Dr Alioune Fall, directeur général de l’Institut sénégalais de recherche agricole : « Sept variétés d’arachide viennent d’être homologuées »

10 - Août - 2016

Dr Alioune Fall, directeur général de l’Institut sénégalais de recherche agricole : « Sept variétés d’arachide viennent d’être homologuées »

L’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) joue un important rôle dans la stratégie d’adaptation mise en place par le gouvernement pour faire face aux effets néfastes du changement climatique. Dans cet entretien, son directeur général, Dr Alioune Fall, annonce l’homologation, cette année, de sept nouvelles variétés d’arachide et trois autres pour l’année prochaine.

Depuis 2014, le gouvernement du Sénégal a mis en œuvre certaines mesures pour adapter l’agriculture aux effets du changement climatique. Quel rôle l’Isra a-t-il joué dans ce processus ?
Au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, nous avons le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) dont la vision est de développer une agriculture diversifiée, productive et durable. Chaque fois qu’on parle de durabilité, cela veut dire qu’on met en œuvre des innovations qui permettent de s’adapter au changement climatique. Mais, il ne s’agit pas seulement de s’adapter au changement climatique, il est tout aussi important de prendre en compte l’aspect productivité.

Cela veut dire qu’on veut produire plus, transformer les effets du changement climatique en opportunités, pour que l’agriculture sénégalaise soit plus productive. Dans cette optique, l’Isra joue un rôle très important. Nous travaillons sur des leviers d’innovation comme les variétés, les rendements et le sol. Par exemple, à chaque fois que nous travaillons à mettre au point des formules de compostage pour l’amélioration de la fertilité des sols, nous faisons de la séquestration du carbone. Nous travaillons beaucoup aussi sur l’amélioration des rendements du riz à travers la mise au point de nouvelles variétés. Aujourd’hui, nous sortons des variétés qui font douze tonnes à l’hectare. Il faut se féliciter d’avoir de tels rendements dans des conditions d’adaptation. Cela montre que nous nous adaptons et que nous travaillons pour une meilleure productivité.

Est-ce à dire qu’il ne s’agit plus de considérer les effets du changement climatique comme un phénomène à subir mais plutôt comme des données à intégrer pour une agriculture durable ?
Les changements climatiques, nous les vivons. Il faut donc explorer les opportunités que nous pouvons en tirer pour encore améliorer notre agriculture. Nous ne pouvons pas attendre ni la Cop 22 ni la Cop 23. C’est aujourd’hui qu’il faut le faire. Le Sénégal s’y est engagé. A chaque fois qu’il y a une campagne agricole, on entend le ministre de l’Agriculture parler de « booster », « d’accélérer » ou de « doper » la production. Cela veut dire qu’il faut dégager des stratégies, afin que les producteurs s’adaptent aux effets induits du changement climatique sur l’agriculture. Par exemple, l’année dernière, il a fallu arrêter la production de l’arachide dans beaucoup de zones pour introduire des variétés à cycle court, car il fallait s’adapter au cycle de raccourcissement de la pluviométrie. C’est cela une adaptation. Maintenant, s’adapter ne veut pas dire produire moins, il faut que cela soit une opportunité utilisant tous les leviers d’une bonne productivité.

S’adapter, c’est bien, mais au regard des inquiétantes perspectives que relèvent certaines études qui estiment que la production céréalière pourrait baisser de 30 % à l’horizon 2025 et que l’arachide pourrait connaître une baisse de 5 % à 25 % de ses rendements à l’horizon 2050, est-ce que l’Isra réfléchit déjà sur des mesures d’anticipation pour faire face à cette situation ?
Le mandat de l’Isra, c’est de mener une veille scientifique, et nous faisons de la veille prospective. Nous nous intéressons à ce qui se passe aujourd’hui, mais nous essayons aussi d’évaluer ce qui va se passer demain. Cela permet de nous adapter et de générer des technologies pour ne pas être surpris. C’est l’exemple de la GC835 qui est une variété d’arachide entre 75 et 80 jours. Nous l’avons créée dans un contexte de déficit pluviométrique. L’Isra vient d’homologuer sept variétés d’arachide qui doivent entrer dans le processus d’adaptation au changement climatique. Nous allons encore en homologuer trois l’année prochaine, et cela fera dix variétés. Le seul problème, aujourd’hui, c’est de trouver suffisamment de ressources pour que les producteurs s’approprient ces variétés et qu’on change la carte variétale que nous sommes en train de réactualiser. L’enjeu, c’est de développer des technologies, de les vulgariser et que les producteurs se les approprient. Certes, on a en perspective 2035, mais avant d’y arriver, il faut régler les problèmes de 2016 et de 2017.

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