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Doute sur la capacité de l’Etat à organiser les législatives- Trois jours pour convaincre

27 - Juillet - 2017

A trois jours du délai fixé pour le retrait des cartes pour ceux qui veulent encore voter, les commissions de distribution commencent à connaître un certain rush ces dernières heures. Avec environs 30% des électeurs laissés en rade, ceux qui sont encore dans ce cas de figure sont estimés à plus d’un million alors que dans les rangs de l’opposition, on parle de trois millions.
C’est vrai que du côté de l’État des couacs inacceptables ont empêché nombre d’électeurs à disposer à l’heure actuelle de leurs cartes, mais cela n’explique pas tout.

La tendance de certains de nos concitoyens à attendre la dernière heure a fait le reste. Si l’on considère cet état de fait et les failles liées au fait que beaucoup font le pied de grue depuis des semaines sans savoir où sont leurs cartes, on peut imaginer aisément le tohu-bohu qui va régner au niveau des commissions. Le plus préoccupant est que la passion risque de régner en maître de la part d’une bonne partie de militants de l’opposition convaincue du fait que le régime actuel est dans la logique de frauder large afin de mettre toutes les chances de son côté.

En conséquence, le Ministère de l’Intérieur a trois jours pour doter le maximum d’électeurs d’un droit : celui de détenir de sa carte d’électeur.

Nous savons que tout le monde ne peut plus être satisfait dans les conditions actuelles. Mais il est par conséquent important que tous ceux qui s’étaient inscrits puissent au moins disposer de leurs cartes.

A ce propos, il urge de corriger ces imperfections qui obligent nombre de citoyens à passer d’une commission à l’autre pour chercher leurs cartes.

Au demeurant, les dispositions déjà prises sur internet, le téléphone, le regroupement des centres et autres efforts de l’Etat ne suffisent pas à satisfaire un électorat qui se demande encore ce qui se passe.

Sur les 5 millions et quelques cartes produites, seules les trois sont déjà récupérées et ce n’est pas toujours la faute au citoyen.

C’est pourquoi, en plus de cette diligence nécessaire, il faudrait combiner cela à une solution optimale de correction afin de permettre à ceux qui ne disposeront pas de cartes de pouvoir voter.

Là-dessus, la saisine du Conseil constitutionnel par le Président a son importance, même si la solution qui sera adoptée risque d’être très critiquée.

Or, nous savons tous que si l’ancien fichier est exclusivement reconduit, le nécessaire toilettage du fichier va laisser en rade des milliers de jeunes arrivés à l’âge de voter.

Et comme la refonte du fichier, précipitée est loin d’être un succès, il faudrait nécessairement un système mixte permettant non seulement l’utilisation des nouvelles cartes, mais aussi des anciennes ou d’autres documents. Là-dessus, l’utilisation du récépissé a déjà été rejetée par bon nombre d’acteurs politiques et de citoyens interrogés. Il faudra alors l’éviter.

Et si on reportait ces élections ?

Toutefois, la mise en place de ce système mixte est plus facile à dire qu’à faire. A la reconnaissance juridique liée à une nécessaire modification de certaines dispositions du code électoral, il faudra joindre la capacité technique de la Direction des élections de répondre convenablement à cette situation en prenant toutes les dispositions nécessaires.

La nécessaire identification des électeurs, l’établissement du fichier sur des registres fiables et bien d’autres exigences, ne sont pas forcément acquises d’avance.

Si techniquement, l’organisation d’élections libres et transparentes va poser problème, il est plus indiqué alors de les reporter comme l’a suggéré le Président du Groupe parlementaire de la majorité, Moustapha Diakhaté, et certains membres de la société civile.

C’est vrai, le processus est déjà enclenché, trop d’argent a été dépensé par l’Etat et les Etats-majors politiques, mais force est de reconnaitre que nous ne sommes pas encore prêts à organiser de telles élections dans le respect de toutes les obligations afférentes.

Si nous nous entêtons à les organiser dans ces conditions de micmac, le temps nécessaire au report sera alors consacré à vider des contentieux post-électoraux sans oublier le risque grave de trouble.

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