ETUDE – Contribuant à 5% du Pib : Les entreprises sociales manquent de cadre juridique

03 - Août - 2018

Les entreprises sociales contribuent au Produit intérieur brut (Pib) du pays à hauteur de 5% et polarisent plus de 350 mille emplois. Mais une étude menée par Legs Africa montre que le secteur souffre de l’absence d’un cadre juridique.
Au Sénégal, l’Economie sociale et solidaire (Ess) participe au Produit intérieur brut (Pib) à hauteur de 5%. Ce segment polarise également plus de 350 mille emplois, en particulier des femmes et des jeunes. Mais paradoxalement, le secteur reste dépourvu de cadre juridique. C’est ce que révèle une étude sur les entreprises sociales au Sénégal. Menée par le Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (Lartes) sur une initiative de Leadership, éthique, gouvernance, stratégies pour l’Afrique (Legs Africa), l’étude restituée hier à Dakar a permis d’éclairer le rôle de ces entreprises dans le tissu économique sénégalais. «En matière de développement humain et d’insertion socioéconomique, il est apparu que l’entreprise sociale est un puissant outil d’insertion sociale par l’emploi en particulier pour les femmes, les jeunes et les personnes vulnérables qui se trouvent assez éloignés du marché de l’emploi», conclut l’étude du Lartes, menée dans quatre régions du pays, à savoir Dakar, Thiès, Kaolack et Fatick. «Les résultats laissent apparaître que l’entreprenariat social est non seulement un complément nécessaire à l’économie purement marchande sans être nécessairement une concurrente, mais aussi constitue un grenier d’emplois.»
Le taux de chômage moyen de 20,5% affiché par le Sénégal en 2016 cache de grandes disparités entre les hommes et les femmes, avec respectivement 12,6% et 29,9%. Globalement, l’étude montre que les entreprises sociales sont relativement jeunes et évoluent dans des secteurs innovants et emploient essentiellement des jeunes et des femmes. «L’étude montre que l’apport de l’entreprenariat social au développement humain et à l’insertion socioéconomique au Sénégal est indéniable. Son rôle dans la lutte contre le chômage structurel de longue durée peut être déterminant, car il permet d’intégrer plus facilement les personnes éloignées du marché du travail d’une façon ou d’une autre», souligne le document. Selon le président de Legs Africa, Elimane Kane, cette étude est une contribution que Legs Africa peut faire dans un contexte où on se rend compte qu’au niveau de l’économie globalisée, il y a des difficultés énormes à prendre en charge les préoccupations des populations, surtout les plus vulnérables.
A ce niveau, l’absence d’un cadre juridique freine les activités des Ess. «A partir de cette étude, on peut contribuer à ce que ce cadre juridique soit reformé et pourquoi pas aller vers un statut qui intègre l’économie sociale solidaire avec des implications sur la situation de l’entreprise, la fiscalité et autres», plaide M. Kane. Ainsi, l’étude recommande une reconnaissance juridique de l’entreprise sociale, permettant du coup de circonscrire le secteur. Il convient également de mettre en place une fiscalité adaptée pour ces entités, en pratiquant une exonération sur les 5 premières années, suggère l’étude. De même, pour apporter une solution au problème du financement, l’étude propose des modèles alternatifs comme le crowfunding ou la finance islamique.
En outre, les chercheurs du Lartes proposent l’instauration d’un label «Entreprise sociale». Mais le gros chantier autour de ces entreprises reste leur caractérisation. «Il faut qu’on s’entende sur le sens de l’Ess. Il y a beaucoup d’approches, mais qu’est-ce que ça veut dire au Sénégal, dans notre contexte culturel, c’est ce que nous essayons de convenir ensemble», souligne M. Kane. De façon simple, il explique qu’une entreprise solidaire se définit comme ayant une pratique économique qui a un impact social réel et qui prend également en compte les questions liées au développement durable et à l’équité.

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