sermonne les journalistes et se fait recadrer Fatou Jagne Senghor

25 - Septembre - 2019

Profitant hier d’une rencontre du bureau régional multi-sectoriel de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest-Sahel sur le renforcement des compétences des juges sur les normes internationales et africaines concernant la liberté d’expression et la sécurité des journalistes, le président de la Cour Suprême, Mamadou Badio Camara, a fait la leçon aux journalistes sénégalais. Il a été contredit par Fatou Senghor de l’ONG article 19 qui dénonce les lois fourre-tout à la base des emprisonnements de journalistes.

Cette rencontre organisée par l’Unesco en partenariat avec la Cour Suprême du Sénégal, qui s’est ouverte hier, a constitué un espace de réflexion autour du cadre juridique devant garantir la pérennité des métiers de l’information et de la communication, piliers de la démocratie et de la bonne gouvernance. Comme à son habitude, le président de la Cour suprême, qui n’a pas de bonnes relations avec la presse nationale, en a profité pour essayer de régler des comptes. Mamadou Badio Camara a d’emblée mis l’accent sur l’importance du rôle des médias dans la société. « La liberté et l’indépendance des médias sont indispensables au développement et à la paix. La liberté d’expression et la liberté d’information constituent les fondements d’un Etat démocratique et les valeurs fondatrices des sociétés libres », a-t-il indiqué. Selon lui, la protection de la liberté de la presse et ainsi que la sécurité des journalistes doivent être encouragés et soutenus par les acteurs du monde judiciaire.

Cela dit, Mamadou Badio Camara n’a pas manqué de souligner la problématique des enjeux que sous-tend la question relative à cette même liberté d’opinion. Puisque, à l’en croire, au regard des défis apportés par l’ère numérique, il convient de souligner qu’aucune liberté n’est absolue. « La liberté trouve toujours ses limites dans la loi. Et celle de la presse ne peut autoriser des propos ou écrits diffamatoires, des dénonciations calomnieuses ou autres actes prévus et punis par le code pénal. Cela induit pour les journalistes et les organes de presse de constamment s’adosser aux règles et conduites déontologiques régies par leur profession notamment les principes d’impartialité et d’objectivité qui garantissent l’indépendance dans l’exercice de leur métier », a-t-il exhorté à l’endroit du « quatrième pouvoir. »

Fatou Senghor, de l’ONG Article 19 « L’offense au chef de l’Etat est une loi fourre-tout »

Si dans son discours, le premier président de la Cour suprême a semblé mettre en garde les journalistes, Mme Senghor, la directrice régionale Afrique de l’Ouest de l’ONG britannique Article 19 a quant à elle déploré le durcissement des lois qui entravent l’exercice de la presse dans notre pays. Selon cette activiste, défenseur des porteurs de voix, le plus important est de rappeler que le rôle du juge est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’impunité lorsque des violences sont commises, des assassinats et des agressions physiques à l’encontre de journalistes. Une mission qui incombe au juge qui doit être près de l’évolution jurisprudentielle. Un juge dont elle a rappelé la centralité du rôle dans les poursuites et dans la recherche de la vérité.

Analysant la situation sous l’angle national, Fatou Senghor estime qu’au Sénégal, « les agressions ne sont pas physiques mais plutôt relèvement du harcèlement moral sur la base d’emprisonnement. La détention provisoire continue d’être exercée sur des journalistes parce que, quand on a des lois fourre-tout telle l’offense au chef de l’Etat qui peuvent être invoquées à tout moment, cela conduit à l’autocensure ».

Autres actualités

10 - Septembre - 2021

Apprentis dictateurs africains: pourquoi le pouvoir rend fou

De Idi Amin Dada à Alpha Condé en passant par bien d’autres comme Hissène Habré, Sékou Touré, Eyadéma, pour ne citer que ceux-là,...

09 - Septembre - 2021

Guinée : l’histoire secrète de la chute d’Alpha Condé

Comment le président guinéen a-t-il pu être si facilement capturé ? Pourquoi avait-il ignoré les mises en garde contre Mamady Doumbouya ? D’où vient...

09 - Septembre - 2021

Conseil des ministres de ce mercredi 08 septembre

Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL a présidé, ce mercredi 08 septembre 2021, au Palais de la République, le Conseil des Ministres. A...

09 - Septembre - 2021

Macky Sall veut une application intégrale des mesures de stabilisation des prix

Le président de la République a appelé mercredi à veiller à la vulgarisation et à l’application intégrale des mesures gouvernementales de...

09 - Septembre - 2021

Une hausse de près de 2 % des prix enregistrée en août (ANSD)

L’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) a enregistré une hausse de 1, 9 % en août comparativement à son niveau du mois...