Durcissement de ton dans son discours:Tanor perd son yoga

03 - Mars - 2017

Durcissement de ton dans son discours:Tanor perd son yoga

En l’espace d’un mois (février), Ousmane Tanor Dieng a fait 4 sorties pour s’exprimer sur la situation au PS. Et le moins que l’on puisse dire est que l’homme semble avoir perdu son flegme. Car le ton ne cesse de monter de semaine en semaine. Réplique, polémique, menaces, tout y passe. Reste à savoir si son nouveau poste de président du HCCT et/ou le contexte électoral peuve(nt) expliquer sa nouvelle posture.

La nouvelle attitude discursive du secrétaire général du Parti socialiste et non moins président du Haut conseil des collectivités territoriales est sujette à réflexion. De plus en plus, Ousmane Tanor Dieng (OTD) multiplie les déclarations. Pas moins de 4 sorties en un mois et toujours sur le même sujet : la fronde initiée par Khalifa Sall et Cie. Dans un portrait que EnQuête lui avait consacré, sous la plume d’Ousmane Laye Diop, il est dit de OTD : ‘’Le calme qu’il dégage, la voix fluette, les gestes raffinés, et la sympathie ou nonchalance qui en découlent ne sont pas un faux-semblant. L’ancien collégien de Gandon (…) est vraiment d’un naturel flegmatique, presque stoïque, dans un milieu où cette qualité passe plutôt pour un handicap.’’ N’est-ce pas lui qui aime dire à son entourage que ‘‘les plus grandes douleurs sont muettes’’, comme l’a rappelé Abdoulaye Willane dans ce portrait. Ce qui a fait dire à l’auteur de l’article que c’est ‘’un trait de caractère certainement hérité d’une ascendance maraboutique paternelle, d’un milieu sérère où l’exubérance est pratiquement péché, et d’une pratique sportive relaxante comme le yoga, la marche et les arts martiaux’’. Bref, l’homme se contrôlait et mesurait ses propos, il ne s’énervait pas en public et encore moins ne montrait un caractère belliqueux. On pouvait donc lui accorder facilement le crédit lorsqu’il disait lui-même qu’il avait la maîtrise de soi.

Pourtant depuis quelques semaines, Tanor semble avoir perdu les vertus du yoga et autres méditations transcendantales. L’homme n’est plus aussi zen qu’il l’était au sujet de la dissidence au sein du parti socialiste. De plus en plus, OTD montre des signes d’agacement par rapport à l’attitude de Khalifa Sall et ses lieutenants. Jusqu’à récemment, le Secrétaire général du Parti socialiste ne s’exprimait presque pas sur la question, laissant ses protégés Serigne Mbaye Thiam, Abdoulaye Willane ou Aminata Mbengue Ndiaye porter le combat. Quand il en parlait, c’était pour minimiser la crise au sein de la formation politique de Senghor. C’est, à la limite même, s’il ne niait pas l’existence d’une quelconque brouille entre lui et le maire de Dakar. ‘’C’est du dehors qu’on pense que la maison va brûler ou que ça va sauter. Mais finalement, vous vous rendez compte qu’on retombe sur nos pieds. (…) Ce qu’il y a au Parti socialiste, c’est un débat. Et le débat n’est pas la division’’, disait-il en décembre 2016.

OTD avait même soutenu que si le problème a eu une telle ampleur, ’’c’est que la plus petite chose est grossie à l’instantané avec les technologies de l’information’’. Pendant que tout le monde voyait que la crise était ouverte, lui estimait qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. ‘’On ne peut pas avoir un parti de masse dans lequel il n’y a pas quotidiennement des débats de masse, des contradictions, des divergences. C’est ça qui fait vivre le parti. Ce n’est pas grave’’, tempère-t-il. En faisant de telles déclarations, Tanor avait dû reconsidérer sa position. Car, un mois plus tôt en octobre 2016, recevant des militants de Guédiawaye dans son domicile à Fann Résidence, il avait réagi sur la plainte que Barthélémy Dias, Bamba Fall et autres avaient annoncée contre la direction du parti. ‘’Nous sommes droits dans nos bottes. On sait là où on veut aller. Le Ps connaît des problèmes que tous les partis connaissent. Il y a un débat et des opinions qui sont exprimées. Ce débat ne doit pas semer la division. On n’acceptera pas qu’une minorité nous dicte sa loi. La responsabilité veut que lorsqu’on est dans un parti, on respecte ses décisions. Sinon, il faut quitter ce parti’’, suggère-t-il.

On sentait alors que le ton avait monté. Et ce n’était qu’un début. Auparavant, lorsque la question de la candidature de Khalifa Sall et de Aïssata Tall Sall a fait l’actualité, Tanor, interpellé sur le sujet, avait refusé d’être ‘’plus royaliste que le roi’’. ‘’Je n’ai pas entendu Khalifa ou Aïssata déclarer leur candidature’’, disait-il tout en invitant les uns et les autres d’attendre que les concernés le fassent. Rien n’a changé entre temps. Khalifa n’a toujours pas déclaré sa candidature. Il se contente toujours de la même phrase, à savoir que le parti socialiste aura un candidat issu de ses rangs.

“Ce ne sont pas des anges qui sont venus faire ça’’

Et pourtant, le discours d’OTD, lui, a bien évolué. Dans le ton surtout ! Au mois de janvier dernier, après le discours de fin d’année du chef de l’Etat à la Nation, le président du Haut conseil des collectivités territoriales a ouvert ses portes aux journalistes pour donner son appréciation du message présidentiel. Il a profité de l’occasion pour solder ses comptes avec les frondeurs. À propos de la candidature de Khalifa Sall à la présidentielle de 2019, annoncée par les hommes de ce dernier, Tanor répond : « Une candidature déclarée dans la presse ou soufflée à un journaliste, pour nous, ce n’est pas une candidature. Si on veut être candidat au Parti socialiste, il y a une voie à suivre. Chacun a le droit d’être candidat à la présidentielle de son pays, mais pas celui du Ps. Il faut que ceci soit clair’’, peste-t-il. Une fois la mise au point terminée, il verse dans la menace. ‘’Après le temps du dialogue, de la concertation, viendra celui des sanctions contre la minorité de socialistes entrée en guerre ouverte avec la direction du parti’’, prévient-il.

Le samedi 4 février 2017, l’homme de Nguéniène rencontrait ses militants à Mbour. Bamba Fall a été déjà placé en garde à vue dans l’affaire du saccage de la maison du Parti socialiste qui a eu lieu le 5 mars 2016. Ce fut encore une occasion pour le socialiste en chef de revenir sur le sujet. “C’est ridicule de dire que ce qui se passe au sein du Parti socialiste est un règlement de comptes. C’est vraiment le genre d’argument qui n’a aucun intérêt. Ce dont il s’agit, dans le cadre de cette affaire, c’est de faire la lumière sur quelque chose qui s’est produit à la maison du Ps. Les gens sont venus en réunion, ils ont été agressés. Certains ont été blessés, des armes ont été brandies. Et il n’y a pas de responsable ?”, se demande-t-il. Pour lui donc, il y a bien un ou des coupables, puisque “ce ne sont pas des anges qui sont venus faire ça’’.

Ainsi, de l’avis d’OTD, il n’y a pas à s’alarmer. ‘’La plainte vise à faire la lumière et dénicher les fautifs. S’ils ne sont pas identifiés par la Justice, tant pis ! Mais si jamais ils sont reconnus, qu’ils subissent les rigueurs de la loi !’’ À propos de l’adversité dont il fait face dans le parti, Tanor soutient détenir la capacité de résistance du roseau. Autrement dit, tous les vents ne sont pas des aquilons pour lui. ‘’J’ai subi tellement d’actes et de comportements de ce genre que je suis aujourd’hui suffisamment ‘’carapacé’’ pour faire face à ça’’, renchérit-il le même jour. Cet avare en parole, disciple de Senghor et Diouf, est-il devenu subitement volubile ? En effet, le Sg du Ps ne s’était pas limité à cela. Il avait servi aussi à Khalifa une autre dose. L’édile de la capitale avait déclaré que personne ne pouvait l’exclure du Parti socialiste. Réponse sèche de Tanor : “C’est vraiment se tromper que de dire que personne ne peut m’exclure. Si quelqu’un ne suit pas les directives du parti et que les camarades se réunissent pour l’exclure, il ne sera plus du parti.”

‘’La seule requête que je formule…’’

On croyait alors que c’était le clap de fin. Mais que nenni ! Le samedi suivant, 11 février, le technocrate a été invité à s’adresser à une promotion de la Faculté de droit dont il était le parrain. L’énarque était censé revenir sur son parcours pour servir de modèle à des jeunes à la porte d’entrée de leur carrière. Mais Tanor va vite oublier son ‘’moi’’ pour aborder l’actualité, précisément répondre à ses adversaires. ‘’Tout au long de mon engagement politique, et aujourd’hui plus que jamais, j’ai assumé mes actes. Je me suis évertué à rester authentique et loyal. (…) On peut être en désaccord avec moi sur ce que je dis ou sur les positions que je défends. C’est la démocratie, mais personne ne me prendra en défaut de loyauté vis-à-vis des valeurs qui m’ont été transmises’’, se défend-il. Et si jamais il y a des acteurs qui sont prêts à en découdre avec lui au sein du parti, qu’ils sachent que le patron des verts n’est pas en champ de bataille. L’argument de la force n’est pas son fort. ‘’En politique, on ne fait pas la guerre. Je ne fais pas la guerre. Je cherche à convaincre pour faire triompher mes idéaux et mes convictions. Je peux avoir des adversaires politiques mais jamais d’ennemis. J’ignore jusqu’à l’idée de la haine qui est la pire ennemie de la démocratie. (…) La démocratie dépérit quand la violence devient le recours systématique à la place du débat d’idées, de la réflexion’’.

La dernière note (en attendant la prochaine ?) est encore venue de Mbour, le samedi 25 février. Cette fois-ci, c’est Khalifa Sall qui est convoqué à la Division des investigations criminelles pour s’expliquer sur la gestion de la caisse d’avance. Ce qu’il considère comme l’utilisation de la justice pour intimider un adversaire. Son patron, Tanor lui, a une autre appréciation qu’il n’a pas cachée. ‘’Si la décision de justice vous arrange, vous pensez qu’elle est bonne. Si elle ne vous arrange pas, vous la critiquez. Ce n’est une attitude ni objective ni honnête, encore moins républicaine’’, charge-t-il. OTD avait d’ailleurs un petit conseil à donner à son ex-mentor en matière de gestion de l’argent public. ‘’La reddition des comptes ou la redevabilité, dit-il, est un principe incontournable pour une gestion saine. Quand on gère le bien public, on doit rendre compte.’’

Mais l’énervement du socialiste en chef ne se limite plus à sa formation politique. Désormais, les avis venus du dehors l’importunent également. ‘’La seule requête que je formule à leur (ceux qui critiquent) endroit, c’est qu’ils laissent le PS en paix et nous laissent nous occuper et régler nos problèmes. (…) Ils ont, chacun, dans leurs partis et dans les structures dans lesquelles ils s’activent, suffisamment de problèmes dont ils doivent parler’’, s’emporte-t-il. Et en guise de clap de fin, Tanor renchérit : ‘’De toute façon, je ne réponds pas à des interprétations, des commentaires, des critiques et quelquefois même des insultes et des injures. Je conserve mon énergie pour des choses importantes et positives et non pas pour l’agitation médiatique, avec des gens qui veulent se faire un nom et qui font feu ou flèche de tout bois. Le PS a eu à faire face à toute sorte de situation. Malgré tout, notre parti reste toujours debout’’, martèle-t-il. Reste à savoir si son nouveau poste de président du HCCT et/ou le contexte électoral peuve(nt) expliquer sa nouvelle posture.

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