Et Benno á l’épreuve de la gestion du pouvoir Macky entre frustrés et calculateurs

09 - Mars - 2018

La gestion du pouvoir n’est pas chose aisée. Elle donne lieu à des retournements de situations comme la transformation d’un allié proche en adversaire redoutable. Cette situation, tous les Présidents sénégalais l’ont connue. Léopold Sédar Senghor a dû emprisonner Mamadou Dia, Abdou Diouf avec le redoutable Jean Collin devenu chef de village avant sa mort, Abdoulaye Wade avec Idrissa Seck.

Macky a défenestré deux Premiers ministres influents.

L’un, Aminata Touré, militante de la première heure de l’Alliance pour la République (Apr) devenue ‘’Envoyée Spéciale’’, et l’autre, Abdoul Mbaye, un technocrate qui a dû investir le champ politique pour s’ériger en adversaire redoutable contre celui qui lui a permis de réaliser un rêve. Ces politiques sont loin d’être contents de leur sort, même si Mimi cache bien son jeu.

Il s’est débarrassé aussi d’un ministre des Affaires étrangères, Alioune Badara Cissé qui, après une période d’hibernation, a été nommé Médiateur de la République. Sa récente sortie en dit long sur son insatisfaction par rapport à la manière dont le pouvoir fonctionne.
Pendant ce temps, à Touba, après le départ de Serigne Fallou Mbacké Gallas Kaltum, qui a rejoint le Rewmi d’Idrissa Seck, l’Apr du Président Macky Sall a perdu Serigne Abdou Lahad Mbacké Ndoulo, du mouvement ‘’Takhawou Falaat Macky Sall’’ en 2019, et pour qui l’Apr ‘’est un parti qui ne se veut aucun avenir’’.

Tout récemment, c’est le leader de ‘’Fekke Mac Ci bollé’’, Youssou Ndour, qui a fait état de sa frustration alors que l’on sait qu’il bénéficie de beaucoup d’égards de la part de Macky, prenant même la place de Doudou Ndiaye Mbengue à ses côtés.

Ces frustrés en rejoignent d’autres comme Mbaye Ndiaye et des centaines d’apéristes qui disent, souvent tout bas, que Macky ne devrait pas promouvoir des transhumants à leur place.
En somme, l’eau a coulé sous le pont. En général, quand un parti est au pouvoir, l’on se garde bien de critiquer son leader au risque d’être banni et de perdre des avantages.

Aujourd’hui, le Président Sall n’a pas réussi à intégrer l’une des principales leçons de Machiavel : Susciter la peur chez les autres pour imposer son pouvoir.

Dans son parti Apr et au sein de son entourage, des voix discordantes n’ont jamais cessé de se faire entendre. Il n’y a pas de discipline de parti et la grande coalition Benno Bokk Yakaar n’est pas un exemple de stabilité et d’harmonie.

Une situation qui est aussi le prix à payer d’une situation d’informel dans la gestion et de l’Apr et de Benno. Ni le parti ni la coalition ne sont structurés. Arrivés trop rapidement au pouvoir, les apristes ont cru voir dans ce coup du destin, une forme d’efficacité. Pendant que les partis classiques n’ont rien gagné depuis 20 ans, leur résultat, qu’ils doivent à un jeu de circonstances, a été perçu comme une forme de bénédiction de leur démarche.

Or, il fallait, à notre avis, une formalisation du parti pour que l’on sache qui est qui. Ne l’ayant pas fait et ayant ouvert les portes par l’arrivée massive de transhumants, ils ont géré non pas un parti politique, mais un mouvement où tout gravite autour du leader.

Dans le même ordre d’idées, Benno a souffert du fait qu’il s’agit moins d’une coalition de partis que d’un club de leaders qui ne se sont pas beaucoup souciés des états d’âmes de leurs bases.
Conséquence, les principaux partis se sont fissurés pour beaucoup s’affaiblir.
Alors, à l’approche des élections, comme le font les syndicalistes, les alliés et partisans de Macky estiment que le moment est propice pour faire monter les enchères dans la perspective de positionnements avantageux.

Comme Macky sera moins disposé à sortir le bâton, les craintes vont se dissiper et les révoltes se préciser. S’il cède, l’effet domino pourrait se traduire par d’autres réactions en série dans les médias, comme cela commence à être le cas.

Or, Macky a plus besoin aujourd’hui d’unité et de fidélité qu’auparavant. Et comme ses partisans le savent, certains en profiteront pour davantage se positionner.

Et s’il ne sait pas gérer toutes ces contradictions, il aura difficilement un second mandat.

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