Documentaire sur l’affaire Me Sèye : Moussa sur une autre Sène de crime

29 - Janvier - 2019

26 ans après la mort tragique de Me Babacar Sèye, le mystère qui entoure sa disparition reste irrésolu. Moussa Sène Absa, l’auteur du film «l’Affaire Sèye : le festin des vautours», est convaincu que Clédor Sène, Pape Ibrahima Diakhaté et Assane Diop, les coupables désignés dans l’assassinat de Me Babacar Sèye, sont innocents et qu’il faut plutôt chercher du côté du pouvoir de l’époque à savoir le Parti socialiste (Ps).
Moussa Sène Absa, le réalisateur du film L’affaire Sèye : le festin des vautours, est convaincu que ce n’est pas la bande des 3 composée de Pape Ibrahima Diakhaté, Assane Diop et Clédor Sène qui est derrière l’assassinat de Me Seye. «Il y a beaucoup de versions mais ma conviction personnelle c’est que ce n’est pas Clédor Sene. Ce n’est pas la bande des 3 qui a assassiné Me Sèye», a-t-il souligné au terme de la projection du film ce vendrdi au complexe cinématographique Sembène. Le réalisateur qui a fait 4h d’interview avec Clédor Sène sans les utiliser, écouté plusieurs versions, fait des recherches et lu tous les livres écrits sur l’affaire, soutient que Clédor et sa bande ont été «instrumentalisés». «D’après Clédor, ils ont fait une simulation. Ils n’ont jamais tiré. Leur version concorde avec celles des avocats. Ce n’est pas eux qui ont tué Me Sèye. Je le tiens de Clédor Sène lui-même… Je persiste à dire que Clédor et Diakhaté ne sont pas ceux qui ont tué. Evidemment ils ont été instrumentalisés», dit-il. Dans son film, le réalisateur ne donne certes pas la parole à la bande des 3, ni à Abdoulaye Wade, mais d’autres intervenants comme Mody Sy, ancien député du Pds qui avait été arrêté après l’assassinat de Me Sèye, et Franky, un compagnon de Wade, témoignent. De même la famille de Me Sèye, notamment son fils Abdy Sèye, sa femme Tabara Niang, sa fille Alimatou Sadiya qui, trouvés à la maison familiale à Saint-Louis, reviennent sur cette triste journée du samedi 15 mai 1993 et ce qu’a été leur calvaire. Dans le film que le réalisateur à plutôt voulu aborder sous le «prisme familial», les amis de Me Sèye, les avocats, un témoin de l’assassinat, Jean-Paul Dias prennent eux aussi la parole pour raconter leur part de vérité en relevant les «incohérences» du dossier, ou partageant leur sentiment d’avoir assisté à une «enquête bâclée».
Sur ce dernier point, Momar Ndao, le président de l’Asso­ciation des consommateurs du Sénégal (Ascosen) qui a également assisté à la projection, a voulu apporter quelques précisions. Ce dernier, qui avait apporté son aide au pool des avocats de Me Sèye, soutient que les choses racontées sur la mort de Me Sèye ne tiennent techniquement pas la route. «Par rapport aux dégâts sur le véhicule, par rapport à la position de Me Sèye, du chauffeur et du garde-corps, il était matériellement impossible de l’avoir tué dans les conditions décrites», remar­que-t-il.
Mais aujourd’hui ce qui est plus important pour le réalisateur, ce n’est pas de susciter la polémique. Bien au contraire. «Mon dessein n’était pas de susciter la polémique. Mais plutôt d’aborder une page peu glorieuse de notre histoire, un pan particulier de notre démocratie. J’ai fait ce film pour marquer d’une pierre ce passage troublant de note démocratie», disait Moussa Sène Absa avant le début de la projection. Au-delà, «c’est une réflexion personnelle sur le devenir de notre pays, surtout dans ce contexte pré-électoral», souligne le cinéaste. En outre, il rend aussi hommage à cette figure emblématique en peignant un magistrat, maire et vice-président très attaché à la vérité, un homme qui abhorre les compromissions, un père de famille et époux aimant. Moussa Sène Absa espère surtout que la lumière sera faite sur cette affaire et que les auteurs seront punis.

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