">

Embourbés dans ‘’le Macky’’, les partis de gauche virent à droite

20 - Septembre - 2017

Très structurés, très organisés, les partis de gauche sont généralement bien gérés avec des orientations claires et une praxis qui en fait des partis d’élites. Cela a été le cas du Parti de l’Indépendance et du travail (PIT) et de la Ligue démocratique (LD), les plus représentatifs de ces partis complétement à gauche.

Ils n’ont jamais été des partis de masse. Ils ont été cependant des faiseurs de rois depuis Senghor et même bien avant, avec les luttes héroïques sous la bannière du PAI de Majmouth Diop.

La gauche a toujours pesé de tout son poids dans les grandes orientations politiques qui ont guidé la gestion de ce pays, presque dans tous les régimes.

Quand on évoque les noms d’Amath Dansokho et d’Abdoulaye Bathily, pour ne citer que ces caciques de la gauche des temps modernes, les Sénégalais ressentent une grande fierté.

Au temps d’Abdoulaye Wade, quand il s’est agi d’organiser la résistance, c’est au domicile d’Amath Dansokho à Dakar que le Front Siggil Sénégal se réunissait. Amath donnait même des repas à ses compagnons qui en demandaient parce qu’ils n’avaient pas eu le temps de manger chez eux.

Malheureusement, chemin faisant, cette gauche semble avoir perdu ses repères. Cela a été un long processus qui a débuté au temps de Wade. On se rappelle de cette rencontre où, en tant que reporters, nous avions été invités à assister à ces joutes oratoires entre Majid Ndiaye et Abdoulaye Elimane Kane. Les uns et les autres étaient invités à penser à l’unité de la gauche et sa remise sur orbite. Mais c’était peine perdue. Le processus semblait irréversible.

Aujourd’hui, il semble aboutir à son terme. Ces partis sont traversés par des crises internes incontestables, comme à la LD où le Secrétaire général Mamadou Ndoye a été obligé de démissionner parce qu’il ne n’appréciait pas les orientations prises, en l’occurrence le compagnonnage avec les libéraux de l’Alliance pour la République (APR).

Réflexes d’embourgeoisement

Le long compagnonnage avec les libéraux a créé des réflexes d’embourgeoisement. Aujourd’hui, pire que la crise idéologique des années 90, les partis de gauche sont dans les tiraillements de postes de responsabilité.

Le choix de Khoudia Mbaye, comme Ministre issu de la LD, a été contesté par ses compagnons de parti en haut lieu. Le Porte-parole Moussa Sarr a fait une sortie pour dire qu’ils n’ont pas été consultés. En somme, ce qu’ils veulent dire, c’est qu’ils n’apprécient pas ce choix.
Même son de cloche du côté du PIT.

Le fait que Samba Sy, Secrétaire général, ait remplacé Mansour Sy, a été perçu comme un putsch au niveau de cette formation politique où l’on rue dans les brancards.

En tout état de cause, le « pathio » (partage du gâteau) que dénonçait El Hadji Momar Samb du RTA-S, un autre leader de la gauche, semble aujourd’hui se généraliser à tous les courants politiques et aux formations de toutes sortes.

On ne s’engage plus en politique pour des convictions, mais pour des sinécures.

Les partis de gauche ne font plus exception. Leur entrée dans les Gouvernements successifs depuis Abdou Diouf en dit long sur le reniement de leurs orientations primaires et surtout de leurs convictions originelles.

Les idéologies sont mortes et avec elles, la poursuite de l’éthique en politique. Ceux qui s’individualisent pour critiquer leurs anciens compagnons préparent, à leur façon, leur propre marketing pour se faire mieux remarquer et donc intégrer.

Les analyses sont toujours profondes, mais manquent souvent de conviction profonde parce que motivées par le souci d’être l’avocat du diable.

Ceux qui prennent des postes veulent y rester. Ceux qui n’en ont pas veulent les remplacer. Entre ces militants, la paix ne saurait régner. C’est pourquoi, non content d’avoir phagocyté l’AFP et le PS qui sont aussi des partis de gauche, Macky est en train de secouer le PIT et la LD afin d’en faire des alliés sûrs parce que divisés au niveau surtout de leurs états-majors respectifs.

Autres actualités

06 - Mai - 2019

Guediawaye : la gestion du maire Aliou Sall décriée

Le comité d’initiative des forces vives de Guediawaye a tenu ce week-end les Assises de la ville, en réunissant tous les acteurs de la localité pour...

06 - Mai - 2019

Suppression du poste de PM: Un plan Mackyavélique !

La loi sur la suppression du poste de Premier ministre a été votée hier à l’Assemblée par 124 députés. Désormais, Macky est seul...

05 - Mai - 2019

Mamadou Ndoye : "Macky nous cache quelque chose avec la suppression du poste de Premier ministre"

Ancien ministre de l'Alphabétisation et ex-Secrétaire général de la Ligue démocratique, Mamadou Ndoye s'oppose à la suppression de la fonction de Premier...

05 - Mai - 2019

Abdoul Mbaye: «Tant pis pour ces députés qui votent la réduction de leurs pouvoirs à une majorité écrasante »

Le leader de l'Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), par ailleurs ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, ne semble pas digérer le vote du projet de loi portant...

04 - Mai - 2019

Séminaire UMS: le Doyen des juges Samba Sall "lave" sa conscience dans l'affaire Khalifa Sall

Le séminaire de l'Union des Magistrats du Sénégal (UMS) qui s'est tenu ce 3 mai a été saisi comme prétexte par le Doyen des juges Samba Sall, pour solder...