EDITION 2 DES ATELIERS DE LA PENSEE DU «FAUX UNIVERSALISME» DE SENGHOR AU SYMBOLE-OBAMA

04 - Novembre - 2017

Le rendez-vous du donner et du recevoir ? Une «impasse», et d’ailleurs, dit l’économiste camerounais Célestin Monga, «provocateur» comme on n’en fait plus, «je n’y crois pas»…Quant à l’élection d’un Barack Obama, autrement dit un «métis» à la Maison Blanche, inutile d’en faire tout un plat…«Sortons des logiques de groupes», dit-il, et intéressons-nous davantage à des questions comme l’emploi, la dignité de l’homme, etc. Un discours que l’ancienne journaliste française Audrey Pulvar, actuellement présidente de la Fondation pour la nature et l’homme, a eu du mal à avaler. Le débat s’est posé ce mercredi 1er novembre, premier jour des Ateliers de la Pensée, co-initiés l’économiste sénégalais Felwine Sarr et le philosophe camerounais Achille Mbembe, et qui se poursuivent jusqu’à ce samedi 4 novembre.

Après, ou malgré ses «méchancetés» de l’an dernier, comme il dit lui-même, l’économiste camerounais Célestin Monga est de retour aux Ateliers de la Pensée, et il n’est pas venu seul. Son «impertinence» (son «côté provocateur» aussi) a l’air de le suivre partout, et ce serait même le petit «piment» des Ateliers, pour reprendre les mots du philosophe camerounais Achille Mbembe. Dans l’après-midi de ce mercredi 1er novembre, premier jour de cette 2ème édition des Ateliers de la Pensée, Célestin Monga s’est amusé à décortiquer la «jolie formule» de Léopold Sédar Senghor, qui «rêvait (alors) d’un universel ouvert», de quoi «synthétiser les bonnes choses qui viendraient d’un peu partout».

Derrière l’expression, du «style», de «l’élégance», et même «une grosse dose d’éthique», mais une «inadéquate vision senghorienne de l’histoire», qui «ne marche (tout simplement) pas», ne serait-ce que parce que «l’histoire est tragique »… Puis cette phrase-là, quasiment sans appel : «Le rendez-vous du donner et du recevoir est une impasse, il y a un essentialisme derrière cette vision, je n’y crois pas». Entre deux phrases, un Célestin Monga dubitatif, pour ne pas dire suspicieux. Tout y passe, ou presque : de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, «écrite par les vainqueurs de la 2ème Guerre mondiale», à ce qu’il appelle «le faux universalisme de Senghor». Quant à cette apologie du métissage que l’on retrouve chez Senghor, Célestin Monga donne surtout l’impression que le poète enfonçait des portes ouvertes, un peu comme si tout cela coulait de source : «On est tous métis, il n’y a pas de doute là-dessus. Mais après?» Un brin «cynique», l’économiste revient sur l’élection de Barack Obama. Un «métis à la Maison-Blanche» ? Impensable à une certaine époque…Célestin Monga, qui se souvient encore de cette phrase-là, «La créolité a gagné», lecture «naïve» d’une sorte de non-événement, estime qu’il faudrait sortir de la «logique des groupes», des «utopies», et des «lubies», et «poser la question de la dignité humaine, de l’emploi», pour pouvoir justement penser à autre chose.

«RIEN QUE POUR ÇA, ÇA VALAIT LA PEINE DE CROIRE A L’ELECTION DE BARACK OBAMA»

Un passage que l’ancienne journaliste française Audrey Pulvar, actuellement à la tête de la Fondation pour la nature et l’homme, a visiblement eu du mal à digérer : «Monsieur Monga, je ne peux pas rester sans réaction à ce que vous avez dit à propos de cette naïveté vis-à-vis de Barack Obama. Quand Barack Obama a été élu, je n’arrêtais pas de dire à mes proches : vous savez, il ne marchera pas sur l’eau, il ne résoudra pas le problème de la fin dans le monde, et ce n’est pas grâce à lui que le vaccin contre le Sida sera découvert (…)

C’est un Américain, mais c’est un sacrément Africain-Américain, Barack Obama, de descendance directe, d’un père africain et d’une mère blanche américaine, et là, l’Amérique avait élu le premier des Africains-Américains à la Maison-Blanche. Ce qui est important, ce n’est pas, évidemment, tout ce qu’il n’a pas fait. (…) Ce qui est important, c’est le symbole, c’est le signal qui est envoyé. (…) L’effet qu’a produit l’élection de Barack Obama sur des millions et des millions de jeunes Noirs, et de jeunes hommes noirs, parce que c’est particulièrement difficile pour eux dans le monde occidental moderne, rien que pour ça, ça valait la peine de croire à l’élection de Barack Obama. Ce n’est jamais suffisant, ce n’est pas pour les détenteurs du système et ses propagateurs que c’est important, c’est pour tous ceux qui sont à l’extérieur, et qui peuvent se projeter dans Barack Obama et se dire : si ça a été possible pour lui, peut-être qu’un petit bout de chemin sera possible pour moi.» Les Ateliers de la Pensée, c’est aussi quelques intéressantes découvertes : Célestin Monga écoute Jay-Z… (Si si)…Et puis cette phrase-là, du Monga pur jus, qui laisse entendre que Souleymane Bachir Diagne arriverait plus ou moins à le réconcilier avec Senghor : «Quand je lis Souleymane Bachir Diagne, j’en arrive à trouver Senghor sympathique. Et si je devais avoir des ennuis, j’aimerais que Bachir Diagne soit mon avocat.»

AUDREY PULVAR ET LA PREMIERE VISITE DE CONDOLEEZZA RICE EN FRANCE : «Pour la première fois, la presse française parlait d’une femme noire… »

Vous savez, moi, je ne partage aucune des options politiques de Condoleezza Rice, mais je me souviens de l’émotion que j’ai ressentie quand Condoleezza Rice, sous Bush, et même Obama, a été reçue pour la première fois en tant que Secrétaire d’Etat, en France. C’est-à-dire que pour la première fois de ma vie, j’entendais la presse française parler d’une femme noire comme d’une intellectuelle, femme politique, leader, (…) et avec respect. Et moi, l’effet que ça a produit chez moi, alors que je ne partageais aucune de ses options politiques, a été extraordinaire.

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