Développement local : Karang, les multiples défis d’une ville frontière - See more at: http://lesoleil.sn/2016-03-22-23-37-00/item/62773-developpement-local-karang-les-multiples-defis-d-une-ville-frontiere.html#sthash.cR3VVlo4.dpuf
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De par sa position géographique qui en fait un carrefour commercial important et regorgeant de potentialités, Karang étouffe à cause d’une réduction drastique de sa réserve foncière qui freine son développement. Malgré cette contrainte, l’équipe municipale se bat pour faire décoller cette localité et en faire, après Kaolack, la plus grande ville de cette partie du pays.
Ville frontalière avec la Gambie, Karang a connu un boom démographique très important, accompagné d’une activité commerciale qui en a fait aujourd’hui un véritable pôle économique. Mais cette position de ville frontière n’est pas sans contraintes pour Karang qui compte pas moins de 15.000 habitants et dont les ambitions sont grandes. L’électrification constitue un casse-tête, selon le maire Dioguine Gomis. Pour des pans entiers de cette ville, l’électricité constitue un luxe. C’est le cas de Karamba, un village rattaché à Karang qui n’a pas un seul poteau, mais aussi Santhie Gane, un quartier complètement oublié, de l’avis du maire. Depuis 2014, affirme-t-il, l’équipe municipale se bat pour corriger cette injustice. « Nous avons installé soixante-dix lampadaires et fait de l’extension du réseau d’éclairage public. L’électrification constitue une priorité pour la période 2017-2019. Nous allons travailler et trouver des ressources pour augmenter l’électricité dans ces zones qui vivent dans l’obscurité », a promis Dioguine Gomis. Karang a également soif, si l’on en croit le maire de cette localité qui a trouvé anormal que les populations boivent l’eau de la Gambie. Il a fait un plaidoyer pour que Karang soit dotée de forages à l’image des autres villes du pays.
Selon Dioguine Gomis, l’équipe municipale se débat avec les moyens du bord pour améliorer les conditions d’existence des populations. « Avant notre arrivée, les recouvrements étaient plafonnés à 8 millions de FCfa par an. Aujourd’hui, nous sommes à 36 millions de FCfa de ressources propres qui nous permettent de payer les salaires. C’est une belle performance due à la position géographique de notre ville », a-t-il noté. De même, a-t-il relevé, le marché a été rénové avec la construction de dix nouveaux souks. « Nous avons aussi réalisé un hangar de poissons pour régler le problème d’insalubrité du marché qui constituait un problème majeur », a-t-il fait savoir, en précisant que plusieurs efforts ont été également faits dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’assainissement, entre autres.
Un manque d’espace…
La commune, de par sa position stratégique, dispose d’atouts indéniables pour connaître un important essor économique. Malheureusement, a noté le maire, la non-disponibilité de terres empêche les initiatives privées de se développer. Les promoteurs se ruent sur Karang pour y investir, mais il y a un manque de réserve foncier. Aujourd’hui, a noté M. Gomis, Karang étouffe faute d’espace. « La réserve foncière de notre ville s’est épuisée depuis fort longtemps. Il n’y a plus de terres à Karang qui ne peut plus grandir. La gare routière étouffe.
Sa délocalisation aurait pu engendrer un véritable boom économique pour notre ville, mais nous n’avons pas d’espace. Même le marché ne peut pas être agrandi. Karang a du mal à trouver un espace pour ses ordures ». À son avis, le découpage administratif n’a pas été à l’avantage de Karang qui est étouffée par Toubacouta et Keur Samba Guèye. « Si nous avions beaucoup plus d’espace, notre commune serait l’une des plus développées au Sénégal », a laissé entendre Dioguine Gomis qui a, en outre, déploré la non-effectivité de l’intercommunalité dans cette zone. « Avec l’intercommunalité, nous aurions pu tirer notre épingle du jeu, mais elle n’est pas encore une réalité ici, car chaque maire travaille dans son coin », a-t-il regretté. Selon le maire, certains villages dans les communes de Toubacouta, Keur Samba Guèye et Sirmang souhaiteraient intégrer Karang, mais le dossier reste toujours bloqué. Selon M. Gomis, l’arrondissement de Toubacouta ne peut pas compter plus de trois communes. « Certaines d’entre elles n’ont ni garage ni marché. Elles n’ont pas de ressources. Ces communes ne sont pas viables et il leur sera difficile d’émerger parce qu’incapables de mobiliser 5 millions de FCfa. L’État doit donc prendre l’initiative de les éclater », a relevé Dioguine Gomis.
Karang veut aujourd’hui sortir de sa torpeur et devenir, après Kaolack, la prochaine grande ville de l’axe. Et pour réussir cet essor très attendu d’une ville frontière, Karang mise beaucoup sur le capital humain. « Karang compte beaucoup sur sa jeunesse. Nous voulons des jeunes engagés et responsables. C’est pour cette raison que nous misons tous nos efforts sur nos étudiants pour que demain, ils puissent aller en compétition au niveau national », a fait savoir le maire. Pour Dioguine Gomis, une ville frontière comme Karang devrait être gérée par des têtes. Et la municipalité, a-t-il assuré, est en train de poser des jalons pour que la jeunesse puisse, plus tard, faire décoller la commune. « L’école de Karang n’a ouvert ses portes qu’en 1978 seulement, contrairement à Sokone ou à Foundiougne. C’est ce qui fait que nos premiers cadres sont très jeunes. Ce que nous voulons, c’est avoir demain beaucoup de cadres qui travailleront pour notre ville afin de rattraper le retard accusé dans plusieurs domaines ».