Entretien avec le leader de Ldr/Yessal : LES MOTS DOUX DE FADA – «Il est exclu pour ces Législatives de nous mettre avec le pouvoir»

01 - Mars - 2017

Entretien avec le leader de Ldr/Yessal : LES MOTS DOUX DE FADA – «Il est exclu pour ces Législatives de nous mettre avec le pouvoir»

Modou Diagne Fada choisit son chemin après le divorce avec le Parti démocratique sénégalais. Loin de la Permanence Oumar Lamine Badji, le leader de Les démocrates réformateurs construit son autre destin à son siège sis à Fass Delorme. Les couleurs (jaune et bleu) et le symbole (maïs) ne sont pas trop différents de ceux du parti de Abdoulaye Wade, mais lui a choisi de s’éloigner de ce parti. Khalifa Sall et la caisse d’avance, Légis­latives, Assemblée nationale, Manko… Fada a parfois des Mo(ts) dou(x), parfois aussi des mots durs.
Khalifa Sall qui est convoqué pour sa gestion de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
A la place du Président Macky Sall, je ne convoquerais pas le maire Khalifa Sall. Parce qu’à tous les coups, le pouvoir est perdant. C’est une convocation inopportune qui ne va pas servir grand-chose au pouvoir en place. Emprisonner Bamba Fall et ses co-accusés, condamner le député Barthélémy Dias, convoquer le maire Khalifa Sall à la Dic, c’est faire un peu preuve d’acharnement. Et je crois que le gouvernement n’a pas intérêt à cela.
C’est qu’à même la justice qui a condamné et emprisonné non ?
Nous sommes dans un pays où le président de la République est le président du Conseil supérieur de la magistrature, où le parquet dépend du ministère de la Justice, qui lui-même dépend du président de la République, où la police est sous l’autorité du ministre de l’Intérieur… Donc, on ne peut pas ne pas voir de la politique là-dans.
Ça se passe ailleurs aussi, en France par exemple…
Oui, ça se passe ailleurs. Mais là-bas aussi, on y voit que de la politique. François Fillon, accablé par le parquet financier, Marine Le Pen convoquée pour justifier les assistants Fn du parlement européen, ont tous les deux vu de la politique derrière. Ici aussi, Khalifa Sall a parfaitement le droit d’y voir de la politique.
Et c’est votre point de vue aussi ?
Mon point de vue, c’est que c’est un dossier politique. La démocratie sénégalaise est chantée partout à travers le monde comme étant une démocratie de haut niveau. On n’a pas le droit de reculer, de chercher à museler ses opposants par une instrumentalisation d’une partie de la justice de notre pays. Je crois qu’il faut savoir raison garder. On est en train, inutilement, de «victimiser» le maire Khalifa Sall, mais attention au retour de bâton.
Il pourrait y avoir un retour de bâton ?
On ne sait jamais dans la vie.
En quoi cette situation n’arrangerait pas le pouvoir comme vous le dites ?
Parce que le pouvoir cherche à avoir une majorité à l’Assemblée nationale, à réélire son candidat en 2019. Mais tous les actes posés aujourd’hui sont contre productifs et fâchent d’éventuels électeurs de Macky Sall ou de sa liste. Je crois que le gouvernement n’y gagne absolument rien.
A contrario, ça ferait l’affaire de Khalifa Sall puisque vous parlez de «victimisation» ?
Mais bien entendu ! Vous savez, un homme politique n’a pas peur de la prison et ne doit pas d’ailleurs en avoir peur en Afrique. C’est sûr que ni Khalifa Sall ni Barthélémy Dias, encore moins Bamba Fall n’ont peur de la prison. Ça ne sert à rien d’essayer, à travers la loi, de solder des comptes politiques. Khalifa Sall a été ministre de la Répu­blique, donc au cœur de l’Etat. Par conséquent, il sait comment certains dossiers sont noués. N’oublions pas que les Socia­listes faisaient pires contre nous, leurs opposants d’alors.

Quel policier ose convoquer le maire Khalifa Sall sans avoir l’aval du président de la Répu­bli­que ? Ce n’est pas possible.
Vous aussi, vous en savez quelque chose pour avoir été ministre…
Certainement, nous en savons aussi. Malheureusement, c’est comme ça que ça se passe encore.
Donc, le Président Sall est derrière cette affaire Khalifa Sall ?
Non, je ne le dis pas comme ça. Mais je considère qu’il aurait pu, par d’autres canaux en tout cas, empêcher ces convocations d’autant plus qu’on parle de gestion de collectivités locales. Ce n’est pas la seule collectivité locale qui a été visitée par l’Ige. Il y en a d’autres.
On dirait que c’est la seule mairie qui a une caisse d’avance ?
La loi, c’est la loi, et tel qu’elle fonctionne, elle est extrêmement difficile à respecter.
Qu’avez-vous retenu de cette affaire de caisse d’avance ?
Pour dire vrai, je ne savais même pas qu’il existait une caisse d’avance à la mairie de Dakar. Des fonds politiques, on peut les utiliser sans rendre compte. Mais une caisse d’avance, c’est de l’argent qu’on donne par avance. Mais les dépenses qui y sont effectuées doivent être justifiées après. Il y a beaucoup d’administrations qui bénéficient de caisse d’avance. Et c’est pour faciliter l’exécution de certaines dépenses urgentes. Mais quand vous exécutez ces dépenses-là, vous devez, après, les justifier.
Mais là, Khalifa Sall dit qu’il n’y a pas de justificatifs parce que tous ses prédécesseurs ont même emporté les documents d’archives ?
Je ne rentre pas dans… (il ne termine pas sa phrase). Encore une fois, si on cherchait à appliquer la loi dans toute sa rigueur, que le maire s’appelle Khalifa Sall, X, Y ou Z, il pourrait toujours être coincé.
La loi est quand même faite pour être appliquée non ?
La loi a un caractère général et impersonnel. Si les gens y voient de la politique, c’est parce que la loi, aujourd’hui, n’est appliquée qu’à Khalifa Sall.
En clair, il ne s’agit pas ici de reddition des comptes ?
Je ne pense pas. Je crois qu’on cherche à le distraire, à l’apeurer et à le faire taire.
Pour quelles raisons ?
Parce qu’on est à la veille d’élections. Dakar, capitale du Sénégal, est quand même un enjeu. Le pouvoir ne veut pas perdre Dakar et sait que Khalifa Sall y constitue une menace pour lui. Voilà, c’est l’explication que je donne.
Peut-on s’attendre alors à des négociations entre vous et Khalifa Sall pour les Législatives?
En tout cas, jusqu’au moment où nous parlons, il n’y en a pas eu.
Il y en aura ?
Je n’en sais rien. Je n’ai pas appelé Khalifa Sall et lui non plus ne m’a pas appelé pour en parler. Aujourd’hui, notre parti est dans une dynamique d’aller en coalition aux Législatives si c’est possible. Mais il est aussi prêt à y aller seul. Je ne cours derrière aucune alliance ni aucune personnalité. Nous devons prendre nos responsabilités au­s­si pour être prêts à prendre part à toutes les élections.
Quelle formule est la plus plausible : une coalition ou en solo ?
Non pour Ldr/Yeesal, nous avons un certain nombre de contacts avec des partis et des leaders politiques. Si c’est possible de bâtir une coalition électorale avec ces gens-là, nous n’allons pas dire non.
Vous parlez de Manko wattu Senegaal ?
Bien sûr, ces partis doivent être des partis de l’opposition. Que ce soit à l’intérieur de Manko ou en dehors, l’essentiel c’est que ces gens-là se réclament de l’opposition. Il est exclu, pour ces élections législatives, de nous mettre ensemble avec le parti au pouvoir.
Pour ces élections seulement ?
Non, on ne sait jamais. Je n’insulte pas l’avenir. Je ne vais pas vous dire ce qui va se passer après 2017, je suis un homme raisonnable et un homme politique. Donc, je parle du contexte. Pour les élections à venir, il n’est pas question, pour Ldr/Yessal, d’être sur une même liste que la coalition Benno bokk yaakaar.
Où en êtes-vous dans vos discussions avec Manko ?
Au niveau de Manko, je dois dire quand même, qu’il y a des partis qui souhaitent une large coalition de l’opposition. Il y a des partis aussi qui considèrent que ça peut être très difficile. Mais bon, les discussions sont en cours, on ne sait pas ce qui sera arrêté. En tout cas, en ce qui nous concerne, nous sommes pour l’unité de l’opposition pour faire face au pouvoir en place. Bien entendu, pas à tout prix, mais nous sommes d’accord pour que des discussions, des suggestions soient enclenchées dans le cadre de Manko wattu Senegaal pour arriver à bâtir une liste consensuelle pour faire face au pouvoir en place. Si tel est la volonté de la majorité des partis de Manko et si nous parvenons à y trouver la bonne formule Ldr/Yessal est partant.
Allez avec le Pds… ?
Ldr/Yessal ne peut pas aller aux Législatives avec le Pds seulement. Ce n’est pas possible ! Parce que quand même la plaie est encore béante. En revanche, une coalition Bokk gis gis, Rewmi, Gackou, Khalifa Sall, X, Y, ensemble sur une même liste, c’est possible. S’il y a Yessal, Pds, Rewmi, Bokk gis gis et tous les autres partis sous la bannière de Mankoo c’est possible.
Aujourd’hui, quelle est la situation de Yessal parce que depuis longtemps, on n’a pas trop entendu votre parti ?
Oui, parce que nous travaillions peut être discrètement, mais efficacement.
Vous étiez quand même en tournée ?
Voilà, je n’étais même pas au courant que vous étiez au courant de notre tournée, parce qu’on ne l’a pas médiatisée. Alors, nous avons obtenu notre récépissé le 21septembre 2016. Aujourd’hui, nous avons 7 mois d’existence légale, et avons quand même fait plusieurs déplacements à l’intérieur du pays. Et à partir de cette semaine, nous serons dans les départements du centre, comme Bambey, Fatick, Mbacké, Gossas. Et quand on terminera avec ces départements-là, on va prendre l’axe du nord. L’objectif avant les élections législatives, c’est de faire le tour du Sénégal pour d’abord présenter notre parti, ses symboles, sa philosophie, sa démarche, et faire de telle sorte qu’au moins les Sénégalais comprennent qu’il y a un taureau qui est entré dans l’enclos. Nous le disons souvent, Ldr/Yessal est une jeune formation politique, mais un grand parti politique. Rappelez-vous que lors des élections du Haut conseil des collectivités territoriales, nous n’avions pas encore de récépissé, mais y avions quand même participé.
Vous avez pris vos actions au Pds…
650 élus ont voté pour les listes Yessal sur les 3000 du Pds, de And jëf/Pads, de l’Ucs et toutes les autres formations politiques qui étaient dans leur coalition. Donc, c’est pour dire qu’individuellement, il n’y a aucun responsable du Pds qui peut peser autant que nous en électeurs ou en conseillers municipaux ou départementaux. Et pour nous, c’était important de le savoir et, depuis lors, il y a eu beaucoup de conseillers et d’élus qui nous ont rejoints.
Et des Réformateurs que vous avez perdus aussi. Le maire Baïdy Sèye, Khafor Touré, Mamadou Lamine Keïta…
Non, ils n’ont jamais été des militants de Ldr.
Oui, mais ils faisaient partie des réformateurs après la scission avec le Pds…
D’accord, mais il y a deux phases : celle des réformateurs avec le fameux mémorandum qui n’a rien à voir avec l’assemblée générale constitutive du parti. Donc, tous ceux qui n’ont pas pris part à l’assemblée générale du parti ne peuvent pas être considérés comme des membres de Yessal.
Fatou Thiam est-elle au­jour­d’hui membre de Ldr ?
Non, même Fatou Thiam n’est pas membre de Ldr /Yessal. Elle est député du Pds. Si elle était membre de Ldr, elle allait perdre son mandat de député.
Elle était parmi les frondeurs du Pds avec un siège à l’Assemblée ?
Oui, mais bon, il y a eu beaucoup de frondeurs. Khafor Touré, Abdoulaye Sow, Baïdy Sèye, etc., étaient des frondeurs. Mais ils ne sont pas devenus membres de Ldr.
Ah oui, Abdoulaye Sow, n’en faisait pas partie ?
Non, aucun d’entre eux n’a été là au moment de la création de Ldr, au moment de notre participation aux élections du Haut conseil des collectivités territoriales.
Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ?
Quand nous avons été exclus du Parti démocratique sénégalais, ces gens-là sont restés solidaires avec nous jusqu’au mo­ment où la majorité des réformateurs a décidé de créer un parti politique. C’est à partir de ce moment-là que certains se sont retirés. Je ne fais pas de commentaires sur leurs positions car ils sont libres de chercher d’autres voies. Toujours est-il que je garde d’excellentes relations personnelles avec toutes ces personnes que je viens de citer. Main­tenant, ceux qui ont cru à l’aventure sont restés. C’est le député Ababacar Bâ, l’ancien député maire de Khombole, le député Alioune Badara Souaré, ancien patron du Pds à Rufisque, l’opérateur économique Ab­dou­rah­mane Sylla, l’ancien directeur de la Pharmacie nationale d’approvisionnement, Pape Birame Ndiaye. Donc, énormément de jeu­nes, de femmes et d’élus qui ont décidé de poursuivre l’aventure avec le parti Ldr/Yeesal.
Considérez-vous au­jour­d’hui que les petites querelles entre Aïda Mbodj et Ou­mar Sarr vous donnent raison ?
Absolument ! (il se répète). Je crois que tous les observateurs avertis le diront.
Est-ce la personne de Oumar Sarr qui pose problème au Pds ?
Nous avions un problème avec nos frères du Pds, mais pas avec Me Abdoulaye Wade. Pour nous, Abdoulaye Wade est en dehors du jeu politique.
Pourtant il agit et donne des directives…
Abdoulaye Wade notre père spirituel, notre référence en politique, notre modèle. Nous avions des problèmes avec les autres enfants et fils de Me Wade. A un moment donné, nous avions dit qu’il faut renouveler le parti de la base jusqu’au sommet, reformuler les textes du parti qui datent du congrès de 1976 et dont certaines dispositions n’étaient plus valables, trouver un plan B à la candidature de Karim Wade au cas où il ne serait pas libre ou le serait dans certaines conditions, que le candidat ne doit pas être en même temps le secrétaire général du parti. Pour tout cela, on nous a dit non. A partir de ce moment, ils ont pensé que nous étions en train de fragiliser le parti, nous accusant même d’être envoyés par Macky Sall. Et ils ont commencé à nous combattre à l’intérieur du parti. Tous ceux qui étaient dans la fronde ont été dégradés ou même oubliés dans le Secrétariat national. Quand ils ont cherché à nous enlever de la présidence du groupe parlementaire, nous avons refusé. Je n’ai rien contre la dame (Ndlr : Aïda Mbodj) qui devait me remplacer. Mais quand même, quelles étaient les arguments scientifiques que la direction du parti aurait pu avancer pour le justifier ? Il faut dire que Aïda Mbodj a participé à la conférence qui a lancé la fronde. Donc, il fallait trouver un moyen de nous séparer elle et moi.
Qui a trouvé ce moyen ?
C’est le parti.
Le parti ou Wade ?
Le parti.
Pourtant, c’est lui qui a désigné Aïda Mbodj pour vous remplacer…
Wade est un père. Je ne parlerai de lui que du bien. On a refusé de céder la présidence du groupe parlementaire en s’appuyant sur le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et on a obtenu gain de cause.
Vous avez fini par céder aussi…
Écoutez, j’ai gardé le poste pendant un an jusqu’à la fin de mon mandat. Je me suis dit comme à la fin du mandat, j’étais déjà chef de file d’un parti politique ; donc officiellement et formellement, je n’étais plus du Pds.
On vous a accusé d’être de connivence avec le pouvoir. Quelles sont vos relations avec Macky Sall ?
Jusqu’à preuve du contraire ce sont de bonnes relations. C’est le président de la République de tous les Sénégalais. Ce qui est clair, c’est qu’aujourd’hui Modou Diagne Fada est dans l’opposition et travaille pour le renforcement de l’opposition, donc contre le programme mis en place par le régime de Macky Sall. Il n’y a pas de querelles crypto-personnelles. Je critique son gouvernement, son programme et sa démarche. Il y a des gens qui sont peut-être beaucoup plus agressifs que moi, mais pour moi, l’injure et l’insulte ne sont pas la meilleure façon de s’opposer. Il faut être réformateur dans tous les sens.
Vous voulez réformer quoi ?
Les institutions qui gouvernent le Sénégal, la façon d’agir quand on est au pouvoir ou dans l’opposition, promouvoir la morale et l’éthique en politique, ne pas mentir aux Sénégalais, ne pas promettre des choses qu’on ne peut pas tenir.
Sauf que réformer tout cela suppose que vous soyez président de la République. Etes-vous candidat à la prochaine Présidentielle ?
Nous n’en sommes pas encore là. Nous avançons sûrement, mais lentement. Pour le moment, ce qui nous préoccupe ce sont les Législatives de 2017 et comment faire pour avoir la victoire et montrer au Président Macky Sall que l’opposition, dans son ensemble, est majoritaire dans ce pays. J’en profite pour lancer un appel à mes collègues de l’opposition : le débat doit être est-ce que l’opposition peut avoir une majorité ou non. Parce que le mode de scrutin est tel qu’il favorise les partis au pouvoir. Il est dépassé d’ailleurs dans d’autres pays africains.
Mais là, c’est trop tard pour ces Législatives.
L’opposition l’a pourtant posé lors des rencontres avec le ministre de l’Intérieur, mais le pouvoir a refusé.
Me Wade aussi avait refusé ?
A chaque fois on le dit.
C’est important de le rappeler.
Si tout ce que nous avions fait était bon, nous serions encore au pouvoir. C’est parce que nous avons péché quelque part que nous avons été renvoyés dans l’opposition. Donc, Macky Sall ne doit pas faire ce que nous faisons, sinon il va lui aussi être renvoyé très rapidement dans l’opposition.
Est-ce que vous ne feriez pas ce que Pape Diop et autres avaient fait en 2012, en ayant leur liste et se mesurant au Pds que vous avez quitté ?
Nous sommes des hommes de défi, nous n’avons pas peur d’aller nous peser parce que nous avons de grandes ambitions politiques pour ce pays. C’est la raison pour laquelle nous sommes prêts, en l’absence de coalition, à y aller sous notre propre bannière.
Vous l’aviez fait lorsque vous étiez au pouvoir avec Waar-wi, pourquoi pas Waar-wi bis ?
Nous étions encore très jeunes en 2007. Nous devions faire face à notre propre père idéologique et à mon propre parti, celui qui m’a vu grandir. Nous l’avons quand même fait et avons obtenu trois députés et près de 80 000 voix. Aujourd’hui, à la tête d’une grande formation politique nationale, avec de hauts cadres qui sont partout dans l’administration, avec de braves femmes leaders, avec des jeunes dynamiques, des hommes et femmes politiques d’expérience, nous ne devons pas avoir peur d’aller seuls aux Légis­latives.
C’est possible de répliquer Waar-wi ?
Vous savez, Waar-wi en wolof, c’est un lopin de terre dans un grand champ. Aujourd’hui, Ldr/­Yeesal veut le tool (champ) lui-même.
Ministre de la Santé sous Wade, que pensez-vous de cette question de panne de la machine de radiothérapie ?
Je n’ai pas l’habitude de parler des départements que j’ai eu à gérer. Je n’ai pas envie de gêner mon successeur et les cadres du ministère de la Santé. C’est pourquoi de façon générale, les questions des départements que j’ai eu à occuper comme la Santé, l’Environnement, la Jeunesse, je préfère ne pas en parler.
C’est quand même important…
Oui bien sûr, mais c’est important aussi de rester homme d’E­tat. L’homme politique cherche toujours à exploiter en sa faveur des situations, à gérer sa carrière. L’homme d’Etat, lui, gère l’Etat. Je ne pense que ce soit une bonne chose qu’on parle de questions qu’on connaît trop bien.
Là vous rejoignez le Président Macky Sall qui dit qu’il y a des gens qui exploitent cette affaire à des fins purement politiques…
Non, pour moi, c’est plutôt une déclaration malheureuse. Il y a des choses, ce n’est pas au président de la République d’en parler. Son ministre de la Santé est suffisamment outillé pour en parler. Il ne faudrait pas aussi que tous les petits problèmes arrivent au Président. Ce n’est pas parce que ton ministère à plus de 100 milliards comme budget que tu peux payer une machine de radiothérapie. Par contre, je considère que le Président Macky Sall a bien joué son rôle dans la crise gambienne tout comme la Cedeao. Je rends hommage aussi à l’armée nationale qui a été extrêmement professionnelle puisque Yahya Jammeh est parti sans un seul coup de feu. Donc, chapeau pour cette question de la Gambie.
Vous ne diriez pas chapeau à la candidature de Bathily à l’Union africaine…
C’est un échec personnel pour le Président Macky Sall. Peut-être qu’il avait aussi un mauvais candidat parce quand même Abdoulaye Bathily… (Rires)
En quoi Bathily était un mauvais candidat ?
Je ne pense pas qu’il était un bon candidat.
Vous avez marqué la législature finissante avec cette parenthèse sur le groupe parlementaire des Libéraux et démocrates.

Qu’en avez-vous retenu ?
Bon, je précise que c’est ma 3ème législature. J’aurais bien souhaité qu’elle soit une législature bénéfique pour les populations, mais je suis au regret de dire qu’elle a été la plus faible de l’histoire parlementaire de notre pays.
Du point de vue du niveau des députés ?
Du point de vue des débats qui n’étaient pas très relevés, mais aussi du point de vue des réalisations. La seule réalisation pertinente, c’est la possibilité pour les députés de s’exprimer sur toutes les langues, même si c’est un projet qui était là depuis la 11ème législature. En dehors de ce point, il n’y a pas eu de commissions d’enquête parlementaire, presque pas de proposition de loi.
Une croissance économi­que de 6,7 %, qu’en dites-vous ?
Une croissance économique qui n’est pas tirée par les activités agricoles est «nulle» parce que les Sénégalais ne l’ont pas sentie dans le panier de la ménagère. Plus de 70% sont dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Mais ce taux de croissance dont on parle est tiré par des banques et les télé-services. En plus, la plupart de ces structures appartiennent à des étrangers. Sur cette base, on ne peut pas se prévaloir de cette situation pour dire que l’économie n’est pas morose mais rose.
En parlant d’agriculture, l’autosuffisance en riz est attendue pour cette année…
On nous avait promis l’autosuffisance alimentaire en 2017. Nous avons fini janvier et février, et il n’y a pas d’autosuffisance alimentaire. Et nous serons au mois de décembre, on ne verra pas d’autosuffisance alimentaire. En réalité, on a très tôt fait parler le président de la République.
Il a très tôt parlé…
Non, je parle en connaissance de cause. Ce sont les autorités chargées de ces questions d’agriculture qui lui ont vendu des chiffres et qui lui ont fait dire qu’il y aura une autosuffisance alimentaire en 2017. Main­tenant, on attend ses discours du 3 avril et du 31 décembre 2017. Il sera obligé de faire un wax waxeet (se dédire) encore.

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