Discours Macky: Les limites à un appel au dialogue

06 - Mars - 2019

Le Président Sall a fait un discours à Nation ce mardi, le premier après sa victoire à la présidentielle très contestée par l’opposition.
Dans un discours court, il a été bref, mais précis sur ses intentions d’asseoir les conditions d’un consensus national par la dialogue. Pour ce faire, il a tendu la main à son opposition après avoir légitimé sa large victoire par l’important taux de participation et le fait que les observateurs ont attesté que le scrutin s’est bien déroulé.
Il a par la suite lancé un appel au dialogue en invoquant les anciens Présidents Diouf et Wade qui pourraient être mis à contribution.
Car, Macky qui dit tourner la page de la campagne, a voulu s’ériger en chantre de la concorde et de l’unité nationale.
Comme pour la paix en Casamance, il a tenu à dire qu’il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Une façon d’enterrer la hache de guerre et de s’inscrire dans une dynamique de construction du pays qui, dit-il, ne peut se faire qu’avec l’apport de tous.
Un nouveau discours pour Macky II. Le Grand Manitou veut tourner la page des éternels conflits avec ses adversaires politiques. La preuve, hier, tous les militants d’Idy2019, arrêtés, ont été libérés, y compris le Colonel Kébé placé sous contrôle judiciaire.
Le Président de la République a voulu donner de l’espoir à ceux qui lançaient un appel pour désamorcer la tension sociale et politique.
Il a voulu montrer que Macky II ne sera pas comme Macky I.
Très conscient de ses limites dans sa capacité à réunir l’opposition autour de sa personne, il a invoqué les noms des anciens Chefs d’Etat vivants pour montrer à quel point il tenait à se réconcilier avec son opposition et partant, avec tous les Sénégalais.
Car, faudrait-il le rappeler, l’opposition ne l’a pas félicité et n’entend pas reconnaitre sa victoire confirmée hier par le Conseil constitutionnel.
Et partant, difficile de la convaincre de répondre à l’appel de Macky.
Et pourtant, c’est la seule voix de salut. Opposition et Pouvoir sont condamnés à s’asseoir autour d’une table pour un dialogue sincère, notamment autour de questions-clefs comme le processus électoral, le parrainage, l’organisation des élections par une structure neutre, les cartes d’électeurs, le fichier, etc.
En dehors des noms de Diouf et de Wade qui ont été invoqués, les chefs religieux, y compris l’Eglise et la Société civile, peuvent s’impliquer dans cette dynamique pour rapprocher les deux camps.
Et Macky le sait, il faudra qu’il pose, d’ores déjà, des actes forts pour faire montre de sa bonne foi.
Il a promis de s’y atteler dès sa prestation de serment le 02 avril, mais il ne faudrait pas qu’il croit qu’une simple déclaration d’intention suffira.
Et au chapitre des actes forts attendus, figurent la libération de Khalifa Sall et le retour sans condition de Karim Wade au bercail.
Ces deux dossiers ont longtemps plombé les relations entre les deux camps politiques et il est inutile de convoquer Wade si son fils devra encore continuer à subir l’humiliation de l’exil.
Bien sûr, d’autres mesures sont attendues, notamment la concrétisation de tous les points du référendum de 2016, l’indépendance réelle de la Justice et toutes les réformes institutionnelles de fond.
Le futur gouvernement doit être technique et non politique, et surtout de taille raisonnable. Si ces mesures sont prises, il sera moins difficile de convaincre l’opposition qu’il a vraiment changé.
Car, c’est de cela qu’il s’agit vraiment. Durant tout son discours, Macky a voulu montrer qu’il ne sera pas le même.
On le comprend lui qui amorce un second mandat, le dernier, en principe.
Il va alors entrer dans l’histoire par la grande porte. Comme il n’y a plus de pression de second mandat, il va exclusivement se consacrer à faire émerger le Sénégal non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan institutionnel pour une démocratie plus rayonnante.
Des promesses d’un premier discours, souvent plein de louables intentions.
Alors, espérons que, comme c’est généralement le cas, la real politik ne vienne pas freiner cet élan qui semble sincère.

Autres actualités

14 - Novembre - 2018

Le Forum civil sur les attaques de Macky contre Amnesty international: «Cette attitude frileuse et antidémocratique n’honore guère des dirigeants…»

Suite à la sortie du Président de la République dans un entretien accordé au France 24, annonçant qu’Amnesty international «gagnerait d’abord,...

13 - Novembre - 2018

Cas Karim et Khalifa: Après la grâce conditionnelle, l’amnistie conditionnelle

Le Président Macky envisagerait, selon l’hebdomadaire panafricain Jeune-Afrique, d’amnistier Karim Wade et Khalifa Sall. Mais, d’après nos confrères,...

13 - Novembre - 2018

Me Wade attendu à Dakar pour le contre-congrès de l’Internationale libérale

Le 62e session du congrès de l’Internationale libérale est prévu du 28 au 30 novembre à Dakar. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est,...

13 - Novembre - 2018

Le Sénégal mise sur l’arachide pour améliorer les conditions de vie des populations rurales (officiel)

Le Sénégal compte faire de la culture de l’arachide ’’un levier’’ pour l’amélioration des conditions de vie des populations rurales, a...

13 - Novembre - 2018

Autorisation d’importation de 30 mille tonnes : MACKY SUCRE LES COMMERÇANTS – La production de la Css plombée – Le directeur du Commerce : «C’est une décision de l’État !»

Lors d’une rencontre au Palais, le chef de l’Etat a accédé à la volonté de l’Unacois de brider les ambitions d’Auchan. Mais ces derniers...